Val-d’Oise. Bagui Traoré et trois autres accusés jugés pour les tirs sur les gendarmes et les policiers lors des émeutes de Beaumont-sur-Oise
Accusé de tentative de meurtre sur des forces de l’ordre à la suite de la mort de son frère, en juillet 2016, le jeune homme doit être jugé devant la cour d’assises de Pontoise.
Par Thomas HoffmannPublié le 20 Juin 21 à 21:24 La Gazette du Val d’OiseMon actuSuivre
Cinq ans après les émeutes qui ont frappé le quartier de Boyenval, à Beaumont-sur-Oise, à la suite du décès d’Adama Traoré le 19 juillet 2016, quatre accusés, âgés de 30 à 40 ans, dont Bagui Traoré, comparaissent à partir de lundi 21 juin 2021 et jusqu’au 9 juillet, devant la cour d’assises du Val-d’Oise pour tentatives de meurtre sur les gendarmes et les policiers, des faits commis en bande organisée et en récidive.
Un cinquième accusé, la compagne de Bagui Traoré, 28 ans, comparaît également pour complicité de tentatives de meurtre en bande organisée, étant accusée d’avoir participé à l’organisation des tirs.
Des faits survenus au cours des cinq nuits de violences avec les forces de l’ordre. Selon le parquet de Pontoise, une soixantaine de coups de feu avaient été tirés au fusil de chasse de calibre 12. Les enquêteurs avaient également récupéré sur place des douilles de calibre 7.65 ou 22 long rifle et saisi une des armes probablement utilisée, dans une cache dans le quartier de Boyenval, avec ses cartouches.
Si 59 policiers et gendarmes avaient été directement touchés par les tirs, seuls six ont été légèrement blessés et se sont vus attribuer une incapacité d’un ou deux jours.
Initialement mis en examen pour « tentatives d’assassinat et dégradation par moyens dangereux », Bagui Traoré, 30 ans, avait finalement été renvoyé devant le tribunal correctionnel pour des faits de violences volontaires. Le parquet de Pontoise avait alors fait appel de cette décision, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Versailles (Yvelines) allant dans le sens du ministère public.
« On n’a aucun doute sur le fait que l’innocence de Bagui Traoré sera reconnue par la cour d’assises. Il n’y a aucun élément permettant de conforter l’accusation. Nous avons extrêmement hâte de nous défendre », déclarait à l’Afp son avocat, Florian Lastelle.
« Acharnement judicaire »
Condamné à huit mois de prison ferme en décembre 2016 pour outrages et violences à l’égard de policiers municipaux et de gendarmes en marge d’un conseil municipal de Beaumont-sur-Oise, Bagui Traoré a toujours contesté son implication dans les tirs. Sa famille dénonce depuis des années un « acharnement judiciaire » en raison de son combat pour faire la lumière sur la mort d’Adama, érigé en symbole des violences policières.
Le jeune homme de 24 ans est décédé dans la caserne de Persan près de deux heures après son arrestation à Beaumont-sur-Oise, au terme d’une course-poursuite avec les gendarmes, un jour de canicule. Il tentait alors d’échapper aux forces de l’ordre lors d’une opération qui visait son frère Bagui, soupçonné d’extorsion de fonds. Depuis cinq ans, des juges d’instruction tentent de déterminer les causes de ce décès, s’appuyant sur des expertises médicales dont les conclusions divergent sur la responsabilité des gendarmes, pas mis en examen à ce stade.
Pour ce procès aux assises, près de 90 personnes se sont constituées parties civiles, principalement des gendarmes. Un procès sous tension qui se déroulera sous haute surveillance des forces de l’ordre.