Cocaïne échouée sur la côte Atlantique : Une course contre la montre engagée pour récupérer la drogue
STUPEFIANT La gendarmerie intensifie son dispositif pour ramasser au plus vite la drogue qui s’échoue sur le littoral depuis plusieurs jours
Mickaël Bosredon
Publié le 13/11/19 à 18h19 — Mis à jour le 13/11/19 à 22h41
- Des ballots de cocaïne s’échouent sur le littoral atlantique depuis la mi-octobre.
- Un dispositif a été mis en place pour récupérer la drogue, et dissuader des personnes malintentionnées de venir se servir.
- Malgré tout, certains n’hésitent pas à braver les interdictions pour tenter de mettre la main sur un des paquets.
A pied, à moto ou en 4X4… Les « patrouilles aléatoires » de la gendarmerie se sont poursuivies ce mercredi sur le littoral en Gironde. Soutenues par un hélicoptère qui effectue régulièrement des allers-retours à basse altitude, les forces de l’ordre tentent toujours de récupérer, au plus vite, un maximum de la cocaïne qui s’échoue depuis plusieurs jours sur la côte atlantique. Le procureur de la République de Rennes, qui centralise l’enquête, a fait état mardi de 1.010 kg ramassés depuis la mi-octobre, entre le Pays basque et la Bretagne.
Le temps presse, car la cocaïne débarque par kilos chaque jour, notamment sur la côte girondine longue de 130 km, ce qui attire de plus en plus de monde. De simples curieux, mais pas seulement.
#Cocaine échouée sur le littoral atlantique : ce matin sur la plage du Porge en #Gironde un promeneur et un couple de chercheurs de métaux ont bravé l’interdiction d’accès, et ont été contrôlés par deux gendarmes à moto qui sillonnent le #littoral.309:58 – 13 nov. 2019Informations sur les Publicités Twitter et confidentialitéVoir les autres Tweets de mibosredon
Et les températures glaciales ce mercredi matin, n’ont pas refroidi les ardeurs de certains individus persuadés de pouvoir se faire là de l’argent facile. « Un ballot de cocaïne comme ceux-là, ça se revend 60.000 euros, et vu qu’elle est pure à plus de 80 %, en la coupant ça peut rapporter trois fois plus », assurent Romain et Damien, croisés dans les dunes au nord de Lacanau.
« Les gendarmes ont débarqué comme des oufs, on a dû aller se planquer dans les dunes »
Tremblant de tout leur corps, les deux compères racontent être arrivés « dans la nuit en camion » et pensent « rester dans le coin une semaine ». Sans emploi, vivant de petits boulots à droite et à gauche, ils ne cachent pas leur intention : mettre la main sur un de ces fameux paquets marron contenant la poudre blanche. « Cette nuit, on cherchait sur la plage du côté de Carcans, quand tout à coup des gendarmes ont débarqué comme des oufs pour attraper des paquets, on a dû aller se planquer dans les dunes. On est passé à 200 mètres ! » Comme quoi, leur stratégie ne semble pas encore tout à fait au point face au dispositif des forces de l’ordre…
La gendarmerie rappelle par ailleurs que la sanction peut être très lourde en cas d’interpellation avec de la drogue ramassée sur la plage, « non seulement en raison des faits, mais aussi parce que l’accès aux plages est interdit. » La peine encourue va jusqu’à dix ans de prison. Un mineur de 17 ans a d’ailleurs été contrôlé lundi en possession de cinq ballots. Présenté à un juge ce mercredi, il a été mis en examen pour détention de produits stupéfiants et placé sous contrôle judiciaire.
« La longueur des plages rend l’opération complexe »
« Notre dispositif est efficace, soutient la gendarmerie, même s’il est vrai que la longueur des plages rend l’opération complexe, et qu’on ne peut pas prévoir si un ballot va arriver à tel ou tel endroit. Et il y a aussi le problème de la médiatisation de cette affaire : après les badauds du week-end dernier, on peut imaginer que certains viennent avec des intentions tout autres depuis mardi ».
Les incursions sur la plage semblent d’ailleurs s’accélérer depuis 48 h : dans la nuit de mardi à mercredi, un conducteur de 4X4 qui s’était aventuré un peu trop loin, « a été rattrapé par les rouleaux » de l’océan nous raconte un gendarme. « Son véhicule est hors d’usage. » Mercredi matin, deux motards suspects sur la plage ont été signalés aux gendarmes qui ont tenté de les intercepter. « Hier matin, j’en ai même vu un avec combinaison de plongée, masque et tuba, sortir de l’eau, c’est n’importe quoi », s’emporte une commerçante, pestant aussi contre « la médiatisation de cette histoire qui nous ramène toute une faune ».
Difficulté quand la marée redescend et qu’elle rejette les ballots
Habitué du secteur, « Dits », un chercheur de métaux résidant au Porge, confirme qu’il voit « pas mal de monde tôt le matin sur la plage » – ce qui est plutôt inhabituel à cette époque de l’année – sans savoir si ces personnes se promènent ou cherchent de la drogue. « L’accès aux plages est interdit, mais la nuit ou très tôt le matin, c’est difficile de contrôler », analyse-t-il.
« La difficulté actuellement, ce n’est pas tellement la nuit ou tôt le matin car la marée est haute, mais c’est un peu plus tard, quand elle redescend, car c’est à ce moment que les ballots sont rejetés sur la plage », nous assure cependant un militaire de la gendarmerie maritime, en train de vérifier l’identité et de contrôler les sacs de promeneurs remontant de la plage du Porge, pourtant interdite.
Prenant le phénomène au sérieux, le député du Médoc Benoit Simian (LREM) s’est rendu ce mercredi après-midi sur le secteur. Il assure faire « totalement confiance » aux forces de l’ordre déployées pour sécuriser la côte. Et demande « une collaboration internationale renforcée et des moyens supplémentaires dédiés à nos douaniers, pour ne pas laisser partir cette drogue de ses lieux de production sud américains. »