Delphine Scandella : une femme d’honneur
MIS EN LIGNE LE 30/11/2019 À 10:21
CORINNE LANGEDANS CET ARTICLE
À 41 ans, Delphine Scandella, native de Charleville-Mézières, est à la tête de la plus importante compagnie de gendarmerie de Seine-et-Marne. Elle a sous ses ordres 180 militaires.
Elle a le sens du service public chevillé au corps. Un gène hérité de sa famille. Et pourtant, rien ne semblait prédestiner Delphine Scandella à embrasser une carrière de gendarme et encore moins celle d’officier. Et pourtant, depuis le 1er août, cette Carolomacérienne de 41 ans commande la plus importante compagnie de Seine-et-Marne. Celle de Coulommiers, un secteur dix fois plus grand que Paris, avec pas moins de 180 personnes sous ses ordres. « Aujourd’hui, je ne me verrai pas faire autre chose », confie celle qui avec un papa sous-officier en gendarmerie, a toujours vécu en caserne. « Un modèle pour moi ».
C’est sans doute sa sœur Lise qui lui a donné l’envie de s’engager dans l’institution. Titulaire d’un BTS trilingue, Delphine trouve alors un job d’été au Service départemental d’incendie et de secours des Ardennes. Un premier pas dans le service public. Elle passe et réussit le concours de sous-officier et rejoint l’école où elle se classe 1ère féminine et 4e de sa promotion. Un excellent classement qui lui permet de choisir son affectation. Mais à la grande surprise de ses professeurs, elle opte pour les Ardennes. Ce sera la compagnie de Revin où elle restera durant quatre ans. « C’est à Revin que j’ai vraiment eu l’impression d’apprendre mon métier, avec toutes les difficultés que l’on peut rencontrer dans les Ardennes. Et déjà cette problématique des interventions où l’on se fait caillasser ». La jeune Ardennaise se passionne très vite pour le travail d’enquête et d’investigation. « Je choisis alors de m’orienter vers le service judiciaire ». Elle prépare alors son examen d’officier de police judiciaire qu’elle validera à Dijon après avoir rejoint la section de recherche.
En 2007, Delphine Scandella saute le pas et passe le concours d’officier. « Je me suis particulièrement impliquée au cœur d’une institution qui m’épanouit pleinement ». Preuve en est, elle termine 6e sur 150 à l’école de Melun. Et poursuit sur sa lancée en choisissant la police judiciaire. « Il n’était pas question que je m’enferme dans un bureau ». Son premier commandement l’emmène à Rouen au sein de la section de recherche et la division sur les atteintes aux biens : les vols de frets et les vols à main armée. « Cela m’a permis de travailler avec des gendarmes qui avaient un niveau d’expertise très élevé et une technicité très pointue ». Elle enquête alors sur des dossiers sensibles.
“On a une obligation de résultat pour les victimes dont le traumatisme
est souvent important”
Mais pas question de quitter le terrain malgré un commandement. « En SR, on a cette opportunité d’accompagner les enquêteurs sur le terrain et de leur apporter les moyens. Et parallèlement, on assure la relation avec les magistrats ».
Son professionnalisme ne passe pas inaperçu et entre 2012 et 2015, elle crée le groupe d’observation (GOS) et de surveillance en Normandie. Il regroupe des gendarmes d’élite dont le domaine d’action s’inscrit dans la grande criminalité organisée. Mission accomplie pour Delphine Scandella en 2015. L’heure est à la mutation ; c’est un service particulier que rejoint l’Ardennaise : l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN). L’équivalent de la police des polices chez les gendarmes. Sa fonction est double : « Défendre les intérêts de la gendarmerie lorsqu’elle est mise en cause à tort. Vérifier que le gendarme a agi conformément à sa mission lorsqu’il est contraint de faire usage de la force ». Elle travaillera sur des dossiers aussi médiatisés que la mort de Rémi Fraisse ou Adama Traoré. « Au bout de quatre ans, période normale pour partir, j’ai demandé une autre affectation ». Une période charnière qu’elle met à profit pour fonder une famille et mettre au monde une petite Andréa. Nommée patronne de la compagnie de Coulommiers le 1er août, elle a pris ses fonctions le 12 novembre. Mais la jeune commandante n’oublie pas pour autant ses racines ardennaises. « C’est chez moi. J’y ai ma famille. Revenir dans les Ardennes constitue une véritable bouffée d’oxygène ».
CORINNE LANGEBio express
Delphine Scandella est née le 13 juillet 1978 à Charleville-Mézières.
Entre 2000 et 2004, elle termine 1ère féminine de sa promotion et 4e au classement général. Elle choisit de faire ses armes à la brigade territoriale de Revin avant de rejoindre la section de recherches de Dijon.
En 2007, elle réussit le concours d’officier et fait ses classes à l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN) à Melun.
De 2009 à 2015, elle est affectée à la section de recherches de Rouen.
Jusqu’en 2019, l’Ardennaise œuvrera au sein de l’IGGN, l’inspection générale de la gendarmerie nationale.
Le 1er août 2019, elle est nommée commandant de la compagnie de Coulommiers. Elle a pris ses fonctions le 12 novembre après avoir donné naissance à une petite fille.L’uniforme, une histoire de famille
Chez les Scandella, père et filles, on a opté pour le képi. « Je suis issue d’une famille de gendarmes. J’ai toujours vécu en caserne », sourit Delphine. Son père, Alain, sous-officier à la retraite, a effectué l’ensemble de sa carrière dans les Ardennes. Ses sœurs ont suivi la même voie : Lise en poste à Charleville-Mézières et Florence à Chaumont. Mais l’histoire d’amour de la famille Scandella avec l’uniforme ne s’arrête pas là. Chez les Scandella, je demande les cousins. Yannick, lui, a opté pour une carrière professionnelle chez les pompiers, effectuée dans les Ardennes et qui vient de s’achever cet été au Service départemental d’incendie et de secours des Ardennes (SDIS). Gérald, lui aussi, a embrassé l’uniforme mais celui de la police et a préféré la casquette au képi. Il dirige actuellement l’unité territoriale au commissariat de Charleville-Mézières.
De quoi faire sourire Alain Scandella : « Il est passé à l’ennemi (sic) Mais il n’est pas le seul », plaisante le père de Delphine qui ne cache pas sa fierté à l’annonce de la nomination de son officier de fille à Coulommiers. En effet, l’Ardennaise qui a donné naissance à une petite Andréa il y a trois mois, a pour compagnon… un policier. Marc-Antoine travaille à la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) au sein de la préfecture de police de Paris. « Je ne sais pas si on poussera notre fille à embrasser cette carrière car le temps ne nous appartient plus. Mais si c’est son choix, on le respectera. L’important c’est qu’elle s’accomplisse et s’épanouisse dans sa vie », confie la jeune maman.