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Justice

Agriculture: le gouvernement vole au secours de la cellule Demeter

Les ministres de l’Agriculture et de l’Intérieur ont fait appel de la décision de la justice qui avait demandé au gouvernement de mettre fin à l’activité de lutte contre l’«agribashing» de cette cellule de la gendarmerie, au grand dam des ONG écologistes.

Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, à l’Elysée le 9 février. (Ludovic Marin/AFP)

par LIBERATION et AFP publié le 22 février 2022 à 11h08

Darmanin et Denormandie n’en démordent pas : ils feront tout pour que la très critiquée cellule Demeter perdure. Les ministres de l’Intérieur et de l’Agriculture ont annoncé lundi faire appel de la décision du tribunal administratif de Paris qui avait enjoint fin janvier au gouvernement de mettre fin à certaines activités de cette cellule de la gendarmerie chargée de lutter contre la délinquance dans le monde agricole.

La justice administrative avait estimé que la prévention d’«actions de nature idéologique» menée par Demeter ne reposait sur «aucune base légale», et avait demandé au gouvernement de faire cesser ces activités dans un délai de deux mois, sous peine d’une astreinte de 10 000 euros par jour. La cellule est censée protéger les agriculteurs de l’«agribashing», néologisme né en 2016 et principalement porté par la FNSEA qui désigne les critiques envers certaines pratiques agricoles.

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Pour justifier l’appel, les deux ministres ont insisté dans un communiqué commun sur «l’importance» de cette cellule et se félicitent de ses «très bons résultats». Ils citent notamment la baisse de «8 %» des «vols de véhicules dans les exploitations agricoles en 2021» et de «7 %» des dégradations «par rapport à 2020».

«Graves atteintes à la liberté d’expression»

Demeter, du nom de la déesse grecque des moissons, avait été créée en 2019 au sein de la gendarmerie nationale dans le cadre d’une convention avec le syndicat agricole majoritaire FNSEA et sa branche des Jeunes Agriculteurs. Elle a pour objet de lutter contre les actes crapuleux ou criminels (vol de gazole, de tracteurs, dégradations), mais aussi de prévenir «des actions de nature idéologique», allant des «simples actions symboliques de dénigrement» à «des actions dures», selon le document de présentation du ministère de l’Intérieur.

C’est ce dernier aspect qui était attaqué par des associations environnementales et antispécistes, dont L214 : les ONG dénonçaient des «intimidations» et de «graves atteintes à la liberté d’expression». Après la décision du tribunal administratif, le gouvernement avait d’abord dit «prendre acte» de la fin de certaines activités de Demeter et annoncé que sa mission dans la lutte contre la délinquance agricole serait «précisée et cadrée dans un nouveau texte d’organisation interne».A lire aussiTRIBUNE

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Pour Brigitte Gothière, cofondatrice de L214, ce pourvoi en appel des ministres est d’abord «un signal envoyé aux syndicats agricoles majoritaires, à quelques jours du Salon de l’agriculture». Pour elle, ce «n’est pas un hasard du calendrier». «Nous nous retrouverons donc de nouveau au tribunal», a-t-elle ajouté, dénonçant «une volonté de criminaliser des mouvements légitimes qui remettent en question des modèles agricoles, qu’il s’agisse d’élevage, du recours aux pesticides…»

Et d’ajouter : «Le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation oublie l’intérêt général. On a des urgences climatiques, éthiques, sanitaires, économiques, un monde agricole en faillite, et les réponses sont inadaptées.»

Gérald Darmanin

Source : www.liberation.fr

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