Verdun Déjà condamnée, elle réitère ses injures et menace de mort la même gendarme trois semaines plus tard
Le 13 juillet dernier, une audience avait déjà opposé une trentenaire à une gendarme en poste dans le nord meusien. Si elle avait été condamnée à six mois de sursis probatoire, la prévenue a recommencé à s’en prendre à la militaire dès la fin juillet. Le tribunal a été plus sévère cette fois.
Par J-B.M – 05 août 2022 à 20:00 | mis à jour le 06 août 2022 à 07:13
Zoé* était absente à son audience le 13 juillet dernier au tribunal de Verdun. Elle est présente cette fois-ci, ce 4 août dans le cadre d’une comparution immédiate, suite à 48 heures de garde à vue. La victime, une gendarme en poste dans une caserne du Nord meusien, était déjà là, marquée lors de l’audience. C’est avec une émotion plus vive encore qu’elle fait face ce jeudi à celle qui l’avait déjà invectivée, injuriée et menacée.
Neuf jours d’ITT
Depuis l’interpellation de son conjoint par la gendarme en 2021, Zoé semble « personnifier sa colère » contre elle. Alors qu’elle apprend par le compte rendu d’audience, publié dans la version papier de l’édition de Meuse de l’Est Républicain du 27 juillet dernier, sa condamnation et ce qui a été dit durant l’audience, elle « récidive » sans que le qualificatif ne puisse être juridiquement retenu étant donné que Zoé a toujours la possibilité de faire appel de la première condamnation.
C’est à travers Facebook, le 30 juillet et en trois heures de temps, par un message avec une menace de mort explicite, une demande en ami et une notification, que Zoé s’en prendra de nouveau à la militaire. Le dernier message, une republication d’un post de la gendarme en hommage à sa sœur tragiquement décédé, fera dire à la victime lors de l’audience : « Heureusement que j’étais assise ». Les yeux mouillés, elle narre sa peur, partageant une immense crainte : « Quelqu’un qui partage ça, on ne sait pas jusqu’où il peut aller ». Une expertise médico-légale prononcera 9 jours d’ITT à son égard.
« Une chochotte »
Prostrée durant toute l’audience, Zoé reste mutique à la barre. Elle reconnaît tantôt les faits, s’excuse, évoque une consommation déraisonnable d’alcool le soir des faits, mais se mure dans le silence lorsque les questions de la présidente ou du substitut du procureur deviennent plus intimes. « Ce n’est pas la gendarme que vous avez voulu atteindre, mais la femme », tonne ce dernier. Le prétexte de l’alcoolisation, il n’y croit pas : « Vous avez cherché son nom 23 fois entre le 30 juillet et le 1er août sur Facebook », rapporte-t-il. Et lorsque la présidente tente de comprendre ses actes en la questionnant, elle obtient sempiternellement la même réponse : « Je garde le silence ».
Les remords, elle ne semble pas les avoir manifestés durant sa garde à vue. Zoé aurait qualifié la militaire de « chochotte », ajoutant : « Un jour, on va se retrouver, mais elle sera dix mètres sous terre ». Le conseil de la gendarme dénonce des propos inacceptables, « attaquant ma cliente dans sa vie privée après l’avoir attaquée en tant que gendarme. »
Mandat de dépôt
Le substitut le rejoint en évoquant cette intention de s’accaparer la douleur intime de la victime, « au-delà de l’uniforme, on a touché la femme ! » Il évoque une « haine ressassée depuis un an », une volonté de « vengeance depuis la première audience » et requiert principalement douze mois de prison dont huit ferme, assortis d’un mandat de dépôt. Mais pour l’avocat de Zoé, le principe du « non bis in idem » doit s’appliquer. Sa cliente ne peut être doublement condamnée pour des faits identiques et la matérialité du harcèlement n’est pas démontrée. « On a le harcèlement le plus rapide du monde », rappelant ces trois seules prises de contact en trois heures de temps. Si les faits sont moralement douteux, il plaide une relaxe pour ces faits et plaide pour une peine probatoire concernant la prévention de menace de mort.
Il ne sera pas entendu et Zoé sera condamnée à huit mois de prison dont deux mois ferme assortis d’un mandat de dépôt. Le sursis probatoire de deux ans est assorti d’une obligation de soin, d’une interdiction de paraître au domicile de la militaire et d’entrer en contact avec elle. Elle devra lui verser 800 € au titre du préjudice moral.
*Le prénom a été modifié