JUSTICE
GENDARME PERCUTÉ À VESOUL UN AN DE PRISON FERME POUR LE CHAUFFARD BELFORTAIN
01/06/2016 à 05:03, actualisé à 08:37
Vesoul. Dimanche, 5 h 15 du matin, au rond-point de la Vaugine à Vesoul. Un contrôle de gendarmerie est en cours à l’heure de la sortie des discothèques. Plusieurs automobilistes sont arrêtés à la demande des militaires : au total, on compte quinze personnes sur place.
À ce moment-là, une Golf arrive à très vive allure dans le rond-point. Entre 120 et 160 km/h, estiment les gendarmes. Plutôt 120, pense la passagère de la voiture. Quoi qu’il en soit, le véhicule ne s’arrête pas et part tout droit. Deux gendarmes essaient de l’éviter, mais l’un d’entre eux est percuté au pied. Bilan : une fracture ouverte de la cheville.
La Golf, elle, est stoppée net par une Ford Focus de la gendarmerie stationnée sur le terre-plein central du rond-point. Sous l’effet du choc, la Ford décolle et est propulsée 26 mètres plus loin. Elle atterrit sur une voiture arrêtée pour les besoins du contrôle. Par chance, son conducteur en était sorti. « J’ai vu la Focus arriver vers moi et je me suis écarté », raconte le témoin. « Sans ça, je serais mort. »
Comme un crash test
Dans la Golf, à l’état d’épave, le conducteur et la passagère avant sont légèrement blessés. Le passager arrière est indemne. Un petit miracle vu la violence de l’accident : un gendarme présent sur place décrit une scène « quasi apocalyptique », comme si un « crash test » venait de se produire. Le blessé, toujours hospitalisé, « repasse le bruit en boucle dans sa tête la nuit », raconte son avocate, Me Caroline Lavallée.
Outre la vitesse, l’alcool est aussi en cause dans l’accident. Le conducteur de la Golf, Mathieu Scherrer, 24 ans, avait commencé sa soirée en Suisse, à Boncourt. Une bière, deux whiskies… Avec deux amis, cet habitant de Beaucourt (Territoire de Belfort) décide de sortir en boîte en Haute-Saône. Au « Troisième monde », à Noidans-lès-Vesoul, il continue de boire : le petit groupe s’offre une bouteille de whisky.
Au moment de repartir, la passagère s’inquiète : son ami a tendance à bégayer, mais il n’hésite pas à reprendre le volant. Après l’accident, il sera contrôlé avec un taux d’alcoolémie de 1,56 g/l.
Casier vierge
« Je n’étais pas en état de conduire, mais j’ai été inconscient », reconnaît Mathieu Scherrer à la barre. Dans son jean trop large, un gros pull sur le dos, le jeune homme au casier vierge parle d’une voix à peine audible, tête basse. « En arrivant dans le rond-point, je cherchais mes clefs. Quand j’ai relevé la tête, il était trop tard. » Regarder les photos de l’accident le gêne : « Je ne voulais pas que ma famille voie les dégâts que j’ai pu faire », lâche-t-il, pas fier de lui.
« Il n’a pas une once de compassion pour les gendarmes », s’énerve la procureure de la République, Émeline Comte, qui requiert deux ans de prison, dont six mois avec sursis et mise à l’épreuve à l’encontre du prévenu, avec mandat de dépôt, ainsi que l’annulation de son permis de conduire.
Le tribunal a opté pour deux ans de prison, dont un an ferme et a prononcé le mandat de dépôt : Mathieu Scherrer a été incarcéré à l’issue de l’audience. Son permis a été annulé et il ne pourra pas le repasser avant trois ans. Il devra aussi payer une facture qui s’élève déjà à 17 700 € de dommages et intérêts pour les gendarmes parties civiles, sans compter le coût des soins du blessé et les dégâts sur les voitures.
Guillaume MINAUX