Mercredi 27 Novembre 2019
ACTUALITÉ
Elle était gendarme mobile, Bérénice change de vie pour devenir coach sportive
Par Marie-Ève NADAUDLa Normande Bérénice Tabourel fait partie des premières femmes sous-officiers à avoir intégré la gendarmerie mobile. Actuellement en congé sans solde, elle entreprend une reconversion afin de devenir coach sportive.
« Je ne pense pas avoir beaucoup de choses intéressantes à raconter », avance timidement Bérénice Tabourel. Pourtant, le parcours de la jeune femme de 23 ans, originaire de Meuvaines, dans le Calvados, à une dizaine de kilomètres de Bayeux, est déjà bien étoffé.
Actuellement en congé sans solde, elle a fait ses armes en tant que gendarme mobile. L’une des premières femmes sous-officiers à accéder à ce statut. « Mon père était sous-marinier. J’ai longuement hésité entre militaire et professeure de sport. »
Lorsqu’elle obtient son baccalauréat ES, avec mention bien, Bérénice a seulement 16 ans. « Inscrite en Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives), à la fac de Caen, j’ai aussi suivi une préparation pour être gendarme de réserve. » Elle exerce dès ses 18 ans fêtés, en juillet 2014. « Au bout d’une semaine, j’ai su que j’avais trouvé ma voie. »
15e sur 800 au concours de sous-officier
Ambitieuse, Bérénice tente le concours de sous-officier, en mars 2015. « Les gradés pensaient que je serais recalée à l’oral, parce que trop jeune. » Mais elle réussit brillamment et se classe 15e sur 800, avec « plus de 15 de moyenne à l’écrit, 19 à l’oral et 20 en sport ».
Elle intègre l’école de Montluçon (Allier), en octobre. Pour quelques jours seulement. « Le médecin en chef m’a déclarée inapte à l’engagement. » En cause, une ancienne opération du genou.
« Je faisais 30 heures de sport par semaine et aucune des visites médicales précédentes n’avait posé problème. » D’un naturel impulsif, la jeune femme accuse difficilement le coup. « Pendant un an, j’ai envoyé des courriers à des gradés de gendarmerie, des ministres, des sénateurs… »
Sans nouvelles, Bérénice s’oriente vers la police nationale, dont les conditions d’admission sont moins strictes, et obtient le concours de gardien de la paix. C’est alors qu’elle est convoquée par le service médical des armées à une contre-visite. « J’ai été reclassée apte. »
Elle incorpore l’école de Châteaulin (Finistère), en octobre 2016. « Un mal pour un bien finalement, car c’est seulement à partir de cette période que les femmes sous-officiers ont été autorisées à intégrer la gendarmerie mobile. Mon souhait. »
Notre-Dame-des-Landes, Gilets jaunes…
À l’issue dela formation, Bérénice est affectée à l’escadron de Drancy (Seine-Saint-Denis), composé d’environ 110 gendarmes mobiles. « On était seulement deux femmes, à devoir prouver qu’on valait autant que les hommes. »
Au bout de quelques mois, son escadron est envoyé en Guyane, pour lutter contre l’orpaillage illégal. « On alternait semaines de garde à la caserne et missions en forêt. » La jeune femme (1,70 m pour 50 kg) est équipée d’un paquetage d’une trentaine de kilos. « Ça m’a permis de prouver aux personnels masculins que je n’étais pas une princesse ! » sourit celle qui posait, et encore aujourd’hui, en tant que modèle photo.
De retour en France métropolitaine, elle s’attelle, avec son escadron, au démantèlement de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). « Pendant deux semaines, non-stop. De nombreux gendarmes ont été blessés. Des situations marquantes. »
Puis enchaîne quelques mois plus tard, avec le mouvement des Gilets jaunes, dès le 17 novembre. « On était à l’Arc de Triomphe le 1er décembre. »
Mobilisé tous les samedis, l’escadron repart en mission, à Tahiti, en février. « Le mouvement perdurant, on a appris au retour que nos permissions étaient susceptibles de sauter. Je suis très attachée à la Normandie, ma région me manquait. »
C’est alors que Bérénice envisage de se reconvertir en coach sportive. En formation en alternance à Rouen, elle encadre des gymnastes dans un club à Saint-Lô, 20 heures par semaine. Bienveillante et à l’écoute des autres, elle intervient également en contrat civique à District 14, une salle de parcours d’obstacles, à Hérouville-Saint-Clair. « Les gérants m’ont dit croire en mon potentiel », révèle-t-elle, avec humilité.
Son prochain objectif ? « Participer à Ninja Warrior ! » L’exigeante jeune femme peut compter sur le soutien de son compagnon, Maxi Ben-Medjani, finaliste de l’émission l’été dernier.