Dix mois ferme pour avoir cassé le nez d’un gendarme
Tahiti, le 21 septembre 2020 – Déjà condamné à 18 reprises et récemment sorti de prison, un multirécidiviste de 23 ans a été jugé en comparution immédiate lundi pour des violences commises sur un gendarme. Poursuivi pour avoir mis un coup de tête à ce dernier et lui avoir fracturé le nez alors qu’il était ivre, le prévenu a été condamné à mois de prison ferme.
Cinq mois après sa sortie de prison, un homme de 23 ans particulièrement bien connu de la justice, a été jugé lundi en comparution immédiate pour répondre de faits de rébellion et de « violences aggravées par deux circonstances sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Dans l’après-midi du 18 septembre à Punaauia, le jeune homme avait cotisé avec l’un de ses amis pour acheter de l’alcool. D’autres jeunes, qui n’étaient pas conviés, s’étaient incrustés dans cette petite bringue, ce qui avait fortement déplu au prévenu. Une bagarre avait alors éclaté et les policiers municipaux ainsi que les gendarmes avaient dû intervenir pour calmer les choses.
Alors qu’il était maîtrisé par les forces de l’ordre, le mis en cause, ivre, avait mis un violent coup de tête à un gendarme. Il lui avait fracturé le nez, lui occasionnant ainsi une incapacité totale de travail (ITT) de dix jours.
« Limite » à ne « pas dépasser »
Tel qu’il l’a expliqué à la barre du tribunal correctionnel lundi, le prévenu, qui vit de petits boulots, n’a pas de « souvenirs précis » de la scène. « Je ne me rappelle plus du début, ni du milieu ni de la fin », a-t-il ainsi affirmé face à la présidente du tribunal qui lui a fait remarquer qu’il était bien dommage qu’il ait frappé ce gendarme. « Les forces de l’ordre allaient juste vous placer en cellule de dégrisement afin que vous retrouviez vos esprits. Vous auriez été libre dès le lendemain ! » À la barre, le gendarme victime du coup de tête a déploré un passage à l’acte excessif : « Ce genre d’intervention, c’est notre quotidien mais là, il a dépassé la limite qu’il ne fallait pas dépasser ! »
Pour la défense du militaire, Me Maya Piriou a évoqué la personnalité du prévenu qui présente une « intolérance à l’autorité » et dont le casier judiciaire porte, « déjà », une mention pour « outrage à magistrat ». « Il ne supporte pas la contrainte et se justifie en disant qu’il ne se souvient pas, c’est un peu facile ! ». Une analyse partagée par le procureur de la République qui a requis huit mois de prison ferme à l’encontre du jeune homme qui, malgré onze années de suivi socio-judiciaire et de mesures visant à l’aider, n’a toujours pas intégré le « sens des valeurs ».
Lors de sa plaidoirie, l’avocate du multirécidiviste, Me Karina Chouinni, a vivement affirmé que son client n’avait pas eu « la volonté particulière de s’en prendre aux forces de l’ordre » et qu’il n’avait jamais « essayé de travestir » les faits commis alors qu’il était alcoolisé. Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné le prévenu à dix mois de prison ferme assortis du maintien en détention. Il devra indemniser le gendarme à hauteur de 70 000 Fcfp.
Rédigé par Garance Colbert le Lundi 21 Septembre 2020 à 18:41