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Le - Assa Traoré poursuivie en diffamation par les gendarmes qui ont interpellé son frère Adama

Faits divers

Assa Traoré poursuivie en diffamation par les gendarmes qui ont interpellé son frère Adama

Le «J’accuse !» d’Assa Traoré, tribune publiée en juillet 2019, vaut à la sœur d’Adama, mort en 2016 après son arrestation, de comparaître pour diffamation ce jeudi et ce vendredi à Paris. Un rassemblement de soutien est prévu ce vendredi devant le tribunal.

Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), le 10 juin 2020. Assa Traoré comparaît ce jeudi et ce vendredi pour diffamation publique envers les gendarmes qui ont interpellé son frère Adama, mort en 2016. LP/Philippe de Poulpiquet
Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), le 10 juin 2020. Assa Traoré comparaît ce jeudi et ce vendredi pour diffamation publique envers les gendarmes qui ont interpellé son frère Adama, mort en 2016. LP/Philippe de Poulpiquet 

Par Caroline Piquet Le 5 mai 2021 à 17h52

C’est la première fois qu’Assa Traoré devrait faire face aux trois gendarmes qui ont interpellé son frère Adama, mort en 2016 dans la cour de la gendarmerie de Persan (Val-d’Oise), après son arrestation. La militante est jugée pour diffamation publique, ce jeudi et ce vendredi, devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris. Elle fait l’objet d’une citation directe à comparaître, après la diffusion sur les réseaux sociaux, le 18 juillet 2019, d’une tribune intitulée « J’accuse… ! ».

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Dans ce texte, qui avait eu un fort retentissement, Assa Traoré accusait nominativement les gendarmes « d’avoir tué [son] frère Adama en l’écrasant du poids de leur corps ». Elle leur reprochait, en outre, de « ne pas [l’] avoir secouru » et de « l’avoir maintenu menotté face contre le sol », en « affirmant qu’il simulait alors qu’il était sur le point de mourir ».

Pour les plaignants, « cette tribune J’accuse ! est l’acmé d’un déferlement médiatique continu » qui les a « contraints à quitter leur affectation à L’Isle-Adam (Val-d’Oise) pour préserver leur sécurité et celle de leurs proches ».

« On insinue que mes clients auraient délibérément donné la mort à la victime »

Selon les gendarmes, cette tribune leur prêterait « une attitude délibérée visant à provoquer une détresse respiratoire » sur Adama Traoré et, « tout en ayant connaissance de cette situation », d’avoir tout fait « pour que cette détresse respiratoire soit fatale ». « On insinue que mes clients auraient délibérément donné la mort à la victime : on leur impute donc un meurtre », résume Me Rodolphe Bosselut, l’avocat de deux des trois gendarmes. « Je rappelle que mes clients, à ce stade, ne sont pas mis en examen pour meurtre, ni même pour violences mortelles. Ils ont simplement été placés sous le statut de témoin assisté pour non-assistance à personne en danger. »

Me Yassine Bouzrou, l’avocat d’Assa Traoré, n’en fait pas du tout la même lecture : selon lui, sa cliente accuse les gendarmes de violences mortelles et de non-assistance à personne en péril, mais pas de meurtre. « Elle n’a fait que relayer les accusations qu’elle a déjà portées dans sa plainte. Elle dispose de toutes les preuves pour démontrer que ce qu’elle dit est vrai. Et pourtant, cinq ans après la mort de son frère, c’est elle qui se trouve sur le banc des accusés, au lieu de voir les gendarmes répondre des accusations portées contre eux. C’est une situation assez inédite. »

Une autre procédure en cours

Dans une vidéo postée lundi sur la page Facebook du comité « La Vérité pour Adama », Assa Traoré appelle à un rassemblement ce vendredi après-midi devant le tribunal. « La pression ne doit pas redescendre. Parce que nos vies comptent. Parce que la vie de mon petit frère comptait », lance la jeune femme, en référence au slogan antiraciste américain « Black Lives Matter (la vie des noirs compte) ».

Me Rodolphe Bosselut déplore un « battage médiatique » dont ses clients sont « las ». « On voudrait en faire des Derek Chauvin (NDLR : le policier jugé coupable du meurtre de l’Afro-Américain George Floyd) en puissance. C’est grotesque », juge le conseil. Me Yassine Bouzrou, de son côté, trouve « logique que certaines personnes fassent des comparaisons entre les deux affaires ». « Dans les deux cas, développe-t-il, on a des interpellations extrêmement violentes et un plaquage ventral. Et dans les deux cas, on a une personne qui décède. »

Une procédure distincte pour diffamation est toujours en cours, après la publication de post Facebook dans lesquels Assa Traoré affirmait que les gendarmes avaient « tué » son frère. Enfin, la militante antiraciste a été condamnée au civil, le 26 février dernier, par la cour d’appel de Paris, pour avoir porté atteinte à la présomption d’innocence des militaires, après une victoire en première instance.

Source : www.leparisien.fr

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