GENDARMERIE
COURS D’EAU DE MEURTHE-ET-MOSELLE : L’ÉTÉ CHAUD DE LA BRIGADE FLUVIALE
Des cours d’eau aux berges, cette unité spéciale est sur tous les fronts : contrôles des bateaux, baigneurs inconscients, excès de vitesse, usages de stup, pêche interdite, voitures volées…
Poussé par son moteur de 150 CV, le bateau léger file à plus de 50 km/h sur la rivière. Au loin, un héron passe en vol au ras des flots. Des cigognes font même une pose sur la berge. L’écran du sonar affiche une température de l’eau de 25°. Dans le collimateur : une pénichette qui vogue vers l’aval de la Moselle, au nord de Nancy. « Gendarmerie ! », annonce l’équipage en se plaçant bord à bord avec la belle embarcation de plaisance « Contrôle police ? » réplique, un peu surpris et avec un français approximatif, un couple d’Anglais. Deux gendarmes grimpent déjà sur la pénichette pour une vérification des papiers, des permis, des équipements de sécurité…
Philippin, roumain, turc…
Aux commandes de son embarcation, qui « peut être mise à l’eau en moins de 10 mn » et être transportée à des dizaines de kilomètres très rapidement, le major Patrick Beauvoir a repris un peu le large pendant que ses gendarmes mènent le contrôle sans interrompre la navigation. C’est notamment crucial pour les bâtiments commerciaux qui ne veulent pas perdre leur temps ni leur rang aux écluses et aux ports.
Sa jeune unité, forte de huit hommes et femmes, surveille depuis trois ans en Lorraine près de 560 km de cours d’eau ! Pas rien. On y croise tout un monde. Sinon le monde entier : « Personnels philippin ou roumain sur les péniches, pêcheurs néerlandais ou scandinaves, touristes turcs, allemands, australiens… ». La différence avec l’autoroute, c’est que prendre la fuite pour un contrevenant ne mène pas bien loin ! « Une écluse ne se passe pas comme une barrière de péage ».
Le quotidien de ces gendarmes, qu’on pourrait croire cool à les voir en shorts en été et au fil de l’eau, est aussi dense que celui d’une unité d’intervention. « Que ce soit sous le soleil ou sous la neige ! », précise le gendarme Leslie Sciacaluga. Et d’expliquer, avec son homologue Patrick Clovis : « Sur l’eau ou sur les berges, on retrouve toutes les problématiques classiques : vitesse, alcool, consommation de stupéfiant sur les rives, découverte de voitures volées, corps flottants, construction illégale en zone inondable, utilisation interdite de chemins de halage… Sans oublier les baigneurs qui font fi des interdictions, avec les risques qui en découlent.
Bateaux géolocalisés en temps réel
Mission première : contrôler le trafic, le temps de travail des mariniers etc. « En cette saison, nous vérifions évidemment le respect des équipements de sécurité des plaisanciers », explique les gendarmes en abordant… le bateau accompagnateur de rameurs à l’entraînement. « Tout est OK. Ce n’était pas le cas au dernier contrôle. Comme quoi… ».
Coup d’œil à leur tablette. La patrouille dispose en effet d’un accès en temps réel aux mouvements des bateaux équipés du système de géolocalisation AIS. Mais aussi aux contrôles effectués à l’échelle européenne. L’équipage sait si un automoteur marchand a déjà été inspecté. Et où. Trois semaines par an d’ailleurs, les unités d’Europe lancent des opérations coordonnées dans le cadre du dispositif Aquapol. Et la brigade fluviale organise aussi, si besoin, des opérations nocturnes. Pour contrer par exemple des opérations de pêche illicites par des ressortissants des pays de l’Est.
Le bateau se faufile maintenant sur un plan d’eau en se jouant du manque de fond. « Il faut lire la rivière », glisse un gendarme. Et c’est notamment vrai sur la Moselle sauvage !
Ghislain UTARD