La gendarmerie quitte Saint-Angeau
La gendarmerie est officiellement fermée depuis hier. Les trois militaires ont rejoint la brigade de Mansle. Le maire se fait une raison. Des habitants regrettent.
Ils passaient devant chez nous, ils s’arrêtaient. « Alors, ça va Raoul? » On avait besoin de quelque chose, on sautait à la gendarmerie, ils nous renseignaient. On avait une bonne relation. Ça nous rassurait. » À 82 ans, Raoul Chaban a « connu tous les gendarmes qui sont passés par Saint-Angeau ». Aujourd’hui, il voit les trois derniers rejoindre la brigade de Mansle avec une pointe de nostalgie (1). La fin d’une époque. « La fin de la tranquillité » pour l’octogénaire qui évoque, avec un brin d’inquiétude, le cambriolage de son « voisin il y a trois ans ». « Maintenant qu’ils ne sont plus là, ça va être pire », anticipe le vieil homme.
« Meilleure couverture »
« Il y avait sûrement un service de garde dans la journée, sinon dans le village, on ne les voyait jamais », rectifie Raphaëlle, depuis « un an » à Saint-Angeau. « Il faut essayer d’être le plus au service du public, une brigade nécessite un accueil. Or à trois, c’était difficile d’assurer l’accueil et la présence sur le terrain », explique un gendarme.
Le rattachement à Mansle (11 personnes) doit permettre « une meilleure couverture de la circonscription de Saint-Angeau » (2). L’argument a convaincu le maire, Jacques Bourabier. « On m’a promis plus de visites, plus de tournées et plus de proximité. On est un secteur assez calme. Il fallait que ça arrive. Ça fait cinquante ans que c’est dans les tuyaux », reconnaît le premier magistrat, fataliste. Installée depuis 1883 dans le bourg avant de déménager au début des années 80 dans une construction neuve, la gendarmerie était en sursis.
« Il y a une quinzaine d’années, on avait bloqué l’avenue de la gare à Angoulême avec les élus pour la sauver. Aujourd’hui, cela aurait été un coup d’épée dans l’eau. On va regretter nos gendarmes, même si on ne les voyait pas beaucoup »,soupire Gigi, patronne du café de Saint-Angeau depuis quarante-deux ans. « La présence des forces de l’ordre, ç’a toujours un impact. Ils viennent prendre des nouvelles. Cela a un effet dissuasif », confirme Lionel Bourdeau, le boulanger, qui vient d’apprendre, comme sa voisine, la fermeture de la gendarmerie.
Que deviendront les locaux, le rez-de-chaussée et les cinq logements? Le conseil général, propriétaire du bâtiment, l’a confié par bail à la Société nationale immobilière (SNI), filiale de la Caisse des dépôts. Il n’a pas encore été informé de sa volonté de rendre le bien.
Quand ce sera le cas, le Département, comme il l’a fait précédemment pour les gendarmeries de Chasseneuil et Confolens, demandera aux collectivités locales (commune et CDC) si elles sont intéressées par l’achat. « On n’a pas vocation à garder ou à entretenir ce patrimoine », indique Bernard Rigaud, directeur des services.
(1) La communauté de brigades de Mansle (11 gendarmes) couvre 44 communes avec Montignac (7 gendarmes).
(2) La circonscription de Saint-Angeau regroupait 11 communes: Cellefrouin, Coulgens, Jauldes, La Rochette, Saint-Amant-de-Bonnieure, Saint-Angeau, Saint-Ciers-sur-Bonnieure, Sainte-Colombe, La Touche, Valence et Ventouse.
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