Avec les unités d’élite de la garde
républicaine
Nous avons suivi, le temps d’une journée, l’entraînement de ces militaires dans le XIIIe arrondissement. Leur rôle : protéger les palais nationaux mais aussi intervenir au cours d’opérations plus musclées.
Tout le monde la connaît. La garde républicaine encadre les cortèges officiels, parade fièrement sur les Champs-Elysées le 14 juillet. On peut également voir ses gendarmes patrouiller dans la capitale en cette période d’état d’urgence. Mais cette subdivision de la gendarmerie nationale abrite aussi une multitude de métiers, de compétences. Nous vous proposons de découvrir de l’intérieur le travail de ces militaires pas comme les autres durant le mois de janvier. Aujourd’hui, l’unité d’élite.
Vous faites un toc-toc sympa et vous allez fouiller partout », lance le gradé. Deux secondes passent et on entend rugir « Gendarmerie nationale » tandis que six hommes casqués, équipés de gilets pare-balles en colonne d’assaut, enfoncent la porte, prêts à interpeller leur cible.
Nous sommes au troisième sous-sol d’un immeuble de la caserne Kellerman (XIIIe arrondissement) dans un impressionnant « appartement témoin » de quatre pièces recréé avec des meubles de récup. En exercice ce matin de décembre : les hommes du lieutenant Guillaume qui appartiennent à l’un des sept pelotons d’intervention que compte la garde républicaine.
Car, le grand public le sait peu, mais cette subdivision de la gendarmerie nationale ne se borne pas à sa cavalerie et ses costumes d’apparat. Elle donne aussi dans les opérations musclées. « 365 jours par an, un peloton d’intervention est prêt à partir, souligne le lieutenant Guillaume. On est à disposition de la PJ (police judiciaire) pour des interpellations ou des extractions de détenus particulièrement signalés, et mobilisables sur tous les palais nationaux en cas de problème ». Derrière l’homme au bouclier, Madjid, 30 ans, pistolet semi-automatique à bout de bras, tient le rôle du « gunner ».
Les hommes en bleu doivent se préparer à toutes les situations
Cela fait six ans que cet ancien gendarme de la Loire a intégré le 2e régiment d’intervention de la garde républicaine. « Il faut avoir un certain goût pour l’action », reconnaît le trentenaire dont l’entretien physique est quotidien (course à pied, boxe thaïe). Et aussi le goût des voyages car tous les 18 mois, les 23 hommes du peloton partent outre-mer. « En avril, j’ai été activé deux jours avant pour partir trois mois en Guyane : ce n’est pas évident pour la vie de famille », reconnaît Madjid.
Plus tôt dans la matinée, lui et ses coéquipiers avaient commencé l’entraînement par une descente en rappel de 57 m sur la façade d’une tour de la caserne suivi d’une interpellation d’un (faux) trafiquant de stup sur le parking. Car les hommes en bleu doivent se préparer à toutes les situations. L’été dernier, dans le Val-d’Oise, ils ont délogé un forcené réfugié sur un toit et qui jetait des tuiles. Une autre fois, c’était un papa en colère réfugié sur un pylône.
Mais ce dont Madjid se souviendra toute sa vie, c’est l’intervention à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne) où il a été aidé à l’évacuation de civils durant la prise d’otages menée par les frères Kouachi. Lui ne se voit pas évoluer vers l’unité d’élite du GIGN comme certains de ses collèges. « Je vise plutôt une carrière de gradé au sein du peloton d’intervention. Ici, il y a un niveau technique, tactique et opérationnel qui est très satisfaisant. Et la diversité des opérations est incroyable : ça empêche toute monotonie. »
Le Parisien