Publié le 16 mai 2021 à 16h22
Gendarmerie : « Nous ne sommes pas des femmes dans un métier d’hommes »
En Bretagne, les femmes ne représentent que 16 % des effectifs en gendarmerie. Elles sont maître-chien, experte en identification criminelle, enquêtrice ou commandante d’unité. Et elles racontent leur métier, pas tout à fait comme les autres.
Autour de la table, il y a Magali, enquêtrice en brigade de recherches. Sa spécialité ? Recueillir la parole des enfants victimes. Élodie : référente égalité homme – femme pour le groupement des Côtes-d’Armor, mais surtout spécialisée dans les violences intrafamiliales, les auditions de mineurs et les drames des personnes. Novela, elle, est maître-chien. À côté : Océane, technicienne en identification criminelle. Camille, qui se spécialise dans l’intervention. Lucile, dans l’administration. Isabelle, qui a connu la première promotion de femmes gendarmes, en 1983, et commande aujourd’hui, en second, une compagnie. Christelle, elle, s’occupe de prévention.
« Les meilleures »
« On n’est pas des femmes dans un métier d’homme », sourit d’emblée Magali. Elle est habituée, comme ses collègues, à détricoter la pelote des préjugés concernant son activité. « C’est un métier qui demande du caractère, de toute façon ». « Mais ici, on est tous évalués sur nos compétences. Il n’y a pas de différence de salaire ou autre », estime Lucille, qui s’occupe de ressources humaines. Ce qui n’empêche pas quelques nuances. « En tant que femme, on sent bien qu’on n’a pas le droit à l’erreur », plaide Christelle. Camille, qui démarre sa carrière, confirme. « J’ai retenu cette phrase : vous devrez être les meilleures ».
La jeune femme, actuellement en brigade, se prépare pour devenir Moniteur en intervention professionnelle, au sein d’un Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG). Bientôt, c’est elle qui formera ses collègues, appelés à incarner la force de la loi dans des situations parfois difficiles.
« Et quand il y aura de la bagarre ? »
Impensable il y a quelques années. « Quand nous sommes entrées, en 1983, on entendait des choses comme : » D’accord elles sont fraîches pour aller au bord de la route, mais à 50 ans elles feront comment ? Et quand il y aura de la bagarre ? », se souvient le capitaine Isabelle Riquet, aujourd’hui à un poste de commandement.
Ces gendarmes ne revendiquent pas un statut différent. Mais elles savent « apporter autre chose ». « Tout ne se gère pas par la force », sourit, par exemple, Christelle. Toutes évoquent « l’intelligence de la situation », qui permet, parfois, d’éviter des confrontations inutiles. Elles sont entrées en gendarmerie avec détermination. « Pourtant mon père, qui est lui-même gendarme, a essayé de me faire changer d’avis. Mais c’était ça et pas autre chose », s’amuse Camille.
Océane, elle, travaille comme technicienne en identification criminelle. Un métier difficile qui passe par les scènes de crimes et oblige à se confronter régulièrement à la mort. « Mais j’ai choisi ce métier parce que je ne me voyais pas travailler avec une routine. Il y a aussi l’adrénaline, qui est là ».
Cloisonner
La gendarmerie, c’est aussi un collectif, qui aide à « dédramatiser » quand il faut. Pour tenir, il faut cloisonner, sans cesse. S’occuper d’un enfant violenté le matin puis retrouver les siens le soir. « Les loisirs, le sport ou autre, c’est essentiel », analyse la capitaine Riquet. « Mais j’ai dû apprendre à couper », constate Camille. « Au début, j’avais mal pour les gens, sur les interventions ou autre ». « Après on se détache. Mais ça n’empêche pas l’empathie », remarque Océane. « Pour nous, c’est une vocation, on vit notre métier. Notre trait d’union, c’est qu’on aime aider les gens », conclut Christelle. En Bretagne, elles sont 721 femmes gendarmes sur le terrain.Soutenez une rédaction professionnelle au service de la Bretagne et des Bretons : abonnez-vous à partir de 1 € par mois.Je m’abonneEn complément