Articles

Le - Il crie au complot des gendarmes puis reconnaît les faits quand une vidéo est diffusée

Tribunal

Il crie au complot des gendarmes puis reconnaît les faits quand une vidéo est diffusée : deux ans ferme

Publié le 17/07/2021 à 14h00

Il crie au complot des gendarmes puis reconnaît les faits quand une vidéo est diffusée : deux ans ferme
Photo d’illustration © Marion Boisjot

Tu t’es vu quand t’as bu ? Le (vieux) slogan fonctionne encore. Un Nivernais de 31 ans soutenait avoir été victime d’un tabassage par les gendarmes, vendredi 9 juillet, à Pougny. Il a reconnu qu’il avait tous les torts, mardi 13 juillet, à l’audience correctionnelle neversoise, après le visionnage d’une vidéo où il les insulte et les menace de mort pendant plus de dix minutes.

Les gendarmes sont intervenus sur l’appel de l’ancienne assistante maternelle d’Alexandre Daveiga. Il continue de vivre par intermittence chez elle et entretient son jardin. Mais la débroussailleuse refuse de démarrer. Peut-être qu’elle est en panne ? Peut-être qu’elle manque de carburant ? Lui, en tout cas, a fait le plein.

Il est fin saoul et défonce une porte à coup de pied. Sa bienfaitrice prend peur. Une patrouille de deux hommes découvre le prévenu agité, sentant fortement l’alcool et tenant mal sur ses appuis. Il vacille, mais cela reste un colosse, aux biceps volumineux. Il est consommateur de stéroïdes (sa réserve sera saisie dans le congélateur de sa mère d’adoption).

Il y a outrage et outrage. Là, c’est extrêmement grave. On est sur le haut du panier.

Le Psig  (peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie) est appelé en renfort. Un gradé de ce peloton, habitué aux interventions difficiles, parlemente avec Alexandre Daveiga. Il lui annonce la perspective d’un séjour en cellule de dégrisement, suivi d’une discussion au calme. C’est là que le prévenu explose… « Vous avez dit [entre autres] : « Je vais violer ta gamine » », relève la substitut du procureur, Marie-Christine Woldanski. « Il y a outrage et outrage. Là, c’est extrêmement grave. On est sur le haut du panier. »

Je les aurais pas insulté s’ils m’avaient pas tabassé.

Dans un flot continu de plus de dix minutes, le trentenaire profère aussi des injures racistes. Lui qui a la peau noire et qui a été condamné, il y a quatre ans, pour avoir, en marge du comice de Donzy, traité de « sale nègre » et de « bouffeur de bananes » un gendarme originaire des Antilles.

« Je les aurais pas insulté s’ils m’avaient pas tabassé », dit-il des événements de vendredi. Il soutient avoir été victime d’un passage à tabac qui a déclenché sa fureur. Il prétend aussi qu’il n’avait presque pas bu. Il répète que les gendarmes complotent contre lui.

Aucune trace de violence n’a été constatée sur sa personne. En revanche, un gendarme a été arrêté durant cinq jours, pour un coup de pied qu’il lui a décoché au visage durant la garde à vue. « C’est faux », s’agace-t-il. « Ce sont des mensonges. Ça a été ça tout le week-end… »

Les insultes résonnent dans tout le prétoire

La présidente, Florence Pillet, propose alors de visionner une vidéo se trouvant sur le téléphone du gradé. Il a filmé les injures et les provocations, face auxquelles les gendarmes sont restés stoïques. Les images ne sont pas diffusées dans la salle (les magistrats et l’avocate de la défense les regardent directement sur le petit appareil). Mais les « Fils de pute », « Je te chie sur la gueule » et autre « Si tu me frappes pas, c’est que t’es une couille molle » résonnent dans tout le prétoire.

Alexandre Daveiga change alors de version. Oui, il avait bu. Oui, il a « un peu abusé » face aux gendarmes. Mais il va être papa et il travaille. Il est sur le point de signer un CDI pour la mairie chez qui il était venu exécuter un travail d’intérêt général et qui n’a plus voulu se séparer de lui ensuite. Il y a donc de l’espoir, sur lequel s’appuie Me Muriel Potier.

Trois ans de prison dont deux ans ferme

« La problématique de ce dossier, c’est l’addiction, qui lui fait perdre son self-control », plaide-t-elle pour un client qui vient de présenter des excuses semblant sincères aux gendarmes. « Il faut examiner sa personnalité à froid, pas à chaud. Nous ne sommes pas sur des excuses de circonstance. Un palier a été franchi. L’enfermement ne résoudra pas cette problématique. »

Le tribunal opte néanmoins pour les trois ans de prison, dont deux ans ferme, requis par le parquet. « Une application sévère de la loi », explique la présidente, « car les faits sont d’une extrême gravité et que ce n’est pas la première fois. » Déjà condamné à douze reprises, Alexandre Daveiga est à nouveau incarcéré. En attendant de pouvoir obtenir un aménagement de peine. Sinon, il perdra son emploi.

Conformément à notre charte, nous publions l’identité des personnes condamnées à des peines d’au moins un an de prison ferme avec mandat de dépôt ou de deux ans sans mandat de dépôt. 

Bertrand Yvernault

Source : www.lejdc.fr

Be Sociable, Share!