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Le - Arnaud Beltrame raconté par le prêtre qui le préparait au mariage

Arnaud Beltrame raconté par le prêtre qui le préparait au mariage

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Le Figaro    Aude Bariéty

Le père Jean-Baptiste, qui préparait Arnaud Beltrame et sa compagne au mariage, a pu donner au gendarme le sacrement des malades et la bénédiction apostolique à l’article de la mort. Il témoigne dans une lettre postée sur Facebook et sur le site du diocèse de Carcassonne et Narbonne.

figarofr: Devant le commissariat de Carcassonne, des fleurs ont été déposées samedi après l'annonce du décès du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame.

© Emilio Morenatti/AP Devant le commissariat de Carcassonne, des fleurs ont été déposées samedi après l’annonce du décès du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame.

Dans la nuit de vendredi à samedi, le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, 45 ans, décédait des suites de ses blessures infligées par Radouane Lakdim. Le gendarme s’était substitué aux otages retenus dans le Super U de Trèbes par le terroriste. Son sacrifice a ému la France entière, et un hommage national lui sera rendu prochainement.

Sur Facebook et sur le site du diocèse, le père Jean-Baptiste, chanoine régulier de l’abbaye de Lagrasse, a posté un long message relatant sa relation avec le militaire, qu’il qualifie d’«officier chrétien héroïque». Après une première rencontre en 2016, Arnaud Beltrame et sa femme Marielle, tout juste mariés civilement, demandent au chanoine de les préparer au mariage religieux. La cérémonie devait avoir lieu le 9 juin prochain à Vannes dans le Morbihan.

Vendredi soir, le religieux a pu rejoindre le militaire à l’hôpital de Carcassonne pour lui donner le sacrement des malades et la bénédiction apostolique à l’article de la mort. Le père Jean-Baptiste raconte qu’il a obtenu qu’une médaille mariale soit fixée sur l’épaule du gendarme. Il précise qu’Arnaud Beltrame était alors «vivant mais inconscient», et qu’il n’a donc pas pu marier le blessé et sa compagne.

«Il me semble que seule sa foi peut expliquer la folie de ce sacrifice qui fait aujourd’hui l’admiration de tous. […] Il savait que, si sa vie commençait d’appartenir à Marielle, elle était aussi à Dieu, à la France, à ses frères en danger de mort. […] Arnaud n’aura jamais d’enfants charnels. Mais son héroïsme saisissant va susciter, je le crois, de nombreux imitateurs, prêts à au don d’eux-mêmes pour la France et sa joie chrétienne», conclut le prêtre.

● L’intégralité du témoignage du père Jean-Baptiste

ARNAUD BELTRAME: UN OFFICIER CHRÉTIEN HÉROÏQUE QUI A DONNÉ SA VIE POUR EN SAUVER D’AUTRES

C’est au hasard d’une rencontre lors d’une visite de notre abbaye, Monument Historique, que je fais connaissance avec le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame et Marielle, avec laquelle il vient de se marier civilement le 27 août 2016. Nous sympathisons très vite et ils m’ont demandé de les préparer au mariage religieux que je devais célébrer près de Vannes le 9 juin prochain. Nous avons donc passé de nombreuses heures à travailler les fondamentaux de la vie conjugale depuis près de 2 ans. Je venais de bénir leur maison le 16 décembre et nous finalisions leur dossier canonique de mariage. La très belle déclaration d’intention d’Arnaud m’est parvenue 4 jours avant sa mort héroïque.

Ce jeune couple venait régulièrement à l’abbaye participer aux messes, offices et aux enseignements, en particulier à un groupe de foyers, ND de Cana. Ils faisaient partie de l’équipe de Narbonne. Ils sont venus encore dimanche dernier.

Intelligent, sportif, volubile et entraînant, Arnaud parlait volontiers de sa conversion. Né dans une famille peu pratiquante, il a vécu une authentique conversion vers 2008, à près de 33 ans. Il reçoit la première communion et la confirmation après 2 ans de catéchuménat, en 2010.

Après un pèlerinage à Sainte-Anne-d’Auray en 2015, où il demande à la Vierge Marie de rencontrer la femme de sa vie, il se lie avec Marielle, dont la foi est profonde et discrète. Les fiançailles sont célébrées à l’abbaye bretonne de Timadeuc à Pâques 2016.

Passionné par la gendarmerie, il nourrit depuis toujours une passion pour la France, sa grandeur, son histoire, ses racines chrétiennes qu’il a redécouvertes avec sa conversion.

En se livrant à la place d’otages, il est probablement animé avec passion de son héroïsme d’officier, car pour lui, être gendarme voulait dire protéger. Mais il sait le risque inouï qu’il prend.

Il sait aussi la promesse de mariage religieux qu’il a fait à Marielle qui est déjà civilement son épouse et qu’il aime tendrement, j’en suis témoin. Alors? Avait-il le droit de prendre un tel risque? Il me semble que seule sa foi peut expliquer la folie de ce sacrifice qui fait aujourd’hui l’admiration de tous. Il savait comme nous l’a dit Jésus, qu’«Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.» (Jn 15, 13). Il savait que, si sa vie commençait d’appartenir à Marielle, elle était aussi à Dieu, à la France, à ses frères en danger de mort. Je crois que seule une foi chrétienne animée par la charité pouvait lui demander ce sacrifice surhumain.

J’ai pu le rejoindre à l’hôpital de Carcassonne vers 21h hier soir. Les gendarmes et les médecins ou infirmières m’ont ouvert le chemin avec une délicatesse remarquable. Il était vivant mais inconscient. J’ai pu lui donner le sacrement des malades et la bénédiction apostolique à l’article de la mort. Marielle alternait ces belles formules liturgiques.

Nous étions le vendredi de la Passion, juste avant l’ouverture de la Semaine Sainte. Je venais de prier l’office de none et le chemin de croix à son intention. Je demande au personnel soignant s’il peut avoir une médaille mariale, celle de la rue du Bac de Paris, près de lui. Compréhensive et professionnelle, une infirmière, la fixe à son épaule.

Je n’ai pas pu le marier comme l’a dit maladroitement un article, car il était inconscient.

Arnaud n’aura jamais d’enfants charnels. Mais son héroïsme saisissant va susciter, je le crois, de nombreux imitateurs, prêts à au don d’eux-mêmes pour la France et sa joie chrétienne.

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Sourcewww.msn.com

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