Embarqué par les gendarmes… en bateau
Depuis 2012, la Lorraine compte une brigade fluviale de la gendarmerie. Les agents surveillent rivières, canaux et écluses comme d’autres le font pour la route. Reportage embarqué sur la Moselle.
17/08/2015 à 05:00 , actualisé le 17/08/2015 à 00:40
Les agents veillent à ce que les plaisanciers ne cèdent pas à la tentation de la vitesse. Photo Pascal BROCARD Les agents veillent à ce que les plaisanciers ne cèdent pas à la tentation de la vitesse. Photo Pascal BROCARD
Thierry, au volant de son bateau, soupire quand la brigade fluviale de la gendarmerie l’accoste et lui demande de couper le moteur. « Deux fois que je sors mon bateau, deux fois que vous me contrôlez », sourit le plaisancier, plutôt tenté par la vitesse. Ce n’est qu’un contrôle de routine. Dans le bateau de la gendarmerie, l’adjudant Anne Pereira fait une démonstration de l’éventail des missions à Nacer Meddah, préfet de Région. Elle est la responsable adjointe d’une brigade de 8 personnes créée à Metz en 2012 et compétente sur les 570 km de rivières et de canaux de Lorraine. Sans oublier les 300 écluses.
Thierry se détend. D’autant qu’il est parfaitement en règle : papiers, gilets de sauvetage conformes, extincteur, vignette VNF (Voies navigables de France). Il navigue depuis trente ans dans le secteur, entre bateau et jet ski.
La brigade fluviale a constaté 540 infractions depuis janvier 2015. Après 600 procès-verbaux dressés en 2014. L’infraction la plus courante est la tendance qu’ont les bateaux de commerce à présenter des équipages insuffisants, compte tenu des normes en vigueur dans les eaux internationales. Ce droit est applicable en Lorraine, d’Apach à Metz. Au-delà de cette limite territoriale, le droit intérieur, moins exigeant, prend le relais.
Sauts périlleux
Les gendarmes de cette brigade particulière contrôlent les voies fluviales comme leurs collègues la route. Papiers, vitesse, équipements, permis de pêche, comportement dangereux… Une longue liste de règles à respecter pour ne pas que les rivières et canaux soient des zones de non-droit.
En cet après-midi ensoleillé et terriblement chaud, l’eau a un fort pouvoir d’attraction. Anne Pereira et ses hommes, tous volontaires pour intégrer la brigade nautique, patrouillent sans rien perdre de ce qui se passe. Le sous-officier évoque la mauvaise habitude, terriblement dangereuse, qu’ont les enfants, généralement adolescents, de sauter de certaines passerelles.
Une poignée de minutes plus tard, les gendarmes assistent impuissants à plusieurs de ces sauts périlleux. Le temps d’accoster et les jeunes garçons disparaissent. Ils réapparaîtront très vite pour reprendre leurs jeux dangereux. « Cela me rend dingue », s’agace Anne Pereira.
Jean et Martine, domiciliés à Marly, manœuvrent dans l’écluse de Metz. « On passe toutes nos vacances d’été sur notre bateau », note Jean.
Vitesse limitée
Il a croisé quelques minutes auparavant la patrouille de gendarmerie. Ils se sont salués comme le font les bateleurs entre eux, en signe d’appartenance. « On est contrôlé une fois par an, tout au plus », poursuit Jean. Lui prend le temps. D’autres foncent. Dans la région, la vitesse est limitée à 30 km/h sur la rivière et 15 sur les canaux. Certains passages, identifiés par des panneaux, sont à négocier à 10 km/h. Sur l’eau comme sur le bitume, des contrôles de vitesse sont effectués par radars et des PV dressés.
A la sortie sud de Metz, la vitesse est libre sur une portion de 2,5km. Là, les trajectoires sinueuses des jet skis cohabitent avec les parcours rectilignes des skis nautiques. « Depuis que la brigade existe, les rapports entre ces deux pratiques sont meilleurs », assure l’adjudant.
Là, au cœur de la zone de vitesse, elle aperçoit, affolée, des baigneurs près d’un pilier de pont. Ce ne sont que des pompiers qui s’entraînent à la plongée… La brigade file déjà vers d’autres usagers de la route bleue.
P. R.