Tribunal correctionnel
Condamné à huit mois de prison avec
sursis pour avoir outragé, par
courrier, les gendarmes
CHÂTEAU-CHINON (VILLE) JUSTICE
Publié le 07/05/2017 à 08h00
« Que ce soit le Pape, Jésus, Christian Paul ou le maire, on ne m’emmerde pas ! » Le gérant de l’hôtel Le Lion d’Or, à Château-Chinon, a comparu devant le tribunal correctionnel de Nevers, vendredi, pour l’envoi de nombreux courriers anonymes au groupement de gendarmerie de la Nièvre, au procureur de la République, à l’inspection générale de la gendarmerie nationale et même au garde des Sceaux. Des missives écrites à la main ou dactylographiées dénonçant le manque d’autorité du commandement de brigade, pointant du doigt son mauvais fonctionnement et citant l’incompétence de certains gendarmes de Château-Chinon.
« Je reconnais le ridicule des lettres »
À l’audience, l’hôtelier préalablement condamné pour travail dissimulé, n’a fait que remuer le passé. Depuis le rachat du commerce, il a le sentiment permanent d’être persécuté et voit le complot partout. Les anciens propriétaires, les voisins, les forces de l’ordre, le maire, le substitut du procureur… À l’entendre, ils en ont tous après lui. Sans dire un mot sur les écrits dont il a reconnu être l’auteur, le prévenu a continué, devant le tribunal, d’accuser les officiers de police judiciaire présents dans la salle d’avoir mené une enquête à charge.
Suite à sa première condamnation, le responsable de l’hôtel a multiplié, de mai 2015 à avril 2016, les courriers, se faisant passer pour un gendarme anonyme de Château-Chinon.
– « Je reconnais le ridicule des lettres », concède-t-il. « Mais je ne savais plus quoi faire… »
– « Vous savez que des voies de droit existent (*). Vous vous attendiez à quoi avec ces courriers ? », martèle le président, Stéphane Benmimoune.
– « J’aurais fini par dire que j’en étais l’auteur. Et nous nous serions expliqués sur cette procédure montée contre moi. »
– « On a l’impression que vous en voulez à la terre entière. »
Atteinte à l’Institution
La parole est au procureur, Lucile Jaillon-Bru, pour ses réquisitions. « Le tord des gendarmes est d’avoir fait leur travail. En envoyant de façon sournoise une flopée de lettres au plus haut niveau, il s’est conduit avec lâcheté. Ces faits sont très graves car ils portent atteinte à la gendarmerie d’un pays démocratique. Il a fait du mal à toute l’Institution judiciaire. »
Si Me Éric Blanchecotte, l’avocat du Château-Chinonais, ne cautionne pas l’envoi de courriers anonymes, il s’est évertué à démontrer que l’enquête conduite contre son client était à charge. Il déplore le manque de mesure dans le dossier. « On lui taille un costard à l’audience qui est beaucoup trop grand pour lui. » Le gérant du Lion d’Or a été condamné à huit mois de prison de sursis, à 750 € d’amende et à verser 400 € aux quatre gendarmes pour les humiliations et le discrédit subis.