Si vous prenez le volant après le réveillon, prudence. Les forces de l’ordre ont prévu de multiplier les dépistages d’alcoolémie, ce qui n’a rien de surprenant. Plus étonnant : cette année, en Haute-Saône, la gendarmerie et la police diffusent une carte de ces contrôles.

Dessus, on constate que 24 postes fixes doivent être installés durant la nuit de la Saint-Sylvestre, plus quatre zones de contrôles mobiles. Ni localisation précise, ni créneaux horaires sur la carte : il ne s’agit pas de donner le mode d’emploi pour échapper aux dépistages.

L’objectif est ailleurs. Les autorités veulent toucher un public très exposé au risque routier : les jeunes qui sortent en discothèque. Une partie d’entre eux reste hermétique aux messages de prévention classiques qui émanent de l’autorité. La gendarmerie a donc mis au point un outil de communication susceptible d’entrer en contact avec eux : l’application mobile « Blue Box 70 » est accessible sur les smartphones Android.

« L’idée, c’est que ces jeunes cherchent déjà sur les réseaux sociaux où se trouvent les contrôles », explique le lieutenant-colonel Blaudez, commandant du groupement de gendarmerie de Haute-Saône. « Pour éviter la prime au petit malin, on fait le choix de donner la liste complète. On veut créer un effet dissuasif, mais aussi faire appel à leur responsabilité. »

Outre les contrôles, les utilisateurs de l’application y trouveront d’autres informations concrètes, comme les numéros des sociétés de taxi. Ils sauront aussi ce qu’il suffit de boire pour être contrôlé positif. Pour les jeunes conducteurs, la réponse est simple : au-delà d’un verre, le permis est en péril.

C‘est Alison Augier, une jeune femme de 22 ans en service civique au sein de la gendarmerie de Haute-Saône, qui a porté ce projet d’application mobile. « Elle a un regard extérieur, ce qui lui permet de faire passer des messages moins institutionnels que nous », apprécie le lieutenant-colonel Blaudez.

Discothèques associées

Pour éviter toute banalisation, la carte sera divulguée seulement lors des week-ends jugés accidentogènes. Les deux discothèques de l’agglomération de Vesoul sont aussi associées à l’opération. « On va faire la promo de l’application sur nos écrans », indique le patron du Manouchka, Thierry Meyer. « Les clients qui joueront le jeu seront récompensés. »

L’alcool au volant reste un fléau dans le département. Un quart des accidents corporels constatés cette année ont été causés par des conducteurs alcoolisés originaires de Haute-Saône, à moins de 50 km de chez eux. Les jeunes sortant de discothèque sont particulièrement concernés : près de la moitié des accidents mortels enregistrés en 2014 étaient liés à l’alcool. Les victimes, dans un cas sur deux, sortaient de boîte de nuit.

La mobilisation des pouvoirs publics et d‘exploitants de discothèques a permis d’améliorer ce bilan en 2015. Les gendarmes et la police espèrent aller plus loin encore en 2016 : « Il n’y a rien de pire pour nous que d’aller annoncer à des parents que leur enfant est mort en rentrant de boîte », confie le lieutenant-colonel Blaudez.

Guillaume MINAUX

Source : www.estrepublicain.fr