Des militaires français ont bien été arrêtés près de Montélimar, parce que leurs plaques étaient couvertes de boue et qu’ils n’étaient pas reconnaissables, selon la gendarmerie.
Question posée par Éric le 23/11/2018
Bonjour,
Vous écrivez à CheckNews : «Cette vidéo publiée le 23 novembre à 8h54 est rendue à 100 000 partages et 1,5 million de vues à 16h15, le même jour. Il est dit que des gendarmes arrêtent des militaires qui auraient mis un gilet jaune sur leur tableau de bord. Or plusieurs personnes évoquent un défaut de plaque d’immatriculation. Difficile de trouver la source de la vidéo. Même si dans tous les cas, la page qui l’a relayée ne sent pas bon.» CheckNews n’a pas trouvé d’autres occurrences de cette vidéo, si ce n’est sur Dailymotion.
On entend mal ce qui se dit dans la vidéo. Si ce n’est, à la fin, que le gendarme interpelle le militaire sur ses «plaques d’immatriculation». On aperçoit ce qui ressemble à un gilet jaune sur le tableau de bord.
D’où les interrogations : des militaires ont-ils été arrêtés parce qu’il soutenaient les gilets jaunes?
Boue sur les plaques d’immatriculation
De sources concordantes, CheckNews a appris que la scène se déroulait à l’entrée de l’autoroute A7, au nord de Montélimar (Drôme), mercredi 21 novembre en fin d’après-midi.
«Les soldats rentraient de manœuvres», explique à CheckNews le porte-parole de l’armée, sans vouloir donner leur unité ou la nature de l’exercice. C’est au cours de celui-ci que les plaques d’immatriculation de leur camion seraient devenues illisibles car recouvertes de boue. C’est pour cette unique raison que les hommes ont été arrêtés, selon l’armée.
Vous nous avez aussi demandé :«Qui est Frank Buhler, un des «porte-parole» des gilets jaunes ?»
Ces plaques illisibles ont poussé les gendarmes à les arrêter, confirme le service communication de la gendarmerie… quine livre pas tout à fait la même version que l’armée…. Car le Sirpa assure également que les hommes à bord «n’étaient pas reconnaissables», peut-être à cause «passe-montagnes». «Le camion aurait pu avoir été volé par des personnes mal intentionnées», résume notre interlocuteur, d’où l’arrestation.Dans un premier temps, les bidasses ont même rechigné à donner leurs papiers d’identité aux pervenches, poursuit le service com’.
Selon deux témoins membres des gilets jaunes jointes par CheckNews, les militaires ne voulaient en fait pas être reconnus. Les deux femmes que nous avons contactées rapportent même qu’ils portaient des«cagoules». L’une d’elles raconte également qu’ils avaient délibérément enduit leurs plaques de boue, et qu’un des jeunes militaires lui aurait dit de demander aux gilets jaunes présents de ne pas diffuser les photos et vidéos de l’événement. L’armée assure pour sa part que les soldats étaient à visage découvert.
«Ils cherchaient leur chemin»
Reste la question du soutien au mouvement des gilets jaunes. Le porte-parole de l’armée assure qu’il n’en est rien, rappelant que les troupes sont tenues au devoir de réserve.
Les membres des gilets jaunes interrogées sont quant à elles sûres que les treillis étaient là pour les soutenir. L’une des deux assure qu’ils auraient fait plusieurs tours de rond-point – «au moins 2», concède la gendarmerie. L’autre jure qu’ils ont agité leurs gilets jaunes et qu’ils klaxonnaient à l’adresse des manifestants.
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«Ils cherchaient simplement leur chemin pour rentrer chez eux et ont plus été bloqués par les gilets jaunes qu’ils ne les soutenaient» objecte de son côté l’armée de terre.
Après les vérifications, les militaires ont été autorisés à reprendre la route. «Un rapport a été remis à leur hiérarchie», conclut le Sirpa. «Un dialogue a été établi entre les officiers de liaison», confirme l’armée de terre.
En résumé : Armée, gendarmerie et témoins s’entendent à dire que l’arrestation a eu lieu parce que les plaques du camion militaire étaient couvertes de boues. Gendarmerie et témoins assurent que les militaires avaient le visage masqué, ce que conteste l’armée. Pour les gilets jaunes, l’objectif des soldats étaient de soutenir anonymement leur mouvement. L’armée récuse cette version : les soldats rentraient simplement d’exercice.