Cambriolages, braquages, faux billets… Un SMS pour alerter les commerçants
Potentiellement, 1.906 entreprises du Puy-de-Dôme sont concernées par le dispositif « Alerte commerces ». – Rédaction LOCALE
Cambriolages, vols à l’étalage, vols avec violence, fausses monnaies ou chèques volés… La liste des délits qui empoisonnent la vie des commerçants est longue.
Depuis décembre, un dispositif « Alerte commerces » est mis gratuitement à la disposition des commerçants. Il a été officiellement porté sur les fonts baptismaux, jeudi, à la préfecture, avec la signature d’une convention entre l’État, le procureur de la République, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) et la Fédération des boutiques d’Auvergne.
1. « Alerte commerces », qu’est-ce que c’est ? C’est un dispositif de prévention visant à éviter la reproduction de faits délictuels par l’envoi de SMS aux commerçants et patrons d’entreprises. Par exemple : un client veut payer avec un faux billet. Le commerçant refuse et prévient le 17. La police ou la gendarmerie (en fonction de la zone géographique) traite l’appel. Si l’officier juge que la menace est existante, il lance alors l’envoi de SMS à toutes les personnes qui ont adhéré au dispositif.
« Il faut que le recours à ce nouvel outil soit pertinent », insiste le colonel Philippe Reul, le patron des gendarmes du Puy-de-Dôme. « La décision est prise en lien avec le procureur de la République afin de ne pas nuire à l’enquête. Il faut aussi se méfier de la banalisation et éviter la saturation. » Bref, le nouvel outil est à manier avec précaution « mais il va être précieux » pronostique le colonel.
2. Est-ce que ça marche ? « Oui » assure sans surprise Stéphane Herman, le référent de la CCI sur ce dossier. Preuves à l’appui. Ce dispositif a été lancé par la CCI du Jura et la Fédération jurassienne du commerce en 2010. « Depuis, le nombre d’alertes a varié entre moins d’une trentaine à moins d’une vingtaine par an. Des faits délictuels ont pu être évités, des interpellations ont même pu être menées ».
La CCI du Jura a réalisé un sondage : 63 % de la soixantaine de CCI ayant mis en place le dispositif en France constatent un impact favorable sur la sécurité des commerces. Les 37 % restant n’ont pas encore assez de recul pour cause de mise en place trop récente.
En Auvergne, l’Allier a mis en place un système ciblant les buralistes. La Haute-Loire est également intéressée, au Puy-en-Velay. Dans le Puy-de-Dôme, le dispositif a été testé fin 2014, puis à nouveau en janvier sur la mise en place de Vigipirate.
« C’est un outil qui présente l’avantage d’être paramétrable, à diffusion rapide et localisé », note Stéphane Herman. Il présente quelques contraintes techniques : 160 caractères maximum, le SMS n’est pas délivré si le téléphone est éteint ou en zone blanche.
3. Tous les commerçants reçoivent-ils le SMS ? Il faut d’abord adhérer au dispositif. Potentiellement, 1.906 entreprises du Puy-de-Dôme sont concernées sous l’égide de la Fédération des boutiques d’Arverne (525 adhérents), de Clermont commerce (530 adhérents), de l’Association pour la promotion de Riom et de son agglomération (120 adhérents), de Clermont-Sud Auvergne (120 adhérents)… Ce sont en effet les associations de commerçants et d’artisans qui vont inciter leurs adhérents à entrer dans le dispositif.
Dès lors, un visuel rouge et jaune avec une chouette noire est apposé sur le commerce ou l’entreprise. Il est identique pour toute la France. Et une information ciblée, par exemple bureau de tabac ou concessionnaires automobile est délivrée. Les adhérents sont également invités à entrer en contact avec les référents sûreté de la police et de la gendarmerie pour établir des diagnostics sûreté.
4. Peut-on imaginer d’autres utilisations ? « Oui », répond Stéphane Herman. « Nous sommes en contact avec la Chambre d’Agriculture pour voir comment on peut l’étendre. Cet outil peut également être activé pour d’autres objectifs que les délits spécifiques aux commerces comme dans le cadre de personnes disparues. »
5. Comment est-il financé ? Dans le Puy-de-Dôme, le système a pu bénéficier d’un financement de l’État via le fonds de prévention de la délinquance à hauteur de 40 %. Le reste est pris en charge par les chefs d’entreprise.
Cécile Bergougnoux