Euro 2016 : les chiens alliés des gendarmes dans la lutte antiterroriste
VIDÉO. Au Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie (CNICG), dix équipes ont été formées pour assurer notre sécurité dans les stades. Reportage.
PAR ESSIA LAKHOUA, ENVOYÉE SPÉCIALE À GRAMAT
Depuis les attentats de Londres et de Madrid, l’idée avait germé dans la tête des gendarmes de former leurs chiens à détecter des explosifs « dans des flux ». Un projet inédit qui a pris forme en 2014 et qui a connu un net essor après les attaques de janvier 2015. Plusieurs chiens ont donc suivi un dressage un peu particulier, une nouvelle formation en « recherche d’explosifs sur personne en mouvement ». Des aptitudes exceptionnelles qui leur permettent aujourd’hui de détecter d’éventuels kamikazes au milieu d’une foule, dans un centre commercial ou les transports en commun. Et qui font du meilleur ami de l’homme un précieux allié dans la lutte antiterroriste. Preuve du succès de l’opération : le colonel Dominique Dalier, commandant du CNICG, s’apprête à fournir au ministère de la Défense dix équipes cynophiles (un maître et son chien) chargées d’assurer la sécurité de l’Euro 2016.
Capables de détecter des kamikazes au milieu d’une foule
L’expérimentation a eu lieu entre octobre 2014 et le printemps 2016 grâce à la volonté de deux hommes, Jérôme Devez, dresseur-instructeur, et le capitaine Dominique Cristofoli, ancien chef du groupe national d’investigation cynophile. Le postulat des gendarmes était le suivant : utiliser des chiens spécialisés dans la détection de stupéfiants sur des personnes immobiles, puis les faire progressivement travailler sur des foules en mouvement. Et voir, ainsi, si le chien parvenait à conserver tous ses sens…
Avec du temps, de la rigueur et beaucoup d’amour – « Il faut une totale symbiose entre le maître-chien et son chien », explique une gendarme –, la mission est sur le point de s’achever. Dix équipes cynophiles capables de détecter des explosifs traditionnels (Semtex, C4, etc.) mais aussi des explosifs artisanaux souvent utilisés dans les attentats comme le TATP vont être déployées sur le territoire. Démonstration.
Quatre exercices pour former les chiens
Claire et son chien, Hagen, un magnifique berger belge malinois, font partie de l’une des dix équipes cynophiles engagées pour l’Euro 2016. « Hagen et moi, on est fusionnels », sourit la gendarme.
- La position statique
Hagen et Claire sont positionnés dans un endroit stratégique, où il y a beaucoup de passage. En créant un entonnoir artificiel, ils font en sorte que les personnes passent les unes après les autres devant eux. On pourrait imaginer situation similaire devant une porte de stade. Hagen, qui a assimilé l’odeur des substances explosives, donne ce que les gendarmes appellent « des coups de nez ». Lorsque le gendarme en civil équipé du gilet avec la substance explosive passe devant lui, le chien jaillit et se met dans sa trajectoire pour l’empêcher d’aller plus loin. Les gendarmes appellent ce geste « le marquage ». Il ne lâchera pas le suspect jusqu’à ce que Claire lui intime l’ordre d’arrêter et lui donne son jouet.
- La position statique avec ventilateur
Cet exercice est assez similaire au premier. Seule différence : le chien est placé à quelques mètres des passants dans un courant d’air. Les gendarmes installent alors un ventilateur qui va diffuser les odeurs jusqu’au chien. Impressionnant.
- En mouvement lors d’une patrouille
Dans ce troisième exercice, le chien accompagné de son maître marche au milieu d’une foule. Il donne des coups de nez à chaque passant. Le gendarme équipé de substances explosives passe à côté de lui. Là encore, le chien tique immédiatement.
- Sur une personne suspecte
Au milieu d’une foule, les gendarmes suspectent une personne de porter des explosifs. Le chien est alors envoyé sur la cible. Si elle porte des explosifs, le chien la « marquera », sinon, il retournera vers son maître.