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Gendarmes au quotidien

Le photographe Patrice Héraud suit les gendarmes de Gironde dans leurs missions depuis près d’un an. Être au cœur de l’action est pour lui une obsession. Il répond présent dès que les gendarmes l’avertissent sur telle ou telle affaire

Gendarmes au quotidien

Ci-contre, deux gendarmes du PSPG dans leur véhicule lors du dernier briefing avant une interpellation© PHOTO  PATRICE HÉRAUD

Patrice Héraud est reporter photographe et réalisateur. Être au cœur de l’action est pour lui une obsession. « Je ne sais pas travailler au téléobjectif. Mon truc, c’est le grand-angle. Il me faut des interventions réelles, être au centre de l’équipe », dit-il. C’est ainsi qu’il est devenu un des spécialistes et grands défenseurs mondiaux du grand requin blanc d’Australie. Par la suite, il s’est mis en tête de travailler avec tous les « urgentistes » de la Gironde pour les besoins d’une éventuelle exposition. Après avoir passé six mois avec le Samu 33, il s’est approché par courrier des pompiers, des policiers et des gendarmes du département. Et, à sa plus grande surprise, ce sont ces derniers qui ont dégainé (si l’on peut dire) les premiers. Le colonel Réty a accepté de bon cœur, puisqu’il avait lui-même l’idée de publier un livre sur les actions du groupement qu’il commande. Cela ne pouvait pas mieux tomber. « Ma condition, c’était d’avoir carte blanche et la sienne, que ma sécurité ne soit jamais mise en péril. »

  • Crash, trafic, crime…

Dès décembre dernier, voilà le photographe embarqué dans sa première mission. Il s’agit du crash d’hélicoptère survenu dans le Libournais et dans lequel ont péri quatre personnes. Il y a eu ensuite une interpellation dans un trafic de stupéfiants. Et cela s’est enchaîné avec un transfèrement de prisonnier dangereux, des découvertes de cadavre, un accident de train, des scènes de crime, une intervention avec la cellule chimique…

© PHOTO PATRICE HÉRAUD

Les opérations menées avec les gendarmes sont plus flippantes que celles auprès des grands requins blancs. Parce qu’un animal est beaucoup moins dangereux qu’un humain traqué

Le plus étonnant, dans l’histoire, c’est que Patrice Héraud n’ait pas réussi à mettre en boîte un accident de la circulation, qui survient, pourtant, en premier dans le domaine des probabilités. « Il me faut être réactif, répondre présent dès que les gendarmes m’avertissent sur telle ou telle affaire. Je suis équipé d’un gilet pare-balles. Lors de mes premières missions, je me retrouvais en retrait. Puis, peu à peu, une complicité s’est établie, et je me suis retrouvé au cœur de l’action, comme si je faisais partie de l’équipe. De toute façon, je n’envisage jamais le pire. L’adrénaline me permet d’avancer. Et je dois reconnaître que les opérations menées avec les gendarmes sont plus flippantes que celles auprès des grands requins blancs. Parce qu’un animal est beaucoup moins dangereux qu’un humain traqué », assure Patrice Héraud.

 Un livre

En dix mois à temps plein, il a accumulé plus de 3 000 photos. 1 500 sont exploitables en stock et 300 ont déjà été sélectionnées alors que la réalisation d’un livre demande de 120 à 150 photographies. Il n’y aura cependant pas beaucoup de déchets, puisque, quoi qu’il advienne, Patrice Héraud va devenir le photographe officiel du groupement. Le colonel Réty lui a même proposé d’intégrer la réserve citoyenne de la gendarmerie. Le général de corps d’armée Jean-Philippe Ster a aussi confirmé son agrément au profit du groupement de la Gironde au grade de chef d’escadron, commandant de réserve, rattaché au corps des officiers de la gendarmerie nationale. Ce grade honorifique est attribué en fonction des services et des actions menées en faveur de la gendarmerie. Pour quelqu’un qui ne connaissait même pas les grades au moment de se lancer dans l’aventure, voilà une bien belle reconnaissance.

Retrrouvez aussi notre portfolio « Dans l’action avec les gendarmes » sur le site Sud Ouest
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Un colonel connecté

Le colonel Ghislain Réty a pris ses fonctions de commandant du groupement de gendarmerie de la Gironde en août 2013. Sous l’autorité du préfet et du ministère de l’Intérieur, il est à la tête de sept compagnies qui regroupent 1 385 gendarmes et 410 réservistes. Si on ajoute les corps spécialisés, les gendarmes mobiles et l’état-major de la région, cela porte le nombre d’hommes et de femmes à plus de 2 000 militaires de la gendarmerie dans le département. Cet ancien du GIGN, dont il était le chef des opérations, est un grand communicant. Pas si courant dans une profession souvent stigmatisée pour son mutisme.

« Sud Ouest le Mag » Dès votre arrivée, vous avez lancé la page Facebook Gendarmerie de la Gironde, qui compte aujourd’hui près de 10 000 amis. Pourquoi ?

Ghislain Réty. Je pense que les réseaux sociaux sont un des meilleurs moyens d’être au contact de la population et pour qu’elle se réconcilie avec nous. Il y a des échanges directs, des questions qui nous parviennent et des remontées d’informations. J’ai eu des articles lus par 750 000 personnes. La force, c’est le partage. Le but est aussi de faire de la prévention en alertant, par exemple, sur des phénomènes nouveaux de délinquance, avec très souvent une touche humoristique pour accrocher les lecteurs. Les appels à témoins y sont systématiques et la publication des photos des objets volés non identifiés connaît un franc succès. L’opération bijoux sur le réseau nous a permis de retrouver 125 propriétaires et de faire 125 victimes heureuses. En revanche, j’ai arrêté d’indiquer les contrôles routiers parce que cette démarche était mal interprétée par certains.

Source : SUD OUEST www.sudouest.fr

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