Isère : cinq gendarmes poursuivis pour des violences
Une jeune gendarme s’est plainte de harcèlement moral mais aussi de violences de la part de ses collègues. Dans cette affaire, cinq gendarmes, placés sous contrôle judiciaire, seront jugés en correctionnelle.
Stupeur sur la brigade de Roussillon (Isère), où une enquête de l‘inspection générale de la gendarmerie nationale a abouti au placement en garde à vue de cinq gendarmes pour violences aggravées sur l’une de leur collègue.
Cette affaire très sensible a commencé au début du mois d’avril alors qu’une gendarme adjointe volontaire de 21 ans, affectée depuis moins de deux ans dans cette unité de la compagnie de Vienne, explique qu’elle a été blessée au cours d’une soirée organisée dans les locaux de la brigade. La jeune femme s’épanche alors et dénonce des violences qui auraient été commises depuis 2013. Elle dit également avoir été victime de harcèlement moral. Une affaire prise très au sérieux par le procureur de la République de Vienne, Matthieu Bourrette. Celui-ci a rapidement saisi l’inspection générale de la gendarmerie, qui a mené une enquête minutieuse, auditionnant 55 témoins, dont tous les militaires de la brigade.
« Dans un premier temps, il a été établi que certains faits ne pouvaient être qualifiés pénalement, notamment ceux de harcèlement moral », indique le procureur de la République, qui évoque un « contexte de jeu » et de « chahut ».
Jugés en juillet
Mais le parquet a aussi soigneusement étudié chacun des épisodes décrits par la jeune femme où elle affirme avoir été frappée, menottée à un arbre ou encore enfermée brièvement dans une geôle de la brigade. Assez pour aboutir à la garde à vue de cinq gendarmes et sous-officiers pour violences aggravées, blessures involontaires et arrestation et séquestration arbitraire. Âgés de 25 à 35 ans, les militaires ont reconnu « quelques débordements » mais évoquent toujours des « jeux consentis » avec leur collègue. Deux d’entre eux ont été présentés devant le procureur et placés sous contrôle judiciaire jusqu’au 22 juillet où tous les cinq devront s’expliquer devant le tribunal correctionnel de Vienne. En attendant, ils ont interdiction d’exercer leurs pouvoirs de police judiciaire, ni de se rendre dans les locaux de la gendarmerie de Roussillon.
Benjamin BOUTIER