Alpes de Haute-Provence : Une chaîne d’identification par ADN est lancée
Alpes de Haute-Provence – Le général Denis Favier, directeur général de la gendarmerie nationale, sur les lieux du crash, ce vendredi, auprès des 500 gendarmes engagés à Seyne les Alpes.
Pour recueillir les indices en sécurité, les gendarmes mettent en oeuvre des techniques de montagne.
Le travail des enquêteurs aujourd’hui est de récupérer les dépouilles, et de les identifier. Une chaîne d’identification par ADN est lancée, en suivant le protocole international d’Interpol pour identifier les victimes de catastrophe. 31 experts et légistes post mortel de l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale, étudient les éléments trouvés sur la zone du crash. Une autre équipe internationale « ante mortem » de l’IRCGN exploite quant à elle les renseignements recueillis du vivant des victimes.
Publié le 27/03/2015 à 13:59 |
Source : alpesdusud.alpes1.com
VIDEO. Crash dans les Alpes : les gendarmes ont bon espoir d’identifier l’ensemble des victimes
L’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale, qui mène les investigations pour tenter d’identifier les victimes, a donné son premier point de presse, à Seyne-les-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence), non loin des lieux du drame.
« Nous n’avons pas retrouvé un seul corps intact, nous avons retrouvé des éléments de corps et des éléments biologiques. » L’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), qui mène les investigations pour tenter d’identifier les victimes du crash de l’A320 de Germanwings dans les Alpes, a donné, vendredi 27 mars, son premier point de presse, à Seyne-les-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence), non loin des lieux du drame.
Un processus délicat
Médecins légistes, dentistes légistes, gendarmerie et police nationale… « une cinquantaine de personnels » procèdent à des vérifications sur les restes humains retrouvés « de manière à permettre de rendre les corps des victimes à leurs proches le plus tôt possible », a déclaré le colonel Patrick Touron, directeur adjoint de l’IRCGN. Et d’ajouter : « Je pense que nous devrions être en mesure de procéder à l’ensemble des identifications. »
Les enquêteurs disent avoir bon espoir de parvenir à identifier l’ensemble des personnes tuées dans le crash. Ce processus délicat va du relevé d’éléments sur le site du drame à leur examen en laboratoire.
Crash de l’A320 : « Nous n’avons pas retrouvé un seul corps intact »
La gendarmerie a fait le point sur les recherches, ce vendredi, trois jours après le crash de l’Airbus A320 de Germanwings. Enquêteurs et secouristes ont deux missions : identifier les 150 victimes, et trouver la seconde boîte noire.
Un travail long, fastidieux, éprouvant : vendredi s’est écoulé le quatrième jour de recherches suite au crash dans les Alpes-de-Haute-Provence d’un A320, causé par son copilote. Lors d’une conférence de presse sur le site de la catastrophe, la gendarmerie a livré des détails sur le processus de récupération des corps et d’identification des victimes.
Une collecte très difficile
« Nous n’avons pas retrouvé un seul corps intact » a indiqué le responsable de la gendarmerie sur place. Des éléments biologiques sont en train d’être collectés, et « l’état de dégradation des corps » laisse supposer que seul l’ADN pourra permettre l’identification des victimes.
Cette collecte menée par des techniciens légistes est « particulièrement difficile » insiste le colonel Patrick Touron. En effet, la zone de collecte est vaste, difficile d’accès, et dangereuse. « Ce qui est inédit dans cette catastrophe, c’est la difficulté liée au relevage des éléments de corps ».« Les opérations pourraient encore durer deux semaines », a indiqué le lieutenant-colonel Xavier Vialenc.
Un labo sur place
Une fois collectés, les prélèvements sont rapatriés par hélicoptère jusqu’à un aérodrome, puis au laboratoire monté spécialement suite à la catastrophe. « Nous avons un labo in situ mis en place dans la commune, dans un local technique de Seyne, où nous procédons à la chaîne d’identification des victimes », a précisé le lieutenant-colonel Vialenc.
Tentes blanches, générateurs, camions frigorifiques ont été mobilisés et sont encadrés par des voitures de police. La route d’accès est bouclée, et notamment refusée aux nombreux journalistes présents dans la zone.
>> NOTRE DOSSIER : le crash de l’A320 Germanwings
Les familles sollicitées
En parallèle, des relevés ADN sont menés en ce moment au sein des familles des victimes, pour permettre la comparaison avec les échantillons. La gendarmerie précise que cette base sera détruite à la fin du processus.
Outre les obstacles liés à l’état des corps et à la topographie complexe du site, la gendarmerie souligne la difficulté psychologique de ce travail : « Il est clair que nous avons un suivi psychologique assuré ici sur notre site » a précisé le colonel Touron.
Début du processus d’identification des victimes du crash
SEYNE-LES-ALPES, Alpes-de-Haute-Provence (Reuters) – Les autorités françaises ont dit vendredi avoir bon espoir de parvenir à identifier l’ensemble des personnes tuées dans le crash de l’A320 de la Germanwings, dont le copilote, aux fins notamment de l’enquête sur son acte suicidaire présumé.
Andreas Lubitz, 27 ans, a semble-t-il intentionnellement précipité l’appareil, avec 149 autres personnes à bord, mardi contre un massif des Alpes françaises lors d’un vol Barcelone-Düsseldorf. Les autorités judiciaires allemandes ont révélé vendredi qu’il aurait dû être en arrêt maladie le jour du vol mais qu’il l’avait caché à son employeur.
« Je pense que nous devrions être en mesure de procéder à l’ensemble des identifications », a déclaré à la presse le colonel Patrick Touron, directeur adjoint de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN).
Des enquêteurs ont déclaré jeudi que le processus d’identification des corps, dont aucun n’est intact en raison de la violence du crash, se poursuivrait la semaine prochaine, voire la semaine suivante.
Ce processus délicat va du relevé d’éléments sur le site du crash à leur examen au laboratoire de l’IRCGN à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
« Compte tenu des dégradations observées sur les corps, nous pensons que l’ADN va être l’élément prégnant, déterminant pour procéder à l’identification », a dit le colonel Touron.
Les prélèvements d’ADN vont être comparés en laboratoire aux profils obtenus des familles et des proches.
« 400 À 600 ÉLÉMENTS »
Aux termes des procédures d’entraide policière et judiciaire définies par Interpol, les autorités espagnoles ont d’ores et déjà transmis l’ADN des 50 victimes originaires d’Espagne et les autorités allemandes étaient en passe de le faire pour leurs 75 ressortissants tués dans l’accident.
« Quatre cents à 600 éléments » – des fragments de corps – ont été relevés jeudi par les experts, qui sont encordés à des sauveteurs, spécialistes de la haute montagne, en raison de la dangerosité du terrain, a dit le colonel Touron, précisant que des éboulements avaient déjà « recouvert des parties de corps ».
Outre l’ADN, des empreintes dentaires (« dans les catastrophes, 90% des identifications se font par le dentaire ») et digitales entrent dans le processus d’identification.
Les enquêteurs allemands ont acheminé à cette fin un lecteur biométrique. Les bijoux, les documents d’identité qui ont pu être retrouvés sur le site aideront également les légistes.
« Le processus d’identification débutera lorsque nous aurons suffisamment d’éléments. A ce jour, je n’ai aucun élément d’information relatif à un ‘matchage’ (correspondance d’ADN) », a dit l’officier de gendarmerie.
Ce dernier a affirmé que les éléments prélevés chaque jour étaient « exploités indifféremment », mais il a précisé que les experts avaient pour « consigne » de signaler tout indice – l’uniforme notamment – tendant à identifier les six membres d’équipage.
« Une fois qu’on aura identifié le copilote (…), le procureur (de Marseille) sera en mesure de procéder aux investigations qu’il souhaite », a dit le colonel Touron.
La compagnie aérienne allemande Lufthansa, propriétaire de Germanwings, a annoncé vendredi le versement aux proches des victimes d’une assistance financière allant jusqu’à 50.000 euros par passager.
(Sophie Louet avec Eric Gaillard, édité par Yves Clarisse)
ledauphine.com Samedi 28 mars 2015
ALPES-DE-HAUTE-PROVENCE
Crash de l’A320 : une course contre la montre pour évacuer les corps
Leur mission : prélever des fragments de corps éparpillés dans une pente et les rassembler afin de procéder à leur évacuation. Photo AFP
Leur travail constitue sans doute l’une des pires épreuves qui soit dans une vie d’enquêteur ou de secouriste : prélever des centaines de fragments de corps éparpillés dans une pente et les rassembler afin de procéder à leur évacuation. Pour les différents intervenants engagés depuis mardi sur les lieux du crash, la charge psychologique est lourde et les journées très longues. Paradoxalement, alors que, bien évidemment, il n’existe plus d’urgence vitale pour les victimes, les enquêteurs ont d’ores et déjà entamé une course contre la montre pour parvenir à extraire les fragments humains avant qu’ils ne se dégradent plus encore. La nuit, une demi-douzaine de gendarmes bivouaquent sur les lieux pour surveiller le site. Une charge particulièrement éprouvante : les secouristes interrogés évoquent les effluves de kérosène et, bien sûr, de corps humains. « C’est très dur, mais il faut éviter que des pillards tentent d’accéder jusqu’aux débris, à la recherche d’objets de valeur. Et veiller aussi à ce que des animaux ne se glissent pas sur zone », explique un responsable des opérations.
Avant d’évacuer les fragments humains, les binômes formés d’un secouriste et d’un enquêteur ont méthodiquement recensé tous les éléments découverts sur chaque parcelle carrée délimitée par des cordes. Et tout cela dans un univers vertical. « Il nous faut reproduire les méthodes classiques de prélèvement utilisées sur des surfaces planes, mais en les adaptant à cet environnement.
Une difficile identification
C’est vraiment un « chantier » très particulier, un cas de figure très spécifique et très complexe. C’est la raison pour laquelle nous avons été mis à contribution, nous et le PGHM, racontait mercredi un secouriste de la CRS Alpes. La nature du terrain, la surface importante à couvrir pour les enquêteurs (environ 400 mètres de largeur sur 300 en hauteur) permettent d’expliquer le délai d’une semaine évoqué par les responsables pour achever l’évacuation. Dans un second temps, les différents processus liés à l’identification des fragments humains vont débuter. Pour ce faire, dix médecins légistes et trois anthropologues ont été réquisitionnés par la justice. Hier, après les premiers prélèvements salivaires, des prélèvements sanguins ont été effectués sur les membres des familles, afin de permettre l’identification des fragments humains par l’ADN. Les premiers éléments de corps ont d’ailleurs été déposés dès mercredi sur la DZ de Seyne, puis pris en charge par des véhicules et transportés à l’institut médico-légal de Marseille. Si l’utilisation du matériel génétique est devenue incontournable dans des tragédies de ce type, il existe des procédés complémentaires. L’odontologie en fait partie : des recoupements entre les données ante-mortem et les données post-mortem sont effectués. Le terrible travail d’identification repose sur ce grand principe consistant à établir une comparaison entre les éléments de distinction des victimes avant leur mort (empreintes des mâchoires, soins dentaires) et les constatations effectuées après le décès. En Allemagne et en Espagne, notamment, des enquêteurs ont commencé à se tourner vers les familles pour obtenir ces éléments. D’une manière générale, le recours à l’odontologie est précieux pour les enquêteurs car il est jugé très fiable.
Le recours aux anthropologues peut quant à lui paraître surprenant, mais ces professionnels, que l’on a l’habitude de voir sur le terrain des fouilles archéologiques, pourraient donner aux enquêteurs de l’IRCGN (l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie) des éléments d’identification de l’âge et du sexe de la victime à partir de l’analyse des os. L’ensemble de ces équipes s’apprête donc à travailler pendant plusieurs semaines pour qu’enfin, les dépouilles mortelles des occupants de l’Airbus A 320 soient restituées à leurs proches.
Par Denis MASLIAH | Publié le 27/03/2015 à 06:04