JMPP : il réalise l’impossible à vélo
9 septembre 2019 – Par la capitaine Sophie Bernard
L’adjudant Stéphane Langlois, gendarme et cycliste hors pair, a de nouveau été sacré champion du monde de triathlon relais, cet été, lors des jeux mondiaux des policiers et pompiers (JMPP) organisés en Chine, alors même qu’il est atteint d’une spondylarthrite. Portrait d’un champion …
Il est l’exemple même de la ténacité : Stéphane Langlois, 51 ans, a renouvelé son exploit de 2017, en remportant de nouveau cette année la médaille d’or en triathlon relais, lors des jeux mondiaux des policiers et pompiers qui se sont déroulés en Chine, et ce, malgré une maladie touchant notamment ses articulations. Une victoire qui signifie donc beaucoup pour lui, mais aussi pour tous les autres malades à qui il veut envoyer un message d’espoir.
Le vélo pour oublier la maladie
Avant même d’entrer en gendarmerie, l’homme était féru de vélo et disputait déjà des compétitions au niveau national. Une fois entré dans l’Institution, ce passionné par nature doit pourtant mettre son amour du cyclisme entre parenthèses pendant plusieurs années. Affecté à la brigade de Massy (91) durant sept ans, il se consacre pleinement à son métier de gendarme.
En arrivant à la brigade de recherches de Saint-Nazaire (44) en 2000, il souffre de douleurs dans les articulations et enchaîne les examens et rendez-vous médicaux sans que les spécialistes ne trouvent d’explications. Il faudra près de cinq ans avant que le diagnostic ne tombe : il souffre d’une spondylarthrite ankylosante, touchant la colonne vertébrale et irradiant dans les articulations. Une maladie peu connue, impossible à guérir, dont on peut seulement réduire les douleurs à l’aide d’un protocole de soins très lourd.
Pourtant, très vite, l’adjudant Stéphane Langlois remonte en selle, caressant même l’idée de concourir au championnat de France militaire. « Le fait de reprendre était une nécessité pour moi, alors que les médecins me disaient : » il ne faut plus rien faire » ». Le vélo lui procure un certain bien-être, malgré la douleur, et lui permet d’évacuer sa rage et sa souffrance. Alors il poursuit malgré la désapprobation des spécialistes. « Je prenais tellement de médicaments que j’avais aussi, d’une certaine façon, le sentiment d’éliminer les toxines de cette manière. »
Un mental de champion
Au bout de sept ans de traitement, son corps s’est habitué aux médicaments et il ne peut presque plus marcher. Il décide alors d’arrêter les médicaments et de tenter une biothérapie, bien que cela soit encore au stade de l’étude, coûte cher et ne soit pas forcément efficace sur tous les malades. Dans le même temps, il arrête de cacher sa maladie au travail et d’appréhender pour son avenir sur le terrain en gendarmerie.
Encouragé par ses camarades, il continue de s’entraîner intensivement sur son vélo et constate qu’il garde ainsi le moral et une certaine souplesse. Alors, quand un ami lui propose de tenter les jeux mondiaux des policiers et pompiers de 2017, à Los Angeles, en triathlon relais, il accepte et se plie à un programme d’entraînement spécifique qui l’emmène vers la victoire et une médaille d’or.
Rigoureux, il effectue le tour du Mont-Blanc à vélo l’année d’après, « pour avoir une base de fond », mais aussi pour le symbole : « mon père avait fait l’UTMB à pied après avoir eu ses deux cancers. »
Avec la ténacité ancrée dans ses gènes, il retourne donc l’été dernier disputer les JMPP en Chine. Accompagné de sa famille et de ses deux comparses pour l’épreuve de triathlon, il souhaite également s’aligner sur les épreuves individuelles, « pour rentrer dans les jeux ». Les résultats vont bien au-delà de ses espérances puisqu’il remporte deux médailles d’or (triathlon relais et course sur route), ainsi que deux médailles d’argent (course contre la montre et criterium). Ayant réussi à occulter la douleur, « presque comme si j’étais sous hypnose », il réalise l’impossible, se sentant « invincible ».
Le combat continue
Stéphane Langlois ne compte pas ranger son vélo au garage pour autant. Par ses exploits, il souhaite donner de l’espoir aux 300 000 personnes touchées par cette maladie en France. Il a ainsi créé un maillot symbolique, avec une colonne vertébrale enflammée dessinée dans le dos, pour continuer les compétitions tout en sensibilisant sur cette maladie.
S’il ne pense pas participer aux prochains JMPP dans deux ans, il envisage toutefois de disputer en duo les 24h du Mans à vélo l’année prochaine. Cette année, il participera également à plusieurs compétitions nationales pour différentes associations, dont l’Association française contre les neuropathies périphériques (AFNP). Appréciant l’esprit d’équipe, il envisage aussi de participer au triathlon de la Baule avec son kinésithérapeute, qui admire le courage de son patient et souhaite l’accompagner dans l’effort.