La ministre des armées Florence Parly dévoile son « Plan Famille »
Le Plan Famille contient 12 mesures phares pour répondre aux contraintes des familles de militaires. Parmi les actions : des ordres de mutation édités cinq mois avant la date d’affectation, des aides pour les soldats séparés et une augmentation des offres de garde d’enfants.
La ministre des armées Florence Parly doit présenter mercredi 1er novembre le « Plan d’accompagnement des familles et d’amélioration des conditions de vie des militaires 2018-2022 », dit « Plan Famille », que La Croix dévoile en avant-première.
La feuille de route en avait été fixée le 20 juillet par le président de la République Emmanuel Macron pour répondre aux « contraintes des familles » par des « mesures concrètes » dans les « affectations et décisions du quotidien ».
« 70 % des actions seront mises en œuvre dès 2018 »
La liste des sujets de préoccupation était longue. Des questions de mobilité, d’hébergement, d’emploi, de garde d’enfants et d’accès au numérique, aux problématiques reflétant des évolutions sociétales : travail des deux parents, célibataires géographiques, familles monoparentales, pères et mères divorcés ou séparés. Le plan est censé répondre à ces multiples attentes, dans un contexte de sollicitation élevée des militaires depuis les attaques terroristes de janvier 2015, en particulier dans le cadre de l’opération Sentinelle.
Le document d’une quarantaine de pages est articulé autour de « 6 axes » et « 12 mesures principales », dont « 70 % des actions seront mises en œuvre dès 2018 » et « 50 % pourront s’appliquer au personnel civil du ministère des armées ».
L’ensemble représentant « 300 millions d’euros de crédits nouveaux sur cinq ans », affirme le ministère des armées, insistant sur le travail de « concertation » qui a entouré l’élaboration du dispositif. Un responsable devrait être nommé prochainement afin d’en assurer le suivi, l’évaluation et l’adaptation.
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L’allongement du préavis de mutation s’appliquera dès le 1er janvier
Le plan comprend à la fois des « mesures lourdes », comme l’augmentation du parc locatif de la défense de 660 logements de 2018 à 2020, et des « mesures de simplification », telles l’établissement d’une « procuration type » pour faciliter les démarches administratives ou l’expérimentation d’un portail digital unique rassemblant les dispositifs d’aide sociale.
Réclamé par les familles parce que déterminant toute leur organisation, un allongement du préavis de mutation s’appliquera au 1er janvier prochain. Objectif : « éditer les ordres de mutation cinq mois avant la date d’affectation pour 80 % des militaires », les envoyer directement au domicile des intéressés et communiquer « la durée prévisible d’affectation ».
En parallèle, le dispositif actuel de déménagement devrait être amélioré à partir de 2019, avec un système sans avance de frais, exonérant le militaire de la recherche d’un déménageur.
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Un « portail numérique du blessé »
Autre motif de préoccupation, les offres de gardes d’enfant seront augmentées, avec une hausse de 20 % du nombre de places en crèches – 240 créées en 2018 – pour atteindre 2 556 places en 2022. Les soldats séparés avec un ou plusieurs enfants pourront recevoir, pendant une période de transition, des aides financières « à hauteur de deux nuitées deux fois par mois » pour accueillir leurs enfants.
Pour épauler les familles de blessés ou endeuillées, un « portail numérique du blessé » devrait être mis en place et « l’accès au soutien psychologique existant » facilité, « avant, pendant et après les missions opérationnelles ».
Après l’organisation et l’information, les familles mettent aussi en avant le besoin de rester en contact avec les militaires, sur le terrain ou en garnison. « Un accès au réseau Internet Wi-Fi gratuit sera déployé en tout temps et en tout lieu, dans toutes les enceintes militaires et en opérations, lorsque le contexte opérationnel le permet », garantit le ministère des armées.
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Florence Parly surveille ce sujet comme « le lait sur le feu »
La ministre des armées Florence Parly a affirmé mardi 30 octobre à La Croix que, dès les premières semaines qui ont suivi sa nomination, le 21 juin 2017, il lui avait paru « important de prendre à bras-le-corps la condition de vie militaire et les conditions de vie des familles de militaires ». Car, a-t-elle argumenté, « nous avons un enjeu de fidélisation » des personnels des armées.
« J’ai voulu m’appuyer sur les demandes et les perceptions du terrain, dans mes échanges avec les militaires eux-mêmes et leurs conjoints. Ce qui a permis de baliser et corriger certaines mesures. » Pour Florence Parly, le plan « répond aux besoins d’une société moderne » et à « des problèmes extrêmement concrets de conciliation entre vie familiale et vie professionnelle qui n’épargnent pas les militaires ».
« Je veux des effets tangibles d’ici à la fin de 2018, a-t-elle conclu. C’est cela que je surveillerai comme le lait sur le feu. »