Samedi 2 mars, un gendarme de 30 ans a été grièvement blessé à Hombleux (Somme), fauché par un chauffard qui roulait sous stupéfiants et sans permis de conduire. Ce drame a suscité une vive émotion. Il en rappelle un autre, qui a eu lieu à 7 kilomètres de là, à Ham, le 3 juillet 2017. Deux militaires avaient été blessés, percutés par une voiture. Si, pour l’heure, le chauffard d’Hombleux est mis en examen notamment pour violences avec arme sur personne dépositaire de l’autorité publique en récidive, le suspect impliqué dans les faits de Ham, lui, sera jugé en juin prochain devant la cour d’assises de la Somme.
Si ces deux affaires peuvent se ressembler parce que des gendarmes sont grièvement blessés dans les deux cas, et parce qu’ils ont été percutés par des voitures, les contextes sont différents. À Hombleux, les gendarmes procédaient à un contrôle routier. Le chauffard soutient qu’il n’a pas vu le militaire en tenue au milieu de la route, qu’il a cherché à l’éviter. Reste qu’il l’a percuté et qu’il a pris la fuite. À Ham, c’est une opération d’interpellations après une enquête judiciaire approfondie qui a mal tourné. Les gendarmes de la brigade territoriale de Ham et de la brigade de recherches de Péronne enquêtaient sur une longue série de cambriolages commis dans le secteur. Ils avaient repéré le véhicule Volvo (volé) des suspects, ils avaient mis une balise de géolocalisation dessus pour pouvoir la suivre à distance.
Des cambrioleurs pistés
Ce jour-là, vers 17 heures, sur la place de l’esplanade de Ham, huit militaires sont mobilisés pour arrêter les deux suspects. Les gendarmes sont en civil, encagoulés, mais avec des protections et des équipements d’identification « gendarmerie » sur leur tenue, selon l’accusation. Dans leurs voitures banalisées, ils suivent la Volvo volée. Le signal d’interpellation est donné. Le suspect passager, qui était descendu du véhicule, est immédiatement arrêté. Le conducteur de la Volvo, lui, enclenche une violente marche arrière. Un militaire, officier, qui essayait d’ouvrir la portière, est traîné sur plusieurs dizaines de mètres. La Volvo percute des voitures et un arbre.
Son conducteur enclenche ensuite une marche avant, il écrase le gendarme tombé au sol. Les autres militaires font alors usage de leurs armes pour stopper le fuyard. Teddy Yung, 38 ans, essaie de prendre la fuite en courant. Il sera finalement interpellé en contrebas du château de Ham, alors qu’il essayait de se cacher derrière un cabanon. L’officier a été grièvement blessé et une militaire a également été touchée.
Il encourt 15 ans de réclusion criminelle
Pour la série de cambriolages, le Hamois, qui avait déjà été condamné à 9 reprises, a été condamné en juin 2018 à 18 mois de prison ferme, et son complice à un an ferme. Au cours de son prochain procès, qui se déroule du 14 au 19 juin devant la cour d’assises de la Somme, Teddy Yung risque beaucoup plus gros : il encourt une peine de 15 ans de réclusion criminelle.
Le juge d’instruction a décidé de le renvoyer en justice pour violences volontaires avec arme, même si le suspect avait été mis en examen initialement pour tentative d’homicide. Il a estimé en effet que « l’intention de tuer ne peut se déduire clairement du comportement » du Samarien. C’est ce que clame le suspect depuis le début de l’affaire. Il va même plus loin en disant ignorer qu’il avait affaire à des gendarmes. C’est ce qu’a défendu son avocat, Me Paul-Henri Delarue au cours de l’instruction, et ce qu’il soutiendra sûrement lors des débats.