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Cévennes, Dordogne: pourquoi les faits divers impliquant des forcenés se multiplient en France

Louis Augrylun. 31 mai 2021, 8:13 PM·4 min de lecture

Des gendarmes engagés dans l'opération de recherche du double meurtrier des Cévennes, le 13 mai 2021 à Saumane - CLEMENT MAHOUDEAU © 2019 AFP
Des gendarmes engagés dans l’opération de recherche du double meurtrier des Cévennes, le 13 mai 2021 à Saumane – CLEMENT MAHOUDEAU © 2019 AFP

Comment expliquer ces faits divers qui se ressemblent et se multiplient en France ces dernières semaines? En Dordogne, le forcené interpellé après 36 heures de traque est le dernier d’une liste qui s’allonge dans le pays, au point d’inquiéter les autorités.

Ce dimanche, un homme de 73 ans s’est retranché à son domicile d’Emerainville (Seine-et-Marne) pendant près de trois heures après avoir tiré sur ses voisins, tuant l’une d’entre eux. Aux alentours de 22h30, il s’est rendu après l’intervention du RAID. Il y a deux semaines, c’était Valentin Marcone dans les Cévennes, qui après avoir tué son employeur et son collègue, s’enfuyait dans la forêt avant d’être arrêté trois jours plus tard, au bout d’une cavale qui avait mobilisé un impressionnant dispositif policier.

Une hausse notable de ce type d’affaires

On peut également citer cet homme de 45 ans dans le Cantal, fin mars, qui s’était retranché à son domicile et avait tiré sur les gendarmes, avant d’être interpellé par le GIGN. Selon le patron du groupe d’intervention justement, il y a une vraie recrudescence de ce type d’affaires ces derniers mois en France:

« Sur la période du 1er janvier au 30 mai, il y a une multiplication par deux des interventions du GIGN sur des forcenés. Sur la même période on avait eu 13 interventions en 2020, et 27 cette année », explique le général Ghislain Réty sur BFMTV. « Il faut aussi prendre en compte les interventions des négociateurs régionaux, qui interviennent sur des conflits un peu moins intenses. Là aussi on a une recrudescence avec une multiplication par 2,5 des interventions sur ces forcenés. »

Invitée sur le plateau de BFM ce lundi soir, la porte-parole de la gendarmerie nationale Maddy Scheurer témoigne, elle aussi, de cette augmentation: « Au cours de l’année 2020, on a traité des cas de forcenés à peu près un jour sur deux. »

Un « effet Covid »?

Mais alors comment expliquer ce phénomène? Selon le général Ghislain Réty, plusieurs choses peuvent rentrer en compte dans le passage à l’acte de ces individus: des problèmes familiaux, financiers, sociaux, auxquels viennent parfois s’ajouter de possibles problèmes d’alcool ou psychologiques. Des caractéristiques qui reviennent régulièrement sur la table au moment de dresser le profil des forcenés. Mais plus que cela, le patron du GIGN ne peut s’empêcher d’y voir l’impact de la crise sanitaire:

« Mon intime conviction, c’est qu’il y a un lien. C’est un peu comme une cocotte-minute où on a mis les gens sous pression, à un moment ça explose. Surtout avec la promiscuité imposée dans certains milieux familiaux. Il y a peut-être un deuxième lien: est-ce que l’on n’a pas retardé certains soins qui s’imposaient, certaines assistances sociales? », s’interroge-t-il.

La crise du coronavirus, l’anxiété qu’elle a suscité et les confinements qui se sont enchaînés en France ont-ils fait augmenter ce type de faits divers? Une hypothèse probable, selon le psychiatre Antoine Pelissolo: « Beaucoup de gens ont traversé une période où les conflits se sont exacerbés, où les conditions pour respirer étaient plus compliquées, et probablement que ça a pu faire décompenser un certain nombre de tensions », explique le spécialiste, qui rappelle que ces individus n’ont parfois pas le moindre signe de maladie mentale, mais que « le niveau de conflictualité de l’ensemble du pays a augmenté. »

Invité sur le plateau de 22H Max ce lundi soir, l’ancien ministre de l’Intérieur et Président du groupe La République En Marche à l’Assemblée Nationale Christophe Castaner s’est lui aussi prononcé sur le lien possible entre ces forcenés et la crise sanitaire:

« Je fais un lien entre les forcenés qui commettent ce type d’actes et les violences intrafamiliales. Et on sait qu’il y a un lien entre le confinement, l’enfermement quelque fois obligé,en particulier pendant le premier confinement, et les violences intrafamiliales. »

« Un forcené agit toutes les deux nuits en France »

Selon l’ancien locataire de Beauvau, il y aurait aujourd’hui en France « un forcené toutes les deux nuits qui intervient dans notre pays ». Une « tendance » selon lui, qui doit être séparée de crimes et délits comme les homicides qui selon lui, ont « fortement baissé » en France.

Si les chiffres avancés par le GIGN sont là et démontrent une augmentation en 2021 de ce type de faits divers, certains spécialistes préfèrent néanmoins rester prudents, à l’instar de Jean-Michel Schlosser, ancien policier et chercheur au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales. Pour lui qui était invité ce lundi sur BFM il est encore un peu tôt pour parler d' »effet Covid »:

« Il y a beaucoup de faits sanglants, en peu de temps. Mais par cette médiatisation, les Français assistent en quelque sorte au quotidien des policiers qui jour et nuit ont des saisines de cet ordre-là. »

Article original publié sur BFMTV.com

Source : fr.news.yahoo.com

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