Hôpital. Une salle d’audition pour les mineurs
3 décembre 2015 à 18h09
C’est un service de l’hôpital réservé aux enfants victimes d’agressions sexuelles ou de graves maltraitances. Ici, ce ne sont pas des infirmiers qui interviennent mais des policiers ou des gendarmes chargés de recueillir leurs témoignages.
Magistrats et enquêteurs apprécient les avantages de l’unité d’accueil médico-judiciaire pédiatrique, installée depuis 2007 au pôle mère-enfant du centre hospitalier du Scorff. « Ici, l’enfant se livre plus facilement. L’endroit est plus accueillant que les locaux d’une brigade de gendarmerie, avec des personnes en uniforme. Dans ces lieux, on intervient en civil », témoigne un gendarme d’Auray, habitué des lieux. Chaque année, l’unité reçoit, en moyenne, plus de 120 enfants et adolescents, âgés de 2 à 17 ans. « La moyenne d’âge est de 13 ans et demi ; 60 % sont des filles », précise Anne-Marie Buhan, la psychologue de l’unité d’accueil. « Et depuis deux ans, on constate une augmentation du nombre d’auteurs mineurs pour les agressions commises sur des adolescentes. »
Un nouvel équipement d’enregistrement
Pourtant, depuis septembre, la salle d’audition n’était plus fréquentée. En effet, le matériel d’enregistrement des auditions ne fonctionnait plus. Et si les institutions reconnaissaient l’intérêt d’un tel dispositif, aucune n’était prête à financer un nouvel équipement ! « Nous n’avions pas, non plus, la trésorerie nécessaire pour faire face à une telle dépense. Nous avons décidé d’alerter la Voix de l’enfant qui a accepté de prendre à sa charge cet investissement d’un montant de 11.400 €. Nous espérons participer pour moitié, à travers diverses animations », confie Corinne Le Beux, la présidente de l’association SOS Enfance en danger. Dès hier après-midi, les enquêteurs de la gendarmerie et de la police ont pu se familiariser avec le nouveau matériel, plus fiable et plus simple d’utilisation. Et à partir d’aujourd’hui, ils pourront à nouveau se positionner de chaque côté de la glace sans tain pour enregistrer et filmer les auditions d’enfants victimes d’agression sexuelle ou de maltraitance grave. « On intervient à deux ; l’un assure l’audition en tête à tête avec l’enfant ou l’adolescent pendant que l’autre s’occupe de l’enregistrement à l’abri des regards, explique un gendarme. On est volontaire pour ce type d’enquête. Malheureusement, nous ne sommes pas tous formés à l’audition des mineurs victimes. Cette année, un seul gendarme du Morbihan a bénéficié d’une telle formation ». Une table ronde en verre trône au milieu de la pièce, dédiée à ces entretiens particuliers. Dans le coin opposé à la glace sans tain, un petit canapé rouge, sur lequel reposent des peluches, fait face à une estrade peuplée de jeux.
Libérer la parole de l’autre côté de la glace sans tain
Seuls les enfants orientés par le parquet de Lorient découvrent cet environnement, à la fois neutre et chaleureux. « Ce décor doit aider à libérer la parole. Il faut à la fois prendre en compte la douleur de l’enfant et rechercher la vérité », souligne Anne-Marie Buhan, qui prépare les mineurs à l’audition, évalue les signes cliniques de traumatisme et envisage un éventuel suivi. Elle doit ensuite envisager les suites. « Je leur dis : tu as fait ta part. Tu as livré ta vérité. Le reste c’est le travail des enquêteurs et des magistrats. Mais ce n’est aussi que le début », confie-t-elle. Il faut aussi les informer des suites des procédures, les rassurer avant une difficile confrontation avec leur agresseur présumé, ou les réconforter après un classement sans