A Pont-Sainte-Maxence, gendarmerie et mairie distribuent des masques aux aînés
Les militaires prêtent main-forte pour fournir des kits sanitaires aux personnes fragiles, pour qui ces visites sont aussi une occasion d’avoir des contacts, devenus rares depuis le confinement.
Par Hervé SénamaudLe 4 mai 2020 à 17h18
Dans le sachet estampillé « ville de Pont-Sainte-Maxence », un masque en tissu, un flacon de gel hydroalcoolique et un rappel des gestes barrière. Un minimum devenu indispensable, surtout à la perspective d’un proche déconfinement. Ce sont 171 kits sanitaires identiques qui ont été distribués ce lundi aux personnes les plus vulnérables de la commune, avec le concours des gendarmes. « C’est une initiative de la ville, nous ne sommes que les petites mains pour la distribution », indique le commandant de la compagnie de Senlis, Guillaume Breugnot.
« L’aide des militaires était indispensable, insiste Arnaud Dumontier, maire (LR) de Pont. Nous n’avons en ce moment que très peu d’agents communaux disponibles, nous n’aurions pas pu distribuer ces kits seuls. »
Mais l’aspect sanitaire n’est pas le seul intérêt de cette distribution. « Nous avons passé des appels téléphoniques réguliers aux habitants les plus fragiles, reprend l’élu. Chez bon nombre d’entre eux, nous avons ressenti comme une forme de désolation morale et de solitude à cause du confinement. »
Une forme d’isolement que l’élu et le commandant Breugnot ont donc cherché à rompre en procédant eux-mêmes à la distribution, ce lundi matin au sein de la résidence l’Âge d’or qui a perdu deux de ses pensionnaires à cause du Covid-19 malgré toutes les précautions mises en place. « Je suis contente que vous soyez passés, lance Geneviève au maire et à l’officier. J’avais déjà un masque que j’ai fabriqué moi-même. Il n’a pas de filtre mais à chaque fois que je l’utilise, je mets un bout de papier essuie-tout dedans, que je jette quand je l’enlève. Ce confinement, je le vis plutôt bien. »
Ambiance nettement moins joviale quelques chambres plus loin, où l’état physique et moral de Suzanne inspire quelques inquiétudes aux visiteurs du jour. La résidente qui se sent fatiguée affiche un moral en berne. « Je ne bouge pas, je reste ici, si ça continue, je sens que je vais partir », souffle la vieille dame. La visite du maire et de l’officier de gendarmerie tourne presque à la consultation médicale. Et après avoir rassuré la retraitée, ils s’assureront auprès du personnel de la résidence qu’un suivi soit mis en place.
« Je n’ai pas mis un pied dehors depuis le 14 mars »
Le confinement se vit sans doute mieux à deux, et le couple qui reçoit ses deux kits affiche une bonne santé. « Pourquoi ne dîtes-vous rien à ceux qui sortent sans masque ? » demande l’homme au commandant Breugnot, qui lui rappelle qu’à ce jour, le port du masque n’est pas obligatoire. « De toute façon, moi, je n’ai pas mis un pied dehors depuis le 14 mars, même pas dans le couloir ! » lance l’épouse, qui voit dans ce strict confinement la principale raison de sa résistance au virus.
« C’est long depuis deux mois, moi qui avais l’habitude de me promener. Là, je vais juste en bas. C’est tout, explique Paulette. Mon fils me fait des courses, qu’il laisse à la porte. On est confiné, mais on mange quand même. Le masque et le gel me seront bien utiles. Je suis âgée, je veux bien partir mais pas avec cette cochonnerie de virus ! »Newsletter OiseChaque matin, l’actualité de votre département vue par Le ParisienJe M’inscrisVotre adresse mail est collectée par Le Parisien pour vous permettre de recevoir nos actualités et offres commerciales. En savoir plus
C’est une production locale qui est proposée aux seniors avec ces kits, avec des masques fabriqués par l’atelier de bénévoles installé salle Claude-Monnet et du gel hydroalcoolique provenant de la société Stephid de Pont, qui a provisoirement remplacé son activité de sous-traitant pour les cosmétiques au profit de ce gel très recherché.
De prochaines distributions
Malgré tout, il reste encore quelques petits détails auxquels n’ont pas forcément pensé les services de la ville. « J’aurais du mal à le mettre seul ce masque, j’ai du mal à lever les bras », se plaint un résident de 89 ans. L’octogénaire aura de l’aide pour enfiler ce masque et peut-être un peu de compagnie, qui semble lui manquer plus que le reste. « Ma femme est décédée il y a 34 ans, je sais ce que c’est d’être seul, mais là, c’est dur. »
Un peu plus loin, une retraitée tend spontanément sa main au commandant Breugnot, qui la décline poliment en lui faisant gentiment un nouveau rappel des gestes barrière. Il a parfois été compliqué de faire comprendre la nécessité d’une distanciation sociale à celles et ceux qui recherchent souvent à rompre leur isolement.
Dans les jours à venir, la ville distribuera d’autres masques, d’abord à l’ensemble des foyers puis à chaque habitant de la ville lorsque les commandes seront arrivées.