À bord de l’une des quatre voitures radars fatales de la gendarmerie
Sécurité routière
Discret, sous la plaque d’immatriculation de la voiture, ce petit rectangle est le cauchemar des automobilistes. Ceux qui ont tendance à appuyer un peu trop fort sur l’accélérateur ne s’en sont pas rendu compte mais, dans quelques jours, ils recevront par courrier la douloureuse. Ils se sont fait flasher par une voiture en mouvement, un véhicule banalisé perdu dans le flot de circulation.
Il est 16 h 45, la voiture file à 90 km/h sur le périphérique toulousain à partir de Croix-Daurade, direction l’autoroute d’Albi.
«Nous avons ce nouveau véhicule banalisé depuis environ un mois, décrit le commandant. Il nous permet de contrôler les automobilistes dans les deux sens de circulation. Nous mesurons la vitesse de ceux que nous croisons et ceux qui nous dépassent.»
16 h 55, sortie sur la départementale en direction de Castelmaurou et Gragnague. Dans la ligne droite, la tablette affiche une photo très nette à pas moins de 14 millions de pixels. «Le véhicule que nous venons de croiser roule à 102 km/h au lieu de 90.»
De jour comme de nuit, le puissant radar peut lire les plaques d’immatriculation. Sur la D 112, les photos défilent. 105 km/h contre 90 autorisés ; 114 km/h…
«Une fois, nous avons été doublés sur une ligne continue», se souvient l’adjudant.
Un peu plus de 17 heures. Le village de Beaupuy. Une belle ligne droite limitée à 50 km/h. Tentant. Une moto file en direction des gendarmes. Les 99 km/h au lieu de 50 s’affichent sur la tablette. «Il n’y a pas de plaque avant sur les motos», regrettent les militaires. Celui-ci s’en sortira sans verbalisation.
Montrabé. Un air de déjà-vu pour l’adjudant. Un motard franchi la ligne blanche et double la voiture banalisée des gendarmes. Gyrophare, deux tons, le conducteur du deux-roues s’arrête sur le bas-côté.
La conversation s’engage. Pédagogue, le commandant Morvan explique. Le jeune homme s’étonne. «Je ne savais pas qu’on ne pouvait pas doubler à moto.» «Les chocs frontaux arrivent comme cela», prévient l’officier qui, dans sa carrière, a dû prévenir nombre de familles de la perte d’un proche sur la route.
Le jeune motard s’en veut. «Mon chef m’a demandé si j’y allais ou pas. J’ai dit oui, je n’aurais pas dû…» «Surtout, vous n’auriez pas dû franchir la ligne blanche», corrige le gendarme.
À l’heure des comptes, le motard, qui n’a pas bien réalisé la gravité de l’infraction, va tomber de haut. «C’est 90 € et quatre points». «Alors je n’ai plus de permis. Il me reste quatre points je crois. Vous pouvez vérifier.» Affirmatif.
Le ton change. Le motard jette son casque et sa veste dans l’herbe. Il s’emporte. «Vous avez fait un chômeur de plus !» «C’est moins grave qu’un mort de plus», réplique calmement l’officier.
«Mettez-moi 10 amendes !» tente le contrevenant. Les militaires restent inflexibles. Ils en ont trop vu dans leur carrière.
Au total l’EDSR de Haute-Garonne compte quatre voitures radars banalisées dont une Renault Mégane. Les marques des autres resteront un secret bien gardé jusqu’à ce que les réseaux sociaux se chargent de les dévoiler. Leur marge technique est la même que celle des autres radars. «Il faut une différence de 20 km/h entre nous et le contrôlé», expliquent-ils. «L’intérêt est principalement sur le réseau secondaire où nous prenons dans les deux sens de circulation. C’est d’ailleurs là qu’il y a le plus d’accidents.»