En démocratie (choses vues)
Publié par : redacbzhinfo 28 novembre 2013
28/11/2013 – 09H00 Fontenay-le-Comte (Breizh-info.com) – La petite ville de Fontenay-le-Comte, chef-lieu d’un arrondissement vendéen, étant proche de ma campagne, je me décidais ce matin de m’y rendre pour voir de près le ministre de l’Intérieur qui met toute son énergie à écarter le spectre du »fascisme » de notre République, et ainsi d’éviter à la Patrie des Droits de l’Homme de devenir un régime policier.
Les fonctionnaires de la sous-préfecture ont dû jouir (aux dépens des administrés) d’un jour de congé exceptionnel, car les bureaux en étaient fermés. Les rares piétons jouissant eux d’un air plus pur, car toutes les rues menant aux bâtiments officiels étaient interdites de loin à la circulation, et ce dès les premières heures, outre que tous les véhicules y stationnant habituellement avaient été évacués. Et que les militaires de la gendarmerie, tant départementale que mobile, veillaient en force.
M’étant assis sur une rambarde des bords de la Vendée, à proximité des lieux mais néanmoins à une distance respectueuse, j’ai eu l’honneur de la visite d’un chef d’escadrons (sans doute conscient du fait qu’en ce jour il jouait ses galons de colonel) qui m’a a de facto menacé, prévenant que ni cri, ni banderole, ni drapeau* ne seraient tolérés dans le périmètre. Citoyen (mais le mot est-il encore approprié?) docile, je suis passé de l’autre côté de la Vendée, où ma fille cadette qui m’accompagnait est allée naïvement demander à un gendarme en faction sur cette rive aussi quelle était la limite du « périmètre ». Ce brave militaire a eu une réponse sublime : « Tout ce qui est visible par Monsieur le Ministre! ».
Je ne me souviens pas d’avoir observé de telles mesures de sécurité lors des visites du Président De Gaulle, qui lui au moins avait de bonnes raisons de craindre pour sa sécurité. Ne manquaient que les blindés (et les spectateurs : à part une poignée de privilégiés qui présentaient un laissez-passer, personne ne pouvait plus approcher de la sous-préfecture en fin de matinée, d’ailleurs personne ne cherchait non plus). C’en était même comique : un chien-renifleur inspectant les bâtiments ainsi que les jardins proches – à l’indignation des habitants. Des policiers en civil, aussi discrets que les Dupond-Dupont, faisaient masse devant l’entrée. Si bien que de guerre lasse j’ai renoncé à apercevoir le (sélectivement) terrible M. Valls, croisant seulement la colonne de luxueuses limousines qui composaient son escorte. Et non sans qu’un gendarme zélé ait couru derrière mon plus modeste véhicule dans l’espoir d’en relever le numéro d’immatriculation.
Mais je suis parti content pour ces braves pandores : ils étaient tout de même mieux un matin, même frais, à maintenir l’ordre républicain à Fontenay-le-Comte qu’en patrouille nocturne à Saint-Denis (d’ailleurs ce privilège est réservé à la Police Nationale).
A l’époque du Rideau de fer notre pays avait paraît-il une densité de forces de police se situant à l’échelle mondiale juste après celle de l’Allemagne de l’Est. Il serait intéressant de savoir ce qu’il en est actuellement. Et quelle est le pourcentage affecté à la protection de nos « Nouveaux Messieurs » (et Dames).
Compère Guillery
PS : On pourrait se demander ce qu’un ministre venait faire en cette saison en un lieu si bucolique, dont la sous-préfète peut se considérer comme « aux champs ». Coïncidence sans doute, le député-maire de son parti – opposé bizarrement à la fin des cumuls de mandats – y annonçait sa nouvelle candidature la veille, lors d’une réunion publique où il venait lui apporter son soutien. Et où dès l’entrée de laquelle des opposants potentiels (identifiés sur quels critères?) ont été appréhendés. Non, décidément la République française n’est pas un état policier, et ses services ne sont pas à celui d’un parti.
* Il devait faire allusion à ces emblèmes roses ou bleus de guerre civile figurant comme appel au crime une famille « traditionnelle » de quatre personnes se tenant par la main.
Crédit Photo : parti socialiste (cc)
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