Femme enceinte tuée par des chiens dans l’Aisne : le commandant de gendarmerie faisait-il partie de l’équipage de chasse à courre ?
Le procureur de la République de Soissons et la gendarmerie nationale confirment la présence du lieutenant-colonel dans la forêt de Retz. Des mesures ont toutefois été prises pour ne pas entraver l’enquête.
Benoît ZagdounFrance Télévisions
Mis à jour le 20/11/2019 | 18:12
publié le 20/11/2019 | 15:33
Le corps d’Elisa Pilarski, victime d’une attaque de chiens, a été retrouvé, samedi 16 novembre, dans les bois, sur la commune de Saint-Pierre-Aigle, dans l’Aisne. Cette femme de 29 ans, enceinte, était partie promener son chien dans la forêt de Retz, où se tenait au même moment une chasse à courre. La meute de chiens des chasseurs est-elle responsable de la mort de cette jeune femme ? Les enquêteurs explorent cette piste parmi d’autres. Un élément troublant, évoqué dans la presse, est venu s’ajouter : le commandant du groupement départemental de gendarmerie de l’Aisne aurait fait partie de l’équipage de la chasse à courre. Dans le live de franceinfo, vous nous avez demandé de confirmer cette information.
L’enquête confiée à une autre unité
Le procureur de la République de Soissons, Frédéric Trinh, confirme à franceinfo la « présence » du lieutenant-colonel Jean-Charles Métras parmi les chasseurs. Le magistrat assure en avoir été « immédiatement informé » et explique avoir pris des dispositions, afin de s’assurer que cela ne nuise pas à l’enquête. Cela « a justifié que je confie le traitement de la procédure à un service qui n’est pas placé sous son autorité, à savoir la section de recherche d’Amiens ».
La gendarmerie nationale, interrogée par franceinfo, confirme les propos du procureur de la République de Soissons. Le lieutenant-colonel était bien « l’un des suiveurs de la chasse à courre », mais « cela ne gêne absolument pas l’enquête », compte tenu de la mesure prise « en lien avec le procureur », affirme la gendarmerie nationale.
Des prélèvements sur 93 chiens
La victime, âgée de 29 ans et enceinte, avait appelé son concubin pour « lui signaler la présence de chiens menaçants », selon le parquet, alors qu’elle « était partie promener son chien ». C’est lui qui a découvert le corps de sa compagne, samedi après-midi. D’après les résultats de l’autopsie, cités par le procureur, la mort a « pour origine une hémorragie, consécutive à plusieurs morsures de chiens aux membres supérieurs et inférieurs, ainsi qu’à la tête ».
« Des prélèvements ont été effectués sur 93 chiens, ceux appartenant à la victime », qui en possédait cinq, ainsi que d’autres « ayant participé à une chasse à courre organisée à proximité », selon le parquet. Il s’agit « d’identifier le ou les chiens mordeurs », poursuit le parquet. La victime a été mordue avant et après sa mort.
La gendarmerie nationale confirme que « la chasse à courre est une piste étudiée de près par les enquêteurs », mais qu’« en l’état actuel de l’enquête, on ne peut affirmer que la meute est à l’origine de la mort de cette femme ». L’hypothèse des chiens errants n’est pas écartée. Pas plus que celle du propre animal de la promeneuse, selon la gendarmerie. Il faut attendre les résultats des prélèvements ADN effectués sur l’ensemble des chiens.