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Le - Défilé du 14 juillet : Emmanuel Macron dans les pas d’Eva Joly

Fête nationale

Défilé du 14 juillet : Emmanuel Macron dans les pas d’Eva Joly

Par Juliette Mély — 5 juin 2020 à 17:12

Lors du défilé du 14 juillet 2019.
Lors du défilé du 14 juillet 2019. Photo Charles Platiau. Reuters

Face à l’épidémie de Covid-19, le défilé militaire sera remplacé par une cérémonie, rendant hommage aux personnes engagées contre le virus. Une idée proche de celle de l’ex-candidate écolo à la présidentielle.

  • Défilé du 14 juillet : Emmanuel Macron dans les pas d’Eva Joly

Cette année, pas de défilé militaire pour le 14 juillet. Une première depuis l’après-guerre pour cette tradition qui date de juillet 1880 et qui visait à la base à solidifier la fragile IIIRépublique. L’exécutif justifie cette décision par la crise sanitaire. A la place, pour célébrer quand même la fête nationale, une cérémonie statique se tiendra place de la Concorde dans le respect des règles de distanciation physique.

Une célébration adaptée aux circonstances

Cette année, la cérémonie n’impressionnera pas le locataire de la Maison Blanche, alors que trois ans plus tôt, celui-ci qualifiait le défilé militaire comme «un des plus formidables» qu’il ait vu. Effectivement, le 14 juillet, la fête nationale sera maintenue mais «réinventée et adaptée aux circonstances», selon les dires de la ministre des Armées, Florence Parly. En conséquence, cette commémoration annuelle sera placée sous le signe de la prudence et ne comprendra qu’«un dispositif resserré ramené à 2 000 participants et environ 2 500 invités», comme le précise la présidence, le gouvernement ne pouvant courir le risque d’un rassemblement de 4 000 militaires comme ce fut le cas l’an dernier. Prévue place de la Concorde, dans le VIIIarrondissement de Paris, la cérémonie sera statique et interdite au public sauf amélioration notable du contexte épidémique.

Toutefois, malgré l’absence de blindés et de parade militaire, le public pourra admirer le défilé aérien dont le but «est de mettre à l’honneur la participation de nos armées dans la lutte contre le Covid-19», comme le souligne l’Elysée. Et la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a d’ailleurs annoncé que la fête nationale serait «une occasion supplémentaire de manifester l’hommage et la reconnaissance de la nation à tous ceux qui se sont engagés dans la lutte contre le Covid-19». L’objectif poursuivi du gouvernement est donc de remercier tous ceux, civils ou militaires, qui ont participé à lutter contre le virus, raison pour laquelle le personnel soignant des hôpitaux mobilisés fera partie des invités de la cérémonie.

La proposition d’Eva Joly remise au goût du jour

La cérémonie marquée par une relative démilitarisation en l’absence de démonstration de force spectaculaire n’est pas sans rappeler la proposition qu’avait émise Eva Joly en 2011, alors candidate d’EE-EV à l’élection présidentielle de 2012. Celle-ci proposait, en effet, la suppression du défilé du 14 juillet, condamnant un symbole de valeurs guerrières et archaïques, voire de «la France puissance coloniale». C’est ainsi qu’elle imaginait à la place un «défilé citoyen» où enfants, étudiants, et séniors pourraient se réunir pour célébrer des valeurs communes. Mettant, par ailleurs, en exergue son coût financier et écologique, l’ex-magistrate rappelait surtout l’illégitimité du défilé militaire et de la présence de chars et blindés dans une fête initialement populaire.

A l’époque, Eva Joly s’était attiré les foudres de diverses personnalités politiques à l’image de François Fillon (alors Premier ministre) qui arguait une mauvaise connaissance des traditions et valeurs françaises, faisant implicitement référence à sa double nationalité franco-norvégienne. Cet argumentaire rejoignait, non sans surprise, celui du Rassemblement national (alors encore Front national), Marine Le Pen pointant les origines étrangères de l’ex-candidate. Réagissant jeudi soir à la décision d’Emmanuel Macron, le RN a crié au scandale et fait valoir l’illégitimité de la décision, accusant le chef de l’Etat de «déconstruire la France» en suspendant, pour un an, ce défilé symbole de «l’unité de la République». Elle s’en remettra.

Juliette Mély

Source : www.liberation.fr

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