Attentats en Corse: le bâtonnier d’Ajaccio présenté à un juge
Les casernes de gendarmerie de Battesti à Ajaccio et de Bastia avaient été la cible d’attaques à la roquette anti-char, le 5 décembre 2013.
Ces actions, qui n’avaient pas fait de victimes, avaient été interprétées comme la riposte à des arrestations de sympathisants nationalistes, soupçonnés de deux « nuits bleues » contre des résidences secondaires en mai et décembre 2012. Elles n’ont jamais été revendiquées.
« Ce tir aurait pu tuer des gendarmes ou des membres de leurs familles. Ces faits sont particulièrement graves », avait déclaré Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur.
Outre Me Dominique Ferrari, trois hommes restent en garde à vue dans ce dossier, a ajouté la source judiciaire.
Au centre des investigations, la découverte en décembre 2013 d’un arsenal dans un box appartenant à la soeur de Me Ferrari, ont indiqué des sources proches du dossier. Celle-ci avait été libérée à l’issue de sa garde à vue. Mais Me Ferrari est soupçonné d’en être le gérant de fait, explique une de ces sources.
Avaient notamment été retrouvés un pistolet automatique, des gilets pare-balles, une grenade, des armes longues, des armes de poing, des munitions, ainsi qu’une cagoule. Les enquêteurs avaient également exploité des traces d’ADN.
– « Pratiques de l’antiterrorisme » –
Or, ce box a été loué à un homme en fuite, soupçonné d’être impliqué dans les attentats, et par ailleurs client de Me Ferrari, explique la source. Me Ferrari est un militant nationaliste assumé, proche du responsable politique nationaliste Jean-Guy Talamoni, son confrère bastiais. Il a également défendu une figure historique du FLNC en Haute-Corse, Charles Pieri.
En garde à vue, il n’a rien dit, selon une source proche du dossier. Le juge d’instruction devrait également l’interroger sur ses liens avec son client, a-t-on indiqué.
La défense de Me Ferrari conteste également la saisie de pièces réalisées lors de perquisitions à son domicile. Une audience sur ce point chez un juge des libertés et de la détention (JLD) doit également se tenir.
Un autre avocat ajaccien, ancien bâtonnier, Me Philippe Gatti avait également été interpellé avant d’être relâché sans charges à son encontre.
Ces interpellations ont suscité la colère des avocats sur l’île, qui manifestent par dizaines depuis lundi devant la caserne de gendarmerie d’Aspretto, àAjaccio.
Elles interviennent plus de trois mois après l’annonce en juin par le Front de libération nationale de la Corse (FLNC), bras armé des indépendantistes, de la mise en oeuvre d’un « processus progressif de démilitarisation ».
Pour les organisations nationalistes corses, ces arrestations visent à faire échouer le processus politique engagé.
La Ligue des Droits de l’Homme (LDH) a dénoncé des « pratiques de l’antiterrorisme qui visent à impressionner les citoyens ».