Peu importe s’il fait -20 degrés, ou que la visibilité est nulle, ils n’en font pas une montagne. Lorsqu’il faut aller chercher un alpiniste bloqué sous une avalanche, un skieur blessé dans un massif inaccessible, ou des automobilistes imprudents les hommes en bleu deviennent les rois du grand blanc. Tel est le quotidien des militaires appartenant aux différents Pelotons de gendarmerie de haute-montagne, plus communément appelés PGHM. Dans les Alpes-de-Haute-Provence, c’est à Jausiers, en plein coeur de la vallée de l’Ubaye, que les dix-huit hommes, placés sous le commandement du capitaine Yves Naffrechoux, interviennent sur – quasiment – tout le département, et parfois même au-delà. « Nous sommes une unité spécialisée, explique le capitaine Naffrechoux. Tous les hommes appartenant au peloton(indépendant de la brigade de Jausiers, mais qui dépend du Groupement de gendarmerie, Ndlr) sont de vrais spécialistes de la montagne, entraînés, passionnés. »
Fort heureusement, d’ailleurs. Car la montagne ne pardonne que peu d’erreurs. Et demande pour ces militaires une réactivité et une connaissance parfaite des gestes à effectuer. « Il faut être un bon montagnard pour être un bon secouriste. La moitié des gendarmes sont d’ailleurs des guides ou des aspirants-guides. » Car une fois en action, c’est une autre paire de manches.
Début février, les militaires du PGHM se sont entraînés au sommet du col de Larche, dans un exercice avalanche. En conditions réelles (- 17 degrés et visibilité nulle), les gendarmes ont dû secourir cinq skieurs ensevelis par une coulée de neige. Un scénario semblable à celui de l’avalanche mortelle de Ceillac, dans les Hautes-Alpes, le 24 janvier dernier. Dès l’alerte donnée, les gendarmes sont arrivés en quelques minutes sur les lieux. « Lorsque les conditions le permettent, nous utilisons l’hélicoptère de la Section aérienne de Digne, ou celui de la Sécurité civile, pour nous rendre au plus vite sur place », dit encore le capitaine Naffrechoux. Ce jour-là, le blizzard a forcé les secouristes à intervenir… en raquettes et skis de randonnée. Qu’importe, les militaires accèdent aux endroits les plus escarpés. Et là, les équipes se mettent au travail. Les gendarmes ont pour mission, outre le volet judiciaire concomitant aux faits, ils aident les médecins à la médicalisation des victimes. Pendant que certains sondent la coulée pour trouver trace des détecteurs de victimes d’avalanches (DVA), les équipes cynophiles se mettent également en action. Et les chiens de piste foncent dans la neige à la recherche, également, de victimes. À une vitesse et avec une dextérité impressionnantes.
Tel est le quotidien des équipes des 21 PGHM disséminés sur les départements montagneux. Peu importent les conditions, dès qu’une intervention se profile, les militaires s’y lancent. En mesurant les risques mais avec la volonté de sauver des vies, tout simplement. « Parfois, les interventions sont compliquées, dans le froid, la neige, la glace, le vent, de nuit, etc., détaille le commandant de la jeune unité de Jausiers. Mais cela reste une unité très prisée, et très sélective. »
Alors que les vacances ont débuté dans les Alpes du Sud et que le manteau neigeux demeure encore instable par endroits, les « anges gardiens » de la montagne se tiennent prêts à secourir les vacanciers. Super entraînés, passionnés et rompus à l’exercice, ils seront les premiers à intervenir en cas de soucis sur les sommets enneigés. Qu’on se le dise, ces hommes-là sont capables de soulever des montagnes…
Khéops, le chien qui sauve des vies… et trouve les malfaiteurs !
Les deux équipes cynophiles du PGHM sont parées à intervenir lorsque la montagne fait des siennes. Mais les chiens de piste sont également utilisés pour d’autres types d’enquêtes.
Et il y a quelques semaines, Khéops, l’un des chiens qui s’est entraîné à rechercher les victimes lors de l’exercice à Larche au mois de février, a participé à l’interpellation d’un malfaiteur ! De quoi faire la fierté de son maître, le chef Bon, mais aussi de toute l’unité du PGHM. Et de prouver que le meilleur ami de l’homme peut aussi s’avérer être un excellent atout pour retrouver d’éventuels malfaiteurs…
Brian Orsini