Coup de filet dans les cités
La compagnie de gendarmerie de Louviers a investi les cités de Gaillon et Aubevoye lundi il y a 15 jours à 6 heures. Une quinzaine de personnes a été interpellée.
Cinq heures du matin à la brigade de Louviers. L’effervescence règne à la faveur d’un petit matin assez frisquet. Plus d’une centaine de militaires sont présents pour une opération commando dans les cités de Gaillon et Aubevoye. Une quinzaine d’interpellations sont prévues, des objectifs coordonnés. Le convoi est impressionnant. Les véhicules de la gendarmerie se suivent sans se quitter pour arriver ensemble à Gaillon par la route départementale. Chaque chef de patrouille connaît son objectif. Action.
Le temps d’enfiler les casques et de fermer l’uniforme et déjà les militaires investissent par petits groupes les cages d’escalier où les dealers potentiels habitent. Les délinquants sont parfaitement identifiés, le groupement travaille sur cette affaire depuis plus d’un an. Les arrestations en série qui vont suivre sont la première grosse opération commando réalisée sur la Zone de sécurité prioritaire (ZSP) en place depuis un an déjà. Un anniversaire en quelque sorte, histoire de frapper fort et de marquer les esprits.
Quinze cibles
Les gendarmes ne s’attendent pas à trouver de grosses quantités de drogue. Mais l’enquête a établi un trafic sur le long terme, à partir de La Verte Bonne. Au fil des mois, des ramifications ont été constatées dans l’autre cité de la ville, Les Jardins de Bas, mais aussi à Aubevoye, dans les petits collectifs situés à proximité de La Poste. Pour les quinze cibles de la gendarmerie, une même méthode. Une arrivée discrète, puis une entrée en force dans les appartements. L’effet de surprise doit jouer à fond, au moins pour empêcher les trafiquants de se débarrasser de leur marchandise. Les gendarmes sont sur un trafic de cannabis, mais n’excluent pas de trouver un peu de drogue dure, type cocaïne. Ce sera le cas.
Deux chiens cherchent les stupéfiants
Chaque commando mène son opération avec efficacité. À 7 heures, un premier bilan positif est établi. Tous les trafiquants présumés ont été interpellés et des interrogatoires ont déjà eu lieu à domicile. Certains trafiquants présumés ont déjà été emmenés à la brigade de Louviers ou à celle de Pont-de-l’Arche. Certains doivent rester sur place le temps des perquisitions.
Deux chiens spécialement dressés pour la recherche de stupéfiants sont là. Il faut procéder à la fouille méthodique de tous les appartements, mais aussi des cages d’escalier, voire des pelouses et des buissons.
Mains menottées
À l’extérieur des immeubles, seule la présence discrète de quelques hommes en tenue signale qu’une opération est en cours. La brume a fait son apparition, le jour va bientôt se lever.
Dans les cages d’escalier, dans les caves, certains trafiquants, encadrés par des gendarmes, se montrent nerveux. La situation est risquée et même si la cité est encore endormie, un incident n’est pas à exclure. Un car de CRS est prévu au cas où… Il viendra dans l’après-midi se positionner.
Une vigilance de tous les instants s’impose aux forces de l’ordre, notamment lorsqu’il s’agit d’embarquer les malfaiteurs. Visage caché sous un blouson, mains menottées, ils sont conduits dans les voitures banalisées qui stationnent au pied des immeubles. Il est neuf heures passées lorsque les derniers délinquants sont transférés à la gendarmerie. Les forces de l’ordre repartent aussi discrètement qu’ils sont arrivés.
Un bilan mitigé
L’enquête a démarré il y a plus d’un an dans le quartier de La Verte Bonne. Elle a mis en évidence des ramifications dans les collectifs des Jardins de Bas et dans une moindre mesure dans ceux situés dans la rue principale d’Aubevoye, celle qui mène à la mairie.
Le tout est matérialisé par des photos, des témoignages de consommateurs et des relevés d’écoutes téléphoniques. Des transactions ont même effectivement été constatées. Des éléments suffisamment forts pour déclencher, sur ordre de Dominique Laurens, procureur de la République, le déploiement d’une action lundi 9 décembre. 40 grammes de cannabis et 6 grammes de cocaïne seulement ont été saisis. Les gendarmes estiment que 100 kg de drogue, en provenance des Pays-Bas, ont été écoulés en 2013.
Vendredi dernier, les quinze trafiquants présumés ont été placés sous contrôle judiciaire. Ils sont ressortis libres au terme de leur garde à vue et ont donc échappé à la comparution immédiate. Cinq dealers présumés passeront devant le tribunal correctionnel en février prochain. Les dix autres seront convoqués plus tard.