Laval : la gendarmerie nationale inaugure une nouvelle salle « Mélanie » pour les victimes mineures
Par Armêl Balogog, France Bleu Mayenne
Mercredi 14 juin 2017 à 17:07
La gendarmerie nationale de Laval a souhaité se doter d’une salle adaptée aux enfants victimes pour les aider à raconter ce qu’ils ont subi. La salle dite « Mélanie » a été inaugurée mercredi 14 juin.
Un mur couleur vert pomme. Des posters de Batman et des Minions. Un dessin de Blanche Neige. Des livres pour enfants. Des jeux de société. Un canapé, une table basse et un tapis Star Wars. Et aussi un tapis de jeu pour les tout-petits.
La salle « Mélanie » de la gendarmerie nationale de Laval ressemble à une salle de jeu ou à une salle d’attente dans un cabinet médical. Mais il s’agit bien d’une salle d’audition pour les mineurs victimes d’agressions, notamment sexuelles.
Des jouets utiles aux enfants pour témoigner
« On y a mis un peu de cœur », confie le Major Perriot, de la brigade départementale de renseignements et d’investigations judiciaires. Les gendarmes ont donné certains des jouets, d’autres sont neufs. Ils croient tous au bienfait de ce type de salle.
On s’adapte à eux, ce ne sont pas les enfants qui s’adaptent à nous. – Major Perriot
Malgré les apparences, tous les jouets – ou « éléments techniques » – de la salle ont une utilité dans l’audition des mineurs victimes. Chaque jouet « peut être un élément déclencheur pour donner à l’enfant l’envie de dire ce qu’il a vécu, surtout pour les tout-petits. Ça peut être la poupée, ça peut être une maison, ça peut être une chaise ».
Les peluches, de forme humaine ou animale, servent notamment aux victimes à montrer ce qu’ils ont subi, où ils ont été touchés. La cuisinette peut servir à montrer ce qu’ils ont vu, s’ils ont été témoins d’une infraction.
Des auditions filmées
Pendant son audition, le mineur est enregistré et filmé. Les micros sont placés dans le plafond de la salle. Une caméra mobile est accrochée à un mur. Elle peut être dirigée depuis une salle d’observation, donnant sur la salle d’audition par une vitre sans tain. C’est de là aussi que les gendarmes peuvent observer la gestuelle de la victime pendant l’interrogatoire.
L’intérêt de l’enregistrement est de ne pas avoir à répéter plusieurs fois leurs déclarations ou à comparaître devant un tribunal. Difficile à trois ou quatre ans. « C’est déjà très compliqué pour un adulte, donc vous imaginez pour un enfant qui a été victime… », commente le Colonel Bièvre.
Tout est fait pour faciliter l’accueil du mineur victime. – Colonel Bièvre
Le Colonel explique également que les accompagnateurs des jeunes victimes attendent dans une troisième salle, afin de rester à proximité des enfants, sans pour autant influencer ou perturber les auditions par leur présence.
Des salles « Mélanie » pour ne pas traumatiser les enfants
Ce type de salle a été popularisé par la loi du 17 juin 1998, qui prend en compte le traumatisme que peut occasionner une audition sur un jeune.
Auparavant, la gendarmerie nationale de Laval avait déjà un peu adapté une pièce, mais sans tous les jeux et l’ensemble de trois salles – pour les accompagnateurs, d’observation et « Mélanie », du nom de la première fillette dont l’audition a été filmée.
Selon le procureur de la République de Laval, Guirec Le Bras, « cet outil permet de renforcer la qualité des auditions qui sont fondamentales dans cette matière puisqu’on est souvent dans des affaires qui sont « parole contre parole ». Et la sincérité de la parole d’un enfant, parfois, peut faire basculer les barrières de certains auteurs de crime ».
Entre janvier et mai 2017, 16 auditions de victimes mineures ont été filmées. 65 au total en 2016 et 70 en 2015.