Dans la Sarthe, une gendarmerie antisismique !
Cadeau empoisonné pour la ville de Beaumont-sur-Sarthe : le maire a dû appliquer de nouvelles normes contre les tremblements de terre. Bilan : 20 000 € de plus pour construire la nouvelle gendarmerie et sa cellule antisismique ! Surréaliste ? Un peu…
« On paye pour protéger les canailles des tremblements de terre ! »François Robin est à la fois un maire heureux et agacé. Il a réussi à maintenir une gendarmerie, avec huit hommes, dans sa commune de 2 145 habitants. Mais en échange, il a fallu construire une nouvelle gendarmerie à 1,6 million d’euros.
Son sang n’a fait qu’un tour lorsqu’il a appris qu’il avait l’obligation d’appliquer des normes antisismiques ici, au cœur de la Sarthe. Cette norme de 2013 « pondue » par un ministère parisien a drôlement fait sourire. « On n’a aucune mémoire de séisme ici : mon premier adjoint est né en 1928, il n’en a jamais connu ! » Mais c’est ainsi : Beaumont-sur-Sarthe est classée dans l’état des risques naturels et technologiques majeurs en catégorie « 2 ». C’est-à-dire en zone sismique à risque « faible ». Mais risque quand même pour l’administration, qui ne badine pas avec ça.
Même en taule !
« Tous les lieux qui accueillent du public doivent être prévus pour résister en cas de tremblement de terre. » Voilà comment, depuis octobre 2014, Beaumont-sur-Sarthe a le privilège d’être la première gendarmerie de France construite aux nouvelles normes antisismiques. Même la cellule des gardés à vue : une couchette, un urinoir et une grosse porte blindée, c’est là aussi de l’antisismique. Alors pour s’évader, tintin !
Respectueux des lois de la République, François Robin a fait appliquer la norme. Mais ça le rend chafouin quand on sait que le dernier tremblement de terre dans le secteur remonte à… 304 ans ! Le 6 octobre 1711 entre 8 et 9 h du soir, selon le carnet du curé Étienne Plessis, de la paroisse de Saint-Julien-en-Champagne, dans le Perche Sarthois. Oui, le sol a tremblé. Deux fois en un quart d’heure.
Beaumont-sur-Sarthe a appliqué la norme. Le conseil municipal a payé rubis sur ongle la gendarmerie. Depuis, toutes les nouvelles gendarmeries de France commencent à se plier aux mêmes contraintes – notamment, en Sarthe, celles de Ballon et Connerré. Ironie de l’histoire : alors que les détenus sont dans l’unique cellule antisismique, les logements des gendarmes, eux, ne sont pas aux normes. Parce que ce n’est pas un lieu public ! L’État a prévu le prévenu, rien de plus !