Escroquerie à la PrimRénov’ : la gendarmerie établit un bilan à 386 plaintes et 13 millions d’euros blanchis
Les gendarmes de la Section de recherches de Versailles (Yvelines) ont mis fin aux agissements d’escrocs spécialisés dans la PrimRénov’.
Publié le 7 déc. 2024 à 15h16
Des commerciaux sans foi ni loi. Un donneur d’ordre sans moral. Quatorze personnes ont été interpellées par les gendarmes de la Section de recherches de Versailles, dans le cadre d’une vaste escroquerie à la PrimRénov. Un premier état des lieux, en ce mois de décembre 2024, fait état de 386 plaintes un peu partout en France et de 13 millions d’euros blanchis.
L’affaire a débuté en décembre 2020 après l’ouverture d’une information judiciaire par le parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine – dép. 92) pour blanchiment commis en bande organisée, abus de biens sociaux et escroquerie, sur la base d’informations récoltées par la brigade de recherche et d’investigation financière. Dans le collimateur : 7 sociétés spécialisées dans les économies d’énergie avec 27 millions d’euros de crédit. Toutes appartiennent au même homme.
Huit commerciaux véreux
Un travail de fourmi est engagé par les gendarmes. Parmi les 386 plaignants, 78 permettent d’identifier huit commerciaux, sous le statut d’auto-entrepreneurs.
« Ils démarchaient dans toute l’Île-de-France, mais aussi en Champagne ou dans les Hauts-de-France. En porte à porte ou par téléphone, ils promettaient de sérieuses économies après travaux, essentiellement pour des chauffe-eaux ou des pompes à chaleur. »La gendarmerie
Le piège était grossier mais fonctionnait
Les malfrats visaient plus particulièrement les personnes âgées ou les jeunes couples. Et plus spécifiquement ceux qui vivaient dans des maisons énergivores.
Les commerciaux assuraient leurs cibles de l’attribution de la PrimRénov’ ou d’autres primes qu’ils inventaient puisqu’elles n’existent pas. Puis ils faisaient signer un contrat de travaux et de crédit. Sauf que l’argent du crédit était directement versé sur les comptes du donneur d’ordre. Et que les versements eux, partaient bien du portefeuille des victimes.
Rapidement, une véritable entreprise venait installer le matériel, empêchant tout délai de rétractation avant les travaux et par là même l’annulation du crédit. La Prim’Rénov promise n’arrivait jamais.
« Les dossiers n’étaient jamais montés ou transmis. Et bien évidemment, les commerciaux avaient tous disparu, ayant donné une fausse identité. Le piège était refermé. »La Section de recherches
Certains avaient pensé à vendre leur maison
Au total, ce sont donc plus de 13 millions qui ont été blanchis par les escrocs. Escrocs qui n’ont reconnu les faits que du bout des lèvres quand d’autres ont laissé entendre qu’ils n’avaient fait que leur travail.
« D’autres victimes pourraient se manifester. Malheureusement. Certains ont perdu beaucoup. » À tel point que des victimes ont pensé à vendre leur habitation pour s’en sortir.