Tribune. Présentée par « plusieurs médias gauchisants comme exceptionnelle », l’agression d’une policière à Champigny la nuit de la Saint-Sylvestre est en fait « lamentablement banale », estime Kevin Bossuet.
Il a fallu qu’une policière se fasse rouer de coups par plusieurs dizaines d’individus, à Champigny-sur-Marne, lors de la soirée de la Saint-Sylvestre, et que la vidéo soit diffusée sur internet, pour qu’aussitôt la machine médiatico-politique s’embraye. Il faut dire que cette agression d’une immense violence a de quoi choquer. C’est plus qu’une femme qui a été tabassée, c’est une représentante de l’Etat qui a été lynchée et humiliée ! Même le président de la République, pressentant l’émoi que cette affaire allait susciter, n’a pas hésité au détour d’un tweet à soutenir la policière martyrisée. Il faut dire que l’occasion était trop belle pour ne pas tenter de récupérer une affaire pouvant lui faire gagner, à coup sûr, quelques points dans l’opinion. On reconnait bien là Emmanuel Macron !
Cette affaire, qui nous est honteusement présentée par plusieurs médias gauchisants comme exceptionnelle, n’est en fait que lamentablement banale. Encore vendredi dernier, à Argenteuil, on apprenait que des dizaines de personnes ont pris à partie deux policiers dont l’un a eu la main fracturée. Il ne faut en effet pas être grand clerc pour savoir à quel point, à certains endroits, beaucoup de policiers vivent un véritable enfer ! Ah, il est bien loin le temps où, peu après les attentats de Charlie Hebdo ou du Bataclan, on arpentait les rues pour remercier nos forces de l’ordre. L’émotion populaire est désormais retombée, nous voilà de retour à la réalité !
Entre les insultes incessantes et les agressions physiques répétées, la tension et le niveau de défiance ont déjà depuis plusieurs années dépassé la limite du tolérable. Les forces de l’ordre sont en effet devenues, dans certains quartiers, les souffre-douleurs d’une population en déshérence. Les chiffres parlent d’eux-mêmes ! En 2016, d’après l’Observatoire de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), 18 721 policiers et gendarmes ont été blessés en mission de police ou durant les heures de service. Chez les gendarmes, environ la moitié des blessures en mission sont la conséquence d’une agression. Quant aux policiers, le nombre d’agents blessés par une arme est passé de 430 à 687 en un an, ce qui représente 12% des 5 767 policiers blessés « en mission ». Comme le souligne très bien Christophe Soullez, le directeur de l’ONDRP : « l’augmentation du nombre d’agressions sur des policiers ou des gendarmes en service actif est une tendance qui s’inscrit sur le long terme ». Par conséquent, quoi qu’en disent certains bien-pensants, l’affaire de Champigny est tout sauf anecdotique !
Délaissés financièrement par l’Etat, nos gardiens de la paix le sont aussi par leur hiérarchie
Cette tragique tendance serait pour les forces de l’ordre un peu plus supportable, si elles avaient réellement les moyens de travailler dans de bonnes conditions. Or, entre le manque de personnel, les heures supplémentaires qui se multiplient et qui ne seront jamais payées, les horaires versatiles ayant souvent des conséquences gravissimes sur la vie familiale, ou encore le matériel ainsi que les locaux de plus en plus obsolètes, c’est bien aussi du manque de moyens dont souffrent ces agents. Mais bon, il n’y a plus d’argent nous dit-on ! Bien évidemment, ma bonne dame ! Quand il s’agit d’arroser de subventions sociales tout un quartier dont beaucoup d’habitants sont des aficionados à la fois du travail au noir et des minimas sociaux, il y en a ; mais quand se pose la question d’améliorer les conditions d’exercice de nos gendarmes et de nos policiers, la gabegie budgétaire n’est alors plus au rendez-vous ! Il faut dire qu’électoralement parlant, c’est subitement beaucoup moins intéressant…
Délaissés financièrement par l’Etat, nos gardiens de la paix le sont aussi par leur hiérarchie qui, à la moindre faute ou à la moindre erreur, n’hésite pas à les clouer au pilori. Vous comprenez bien, les policiers doivent tout supporter sans broncher, doivent subir toute la journée les plus insidieuses humiliations sans jamais riposter, doivent essuyer les plus odieuses agressions sans jamais répliquer, et au moindre écart comportemental, c’est la machine à broyer les carrières qui se met à démarrer ! Que nos forces de l’ordre tendent vers l’exemplarité, c’est ce qu’on leur demande et c’est bien normal ; mais qu’on les laisse se dépatouiller seules sur les dalles malfamées des cités dans lesquelles plus personne ne veut entrer, en exigeant d’elles un comportement toujours irréprochable, relève au mieux d’une désastreuse naïveté, au pire, d’une savoureuse perversité. A l’impossible, nul n’est tenu, même pas ceux qui, par conviction et par vocation, ont fait le choix de servir, avec force et honneur, leur nation !
Car, derrière ces agressions et ces attaques, c’est bien le renoncement de l’Etat à faire respecter sur certaines parties du territoire ses lois, ses valeurs et ses principes, que payent aujourd’hui les policiers. C’est bien une population laissée entre les mains de délinquants, de trafiquants de drogue, et d’imams salafistes, avec laquelle ils doivent composer. Le mot d’ordre est simple : gérez comme vous pouvez, mais faites en sorte de contenir au maximum des quartiers qui sont au bord d’imploser, luttez contre les délinquants tout en les ménageant, afin qu’ils ne se transforment pas en terribles émeutiers ! C’est bien d’une funeste abnégation dont il est ici question !
L’Etat doit miser sur l’exemplarité des peines
Or, les solutions, on les connaît ! Il faut casser ces quartiers, il faut dynamiter les grands ensembles qui sont devenus avec le temps des repaires de bandits et d’apprentis délinquants, il faut nettoyer une par une les cages d’escalier, qui se sont transformées en plaques tournantes du trafic de stupéfiants. Plus facile à dire qu’à faire, me direz-vous, tant l’Etat n’a plus aucune prise sur ces territoires qui sont prêts à s’enflammer à la moindre étincelle, et qui sont devenus techniquement et politiquement très compliqués à réformer !
Alors, en attendant, durcissons au moins la loi ! Faisons en sorte de punir beaucoup plus sévèrement les délinquants, et notamment ceux qui s’en prennent ouvertement à nos gendarmes et à nos policiers. Orientons-nous clairement vers une politique de peines planchers ! Face à des sauvageons baignant dans un sentiment d’impunité, ainsi qu’au laxisme idéologique des serviteurs de notre trop bienveillante justice, elles constituent assurément une solution ! L’Etat doit en effet se montrer intransigeant vis-à-vis des délinquants et ne doit pas hésiter à miser sur l’exemplarité des peines. Car, soyons-en convaincus, là où l’Etat est faible, ce sont les incivilités, la criminalité et le communautarisme sur fond d’islamisme qui progressent ; et donc la République et le vivre-ensemble qui s’émiettent !
Dans ces conditions, ne pas soutenir nos gendarmes et nos policiers est patriotiquement parlant une effroyable trahison ! Loin des caricatures dont on les affuble constamment, les gendarmes et les policiers sont d’abord et avant tout des femmes et des hommes qui se sont engagés au service de la France et qui, tous les jours, au péril de leur vie, font tout pour assurer notre sécurité, font tout pour faire respecter notre droit à la sûreté et à la tranquillité. Ils méritent de ce fait notre admiration et notre plus grand respect. Alors oui, n’hésitons pas à venir à la rescousse de notre valeureuse police quand elle est injustement attaquée, n’hésitons pas à exprimer ouvertement notre respect et notre amour pour elle tant sa mission est vitale pour notre pays. Car, oui, soyons en assurés, dans un contexte de délitement de l’autorité étatique et de risque permanent d’attentats terroristes, soutenir la police et lui témoigner notre affection, est devenu un véritable devoir civique !