Migration
Camiers : 200 gendarmes contre les traversées
La recrudescence des départs en bateau a conduit les autorités à renforcer la surveillance tout le long de la côte d’Opale, en particulier au niveau des plages de Camiers
Par Edgar Chaumond | Publié le10/12/202036 partages Partager Twitter
Ils ont récupéré les migrants dans un camion de 19 tonnes à la gare de Camiers avant de les déposer au bord de la route d’Étaples. » C’est une réalité qui épargnait jusqu’à maintenant le secteur du Montreuillois. Depuis plusieurs mois pourtant, les routes de la migration se sont petit à petit déportées dans l’arrondissement.
Le renforcement de la surveillance entre Calais et Boulogne porte ses fruits et oblige les passeurs à descendre toujours plus bas sur la Côte d’Opale. Ces dernières semaines, pas moins de 173 migrants ont été découverts alors qu’ils tentaient de rejoindre la plage de Camiers. Un premier groupe de 104 personnes lundi 23 novembre et un deuxième de 69 personnes dimanche 27. « Jusqu’à maintenant on trouvait seulement des petits groupes. Dorénavant ils sont au minimum 50, témoigne le major réserviste Hamppe, du Détachement de surveillance et d’intervention (DSI) du Portel. Ce sont souvent des Irakiens, des Iraniens ou des Kurdes. Je ne me suis jamais retrouvé face à des gens agressifs, ils sont plutôt résignés en général. »
Parmi ces réfugiés qui tentent la traversée, des hommes et des femmes en bonne santé mais aussi des jeunes enfants et des femmes enceintes. Dimanche 27 novembre, la sécurité civile a dû déployer un chapiteau pour réchauffer les 69 personnes interpellées qui ont ensuite été transportées au centre d’accueil Les Argousiers, à Merlimont. « Les passeurs les avaient fait descendre au pied des dunes avec un zodiac. C’est leur nouvelle technique. Auparavant, ils cachaient les bateaux dans les dunes quelques jours avant les départs mais maintenant les drones repèrent de plus en plus les cachettes donc ils changent de stratégie. »
Pour réagir, les autorités ont décidé d’accentuer la surveillance en renforçant les moyens humains et matériel déployés sur le terrain. Côté Anglais, la ministre de l’Intérieur britannique, Priti Patel, a débloqué une enveloppe de 31.5 millions d’euros qui va notamment permettre de doubler le nombre de réservistes de la gendarmerie en patrouille. « On est passé de 45 à 90 éléments qui viennent de toute la France pour compléter les effectifs, explique l’adjudant-chef réserviste Vanlauwe. Au total, cela représente quasiment 200 militaires qui sont disponibles si on compte les éléments des brigades de gendarmerie locale. Ça fait du monde mais la topographie difficile des lieux l’exige. Il faut savoir qu’on occupe le terrain 24 heures sur 24 » Cette nouvelle opération, démarré mardi 1er décembre, a été baptisée Poséidon.
Éviter les drames humains
Les gendarmes vont également recevoir du matériel de surveillance dernière génération. « Nous sommes équipés de lampe Polarion et de jumelles à visée nocturne qui nous permettent de détecter les dégagements de chaleur. On observe une réelle sophistication du matériel pour nous aider à être le plus discret possible. » Deux drones doivent aussi arriver pour la compagnie d’Écuires. « Notre mission première est d’éviter au maximum des drames humains en détectant les embarcations puis en interpellant les passeurs, indique le major Hamppe. Depuis Camiers, il y a environ 45 kilomètres pour rejoindre les côtes anglaises, contre 35 à Calais. Avec une eau à 7 degrés, l’espérance de vie est de 15 minutes en cas d’échouage. On est là pour assurer leur sécurité, c’est de l’humanitaire. »
Le poste de commandement de l’opération est basé à Calais d’où toutes les manœuvres sont centralisées. « On a aussi tissé des liens avec des pêcheurs et des chasseurs locaux pour avoir des yeux en plus », complète le major.
Depuis le début de l’année, 7 300 personnes auraient rejoint la Grande-Bretagne via la mer selon la préfecture du Pas-de-Calais.