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Le - Double attaque de la gendarmerie de L’Isle-sur-le-Doubs : trois pieds nickelés à la barre

Double attaque de la gendarmerie de L’Isle-sur-le-Doubs : trois pieds nickelés à la barre

Deux soirs de suite, début décembre, ils avaient tiré au mortier d’artifice sur la façade de la gendarmerie de L’Isle-sur-le-Doubs. Jugés mardi 10 décembre en comparution immédiate, deux d’entre eux ont été condamnés à des peines de prison ferme. Le troisième, qui a filmé la scène, a été relaxé.

Compte rendu d’audience : Alexandre Bollengier 

Aujourd’hui à 14:45 | mis à jour aujourd’hui à 17:39

Photo d'illustration Jérôme Humbrecht
Photo d’illustration Jérôme Humbrecht

On n’a « pas réfléchi », confessent-ils à la barre d’une voix mal assurée. Ils ont agi « sur un coup de tête », ont fait « une connerie » et présentent leurs excuses aux gendarmes. Leur mea culpa peine à convaincre. Plus ils s’approchent du micro, moins on les entend. Et « on ne voulait blesser personne », complètent-ils.

Pourtant, le 2 décembre dernier, peu avant minuit, Lorenzo Julian, 20 ans, a tiré au mortier d’artifice sur la façade de la gendarmerie de L’Isle-sur-le-Doubs pour apporter son soutien à un ami alors en garde à vue. Des tirs rasants dont les conséquences auraient pu être dramatiques. Dans les logements des militaires tout proches, ce fut la panique. Les familles – femmes et enfants – ont été réveillées en sursaut.

Vidéo sur Snapchat

Le prévenu a renouvelé les tirs de mortier le lendemain soir alors que son ami ne se trouvait plus dans les locaux de la gendarmerie. Jugé en comparution immédiate mardi 10 décembre à la Cité judiciaire de Montbéliard, il a été condamné à douze mois de prison ferme. Un sursis probatoire de dix mois, prononcé il y a un mois et demi lors d’un jugement pour un vol de motocross, a par ailleurs été révoqué à hauteur de trois mois.

Deux autres pieds nickelés, au casier judiciaire vierge, l’ont accompagné dans sa double équipée nocturne à L’Isle-sur-le-Doubs : l’un, 20 ans, s’est lui aussi mué en artificier pendant que l’autre, 18 ans, filmait avec son portable. La vidéo a été postée sur Snapchat. Le premier a été condamné à dix-huit mois de prison, dont douze avec sursis, le second a été relaxé.

En présence du n°2 de la gendarmerie du Doubs

« Si votre famille s’était retrouvée à l’intérieur de la gendarmerie, auriez-vous agi de cette façon ? », interroge Ayméric Gelix, le président du tribunal. Un timide « non » sort de la bouche de Lorenzo Julian, le meneur. Jusqu’ici salarié en CDI avec un honnête salaire, il est loin d’être un marginal. L’un de ses acolytes s’apprêtait à suivre une formation de chaudronnier, l’autre est titulaire d’un CAP de paysagiste.

Les proches des gendarmes ont été profondément marqués par cette double attaque. « Je n’avais jamais vu mon épouse à ce point terrifiée », a expliqué l’un d’eux. « Aujourd’hui, elle a peur de rester seule à notre domicile. Psychologiquement, elle ne va pas bien. »

Jérémy Lhadi, représentant du ministère public, a dénoncé « des faits d’une exceptionnelle gravité », « une atteinte inacceptable aux forces de l’ordre, à l’autorité, à l’institution judiciaire dans son ensemble, à l’État », tout en insistant sur les victimes et leur désarroi. Le n° 2 de la gendarmerie du Doubs a fait le déplacement depuis Besançon, mardi 10 décembre, pour leur témoigner son soutien.

Préjudice moral

Pour deux des prévenus, le tribunal est allé au-delà des réquisitions du ministère public. Celui-ci avait réclamé douze mois de prison, dont six avec sursis, pour Lorenzo Julian – avec la révocation de son sursis probatoire à hauteur de six mois – et douze mois de prison, dont six avec sursis, pour le second tireur de mortier. Il avait requis six mois de prison avec sursis pour le prévenu-vidéaste finalement relaxé.

Les deux jeunes hommes condamnés devront par ailleurs acquitter solidairement des dommages et intérêts pour préjudice moral à cinq familles de gendarmes. Pour chacune, les sommes oscillent entre 300 et 500 euros.

Source : www.estrepublicain.fr

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