Normandie. Une caserne de gendarmerie visée par des tirs de mortier
La caserne des gendarmes de Flers (Orne) a été la cible de tirs de mortier, dans la soirée du vendredi 28 mai 2021. Un petit groupe d’individus a ensuite incendié neuf véhicules, nécessitant l’intervention d’une soixantaine de pompiers et de forces de l’ordre.
Vendredi 28 mai 2021 vers 23 h, des tirs de mortier d’artifice ont visé la caserne de gendarmerie de Flers, ville de 15 000 habitants, dans l’Orne. Avant de toucher les bureaux, les projectiles ont frappé les volets du bâtiment où logent les familles des militaires. « Elles étaient terrorisées et choquées », témoigne un gendarme.
Les malfrats ont pris la fuite, semant la désolation sur leur passage, incendiant des voitures, une tractopelle et un fourgon utilitaire. Neuf véhicules ont été réduits en cendres à Flers et dans la commune voisine de La Selle-la-Forge.
Les pompiers bloqués
Ce groupe d’une dizaine de personnes a ensuite bloqué l’accès au quartier avec des barres de fer, demandant aux pompiers de « faire demi-tour ». L’un des véhicules a été touché, sans faire de blessé, mais les pompiers ont dû attendre l’arrivée des forces de l’ordre pendant une heure avant de pouvoir intervenir.
Car, de leur côté, les deux policiers venus sur les lieux ont, eux aussi, été contraints de rebrousser chemin en attendant du renfort. « L’attente nécessaire pour ces renforts a joué en faveur des émeutiers », déplore Michaël Métairie, secrétaire départemental du syndicat SGP Police-Force Ouvrière, qui dénonce « le manque de moyens alloués à la police de l’Orne ». Au final, une trentaine de gendarmes et de policiers ont été déployés sur le terrain, jusqu’à 4 h du matin. « C’était un groupe de six à dix personnes, très mobile, qui n’est jamais venu au contact des forces de l’ordre », souligne-t-on à la préfecture.
Interpellés et relâchés
Trois hommes ont été interpellés au milieu de la nuit. « L’enquête du commissariat de police de Flers pour « dégradation par moyen dangereux » va essayer de déterminer leur éventuelle implication », indique le parquet d’Argentan. Mais faute d’éléments probants, ces trois jeunes majeurs ont été relâchés samedi sans garde à vue.
Reste à savoir ce qui a déclenché cette flambée de violence. Quelques heures auparavant, un Flérien impliqué dans un trafic de stupéfiants avait été incarcéré. Faut-il y voir un lien de cause à effet ?
Réaction après une incarcération ?
« Sans que ce soit prouvé, on peut quand même penser qu’il y a un rapport, estime Lori Helloco, premier adjoint de Flers, lui aussi sur le terrain pendant la nuit. L’histoire récente des violences urbaines à Flers montre qu’il y a souvent eu du grabuge à la suite d’une incarcération d’un dealer ou d’un fauteur de troubles… » En 2015, des cocktails molotov avaient été lancés sur la maison du maire et le commissariat et en 2017, quatorze voitures avaient été incendiées en une nuit.
Le parquet d’Argentan reste prudent. « C’est une hypothèse plausible, mais sans aucune certitude de lien direct. »