Boulogne: prison avec sursis pour le gendarme mobile qui voulait se faire justice
PUBLIÉ LE 04/11/2016
« On est des gendarmes, on est au-dessus des lois ! »
G.M. veut retrouver l’agresseur de ses collègues, il sort son arme de service : un de ses collègues le déleste de ses chargeurs et tente de calmer la situation. À l’extérieur de l’hôtel, le prévenu croit reconnaître un des membres du groupe d’agresseurs. Il l’interpelle, l’accoste, l’amène dans un coin noir, avant de lui donner des claques derrière la tête, de lui placer l’arme sous le nez, à même la peau. La jeune victime proteste de sa bonne foi et raconte les faits aux magistrats qui jugent le coup de sang du gendarme : « Je ne demandais rien à personne. J’avais passé la soirée avec des amis, et je rentrais, au foyer à Outreau. J’ai senti le froid du métal sur mon visage. J’ai fait une crise d’angoisse, mon cœur s’emballait, je respirais mal. Je suis parti aux urgences. Il m’a dit on est des gendarmes, on est au-dessus des lois. Avec une arme comme ça, on peut tuer des manouches… »
« Une vendetta aveugle, dangereuse et illégitime »
À l’audience, le gendarme reconnaît les faits : « On a dit : on est gendarme, mais là, on est hors la loi. J’ai dû être frustré, vexé, considéré comme des laissez pour compte, des rancœurs, de l’injustice peut-être. Je n’aurais jamais dû agir comme ça. Je m’en excuse et mon collègue n’a pas réussi à faire redescendre la pression… ». Me Dehée, au côté d’une victime en pleurs, argumente : c’est « un jeune garçon traumatisé, mais qui continue à respecter les autorités. La pire injustice, celle d’agresser un innocent. Je défends un garçon au passé extrêmement chaotique ». L’avocate sollicite 2 000 euros de dommages et intérêts. « Prendre en faute un représentant de la loi ne laisse jamais indifférent, souligne le substitut du procureur. Un tel comportement ne peut se limiter au niveau disciplinaire. Vous avez mis en danger tout l’édifice des forces de l’ordre, une cohésion globale, en qui il faut faire confiance. Vous vous êtes engagé dans une vendetta aveugle et dangereuse, illégitime… » Il requiert 10 mois de prison avec sursis simple, une interdiction de détenir une arme durant 5 ans, et une interdiction d’exercer toute activité professionnelle en relation avec l’infraction.
« Nous sommes dans l’infraction, pas dans l’incivilité, souligne l’avocat, en défense. Ne l’éradiquons pas de sa profession. Quelques secondes vont faire basculer une vie, face à une situation qui était devenue orageuse. » G.M. écope de 8 mois de prison avec sursis simple. Il a interdiction de porter une arme durant 2 ans. Il est privé de ses droits civils, civiques et de famille durant 2 ans. La partie civile reçoit 1 500 euros de dommages et intérêts.