Cyclisme : le gendarme qui veut passer pro
En 2013, il avait préféré assurer son avenir en devenant gendarme à la Garde Républicaine. Le coureur de Nogent vient de prendre un congé sans solde dans l’espoir de faire carrière.
« J’ai un parcours atypique, sourit le coureur arrivé à Nogent cette saison, mais j’aime bien être comme ça. C’est ma philosophie de vie, je ne suis pas banal et je le fais savoir, ça ne me dérange pas. J’ai quand même eu la chance pendant quatre ans de protéger le palais de l’Elysée. »
Il y aura connu deux présidents, François Hollande et Emmanuel Macron, et gardé de nombreux souvenirs. Des souvenirs douloureux, comme les cérémonies d’hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015 et de Nice ; d’autres plus plaisants, comme les visites de personnalités étrangères à l’Elysée.
« Obama et le roi d’Espagne font partie de ceux qui m’ont le plus marqué, confie Quinio. Obama et sa grosse voiture blindée, sa grande carcasse, sa prestance, ça fait quelque chose. Le roi d’Espagne, parce que c’était l’un de mes premiers. » Quatre ans qui l’ont fait grandir. « Ça m’a permis de prendre beaucoup de maturité parce que je suis sorti de ma petite campagne, et j’ai rencontré des personnalités. Même si on est de l’autre côté de la barrière, c’est intéressant à voir. L’Elysée est un monde à part, tout y est millimétré. »
Un monde qui passe en mode sécurité maximale après les attentats du 13 novembre. « Ça devenait trop compliqué de travailler et de faire du vélo à côté », se souvient Adrien Quinio. Lui qui avait disputé les Jeux Mondiaux militaire en Corée du Sud en septembre 2015 (6e du chrono individuel ; médaille d’argent par équipes) tire un trait. « J’ai arrêté, et je me suis mis à la course à pied pendant deux ans. » En 2016, il termine 83e des 20 km de Paris (1h10’56’’), en février 2017 il court les Championnats de France de cross à Saint-Galmier (366e, les 10,2 km en 36’39’’), et en mars 2018 il est encore 5e du semi-marathon de Vichy (1h16’11’).
Mais sa passion du vélo n’était qu’en sommeil. « J’ai repris en mars 2018, j’étais 2e catégorie, se souvient Quinio. Je voulais m’amuser, prendre du plaisir. J’ai fait une vingtaine de courses l’an passé, une 2e place en Elite, quelques places en 1e catégorie. » L’appétit revient en mangeant : « Je me suis dit : ce n’est pas normal que tu sois plus fort que des mecs qui ne font que ça alors que tu bosses. Tu fais de la course à pied à côté, et tu arrives encore à faire des trucs sympas.» Il se motive. « Quand je vois les mecs devant qui j’étais au Chrono des Nations Espoirs (NDLR : Johann Van Zyl, 6e ; Fabien Grellier, 7e ; Lilian Calmejane, 8e), ça me rend fou, lance Quinio. Je me suis dit : tu as raté quelque chose. »
C’est pour ne plus rien rater, et surtout ne rien regretter plus tard, qu’il joue son va-tout cette saison à Nogent dans l’espoir de passer pro. « Je veux prendre du plaisir parce que c’est la clé de la réussite, assure Quinio. On verra à la fin de la saison ce qu’il adviendra. »