Le directeur de la Gendarmerie « déçu » par le choix de la Cupra Leon pour les brigades rapides d’intervention
PAR LAURENT LAGNEAU · 13 OCTOBRE 2020
De nos jours, ce n’est pas parce que l’on choisit une marque française que l’on aura la certitude de rouler à bord d’un véhicule fabriqué en France. Ainsi, le constructeur japonais Toyota produit une partie de ses voitures en France [à Valenciennes, ndlr] tandis que Citroën a délocalisé partiellement sa production en Espagne. Peugeot et Renault en ont fait de même [en Slovaquie pour la 208, en Slovénie pour la Twingo]. Et encore, on ne parle pas de l’origine des pièces détachées… ou encore des actionnaires.
Cela étant, il existe un label « Origine France Garantie ». Et pour l’obtenir, il faut qu’au moins 50 % de la valeur d’un produit soit générée en France. Selon CnetFrance, Peugeot et Citroën [de même que Toyota] l’ont demandé pour certains de leurs modèles. Renault s’y est refusé, en faisant valoir que « française depuis plus de 115 ans, l’entreprise n’a pas le sentiment de devoir prouver sa nationalité », a fait. »
Cet aspect n’est pas à négliger. Selon un sondage de l’IFOP réalisé en 2018, 59% des Français regardent le pays de fabrication avant d’acheter, considérant que cela participe au maintien de l’emploi en France, soutient les entreprises et préserve les savoir-faire nationaux. Et « trois quarts des Français [74%] seraient même prêts à payer plus cher pour un produit » fabriqué en France. A fortiori quand il s’agit d’un achat aussi important que peut l’être celui d’une voiture. Et s’ils sont prêts à cela, ils ne peuvent qu’être attentifs aux choix faits par l’État pour équiper ses administrations.
Ce qui donne lieu, parfois, à des interrogations, voire des polémiques, quand un marché est attribué à un constructeur étranger. Comme on l’a vu au moment de la commande de 1.000 véhicules Ford Ranger pour l’armée de Terre, en 2015… Le choix de la Gendarmerie de se procurer, pour ses Brigades rapides d’intervention [BRI], 17 voitures Leon CUPRA auprès du groupe espagnol Seat n’a cependant pas fait autant de vagues. Pour le moment, du moins.
En effet, lors de l’audition du général Christrian Rodriguez par la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale, le 7 octobre, le député Yannick Favennec Becot a fait par de « sa déception » au sujet du choix en faveur « d’un véhicule catalan » pour équiper les BRI d’ici la fin de cette année.
« Après les Alpine Berlinette, les Matra [Djet 5S], les Alpine 310, les Citroën SM, les Peugeot 405 TI16, les Renault 21 Turbo et autres Megane Sport, nos gendarmes d’apprêtent à sillonner nos autoroutes à bord de 17 Seat CUPRA Leon », a dit le député, oubliant au passage que les BRI furent aussi équipés de voiture Subaru Impreza, qui leur donnèrent beaucoup de soucis… Mais pour M. Favennec Becot, le « choix aurait pu se porter sur la nouvelle Alpine A110 ou encore la Peugeot 308RC ». Aussi a-t-il demandé au général Rodriguez de s’expliquer sur le choix en faveur du constructeur espagnol ainsi que sur les raisons pour lesquels aucun véhicule français n’a pu s’imposer.
Le DGGN a fait une réponse… déroutante. « J’ai eu la même réaction que vous quand j’ai découvert, tardivement d’ailleurs, qu’on aurait des Seat CUPRA », a-t-il dit, laissant ainsi paraître sa « déception ». Après, a-t-il ajouté, avec les règles de passation de marché, désormais au niveau européen, « on ne fait plus comme on faisant avant. » Reste que le modèle espagnol a été retenu parce qu’il répondait à un cahier des charges précis.
Cela étant, il n’est a priori pas question d’aller au-delà de 17 Seat CUPRA… alors que les BRI utilisent une cinquantaine de voitures rapides d’intervention. « L’objectif est d’aller vers des véhicules qui soient le plus propre possible » et « il est très vraisemblable que l’on passe un autre marché pour compléter le parc avec des véhicules hybrides », a affirmé le général Rodriguez. « Après, sur les modèles hybrides, je sais que les Français fabriquent d’excellentes voitures hyper-performantes », a-t-il continué.