Contrôles du confinement : des policiers dénoncent des gendarmes trop tatillons
Un chef de service parisien affirme même au Parisien-Aujourd’hui en France que des policiers auraient été verbalisés par des gendarmes. Si ces derniers démentent, il y a bien eu des tensions sur le terrain.
Par Jean-Michel Décugis avec Florian LoisyLe 23 mars 2020 à 19h22, modifié le 24 mars 2020 à 06h51
Des gendarmes ont-ils fait preuve d’un peu trop de zèle vis-à-vis de leurs homologues policiers lors des premiers jours de confinement décrété à cause du coronavirus? Ou assiste-t-on à un énième épisode de la guéguerre police-gendarmerie? Dans un message adressé à ses unités et daté de la semaine dernière, un chef de service de la Direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) de la préfecture de police de Paris affirme que le ministère de l’Intérieur a recadré la gendarmerie nationale après la verbalisation de policiers par certains pandores. Ceci alors que les agents se trouvaient sur le trajet domicile-travail.
Selon la note, il aurait ainsi été fermement rappelé à la gendarmerie, « de faire preuve de discernement » et de « ne plus inquiéter les personnels des forces de l’ordre en circulation », leur carte professionnelle dite de réquisition servant même de sésame pour leur trajet privé.
Contacté, le ministère de l’Intérieur dément un quelconque rappel à l’ordre des pandores par la place Beauvau, la semaine dernière. Seules des directives générales, précise-t-on, ont été données aux forces de l’ordre pour faciliter l’accès circulation des personnels porteur de cartes professionnelles (policiers, gendarmes, journalistes, douane, personnel soignant…). Celles-ci ne dispensent pas les policiers (et les autres) de devoir présenter l’attestation de déplacement dérogatoire lors de trajets privés.
Quelques incidents
Selon nos informations, quelques incidents auraient bel et bien eu lieu entre gendarmes et policiers lors de contrôles de circulation effectués par les premiers sur les seconds, comme nous le confirme un haut gradé de la préfecture de police de Paris. Des agents habitant en banlieue parisienne, Seine-et-Marne et Essonne notamment, se sont fait contrôler de façon un peu trop zélée par les gendarmes alors qu’ils venaient travailler dans la capitale.
Idem pour des agents vivant dans l’Oise. Ce qui a conduit Didier Lallement, le préfet de police de Paris, à saisir son conseiller gendarmerie. « Une non-histoire. C’était au début du confinement. Personne n’était encore très au fait des caractères dérogatoires », répond-on ce lundi à la préfecture de police. Il est à noter que le ministre de l’Intérieur n’avait pas, à l’époque, précisé que la carte professionnelle suffisait pour les trajets domicile travail.
Aucune verbalisation
Une chose est sûre, à cette heure, aucune verbalisation de policier par un gendarme ne semble être remontée place Beauvau, ni même aux syndicats de police. « Il y a eu des ajustements au tout début, mais il n’y a jamais eu aucune verbalisation », assure-t-on à la direction générale de la gendarmerie nationale. Et un officier de s’interroger : « Qui fait valoir de fausses informations, et quand quel but ? »
La gendarmerie dément l’information selon laquelle deux policiers en uniforme se sont fait contrôler, jeudi, sur l’A7, au péage de Lançon-Provence (Bouches-du-Rhône) dans une voiture sérigraphiée avec rampe et gyrophare, par trois gendarmes, comme l’affirme un policier dans La Provence.