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Notes de lecture : « Vignes sanglantes » d’Alain Gence et Bernard Legrand
Jules Bernard nous offre une nouvelle « notes de lecture ». Cette semaine, c’est « vignes sanglantes » d’Alain Gence et Bernard Legrand qui passe sur le grill. Un polar écrit par deux flics d’envergure dont l’un est réunionnais.
Par Jules Bénard – Publié le Samedi 15 Mai 2021 à 09:10
Vous connaissez au moins l’un de ces deux anciens policiers, le commissaire Alain Gence, notre compatriote. Longtemps affecté à la direction de la Police nationale à Saint-Pierre, Alain Gence a été chargé, par la suite, de créer un vrai service de Police nationale à Mayotte. Il y est arrivé en trois ans. Son co-auteur, Gérard Legrand, commissaire depuis 1979, a dirigé plusieurs services de police et a terminé sa carrière en qualité de commissaire divisionnaire.
Autant dire que ces deux-là, ayant décidé d’écrire à quatre mains, savent de quoi ils parlent.
Pour ce premier roman, ils ont décidé de mettre en lumière leurs collègues enquêteurs de la Gendarmerie nationale. Hommage retentissant et mérité.
Dans un petit village de Bourgogne, on découvre le corps sans vie à moitié dénudé d’une gamine de 16 ans ; elle a été affreusement mutilée, porte des traces de coups de poings ou de pieds, mais surtout d’affreuses blessures à l’arme blanche. Le viol est évident et, dans cette bourgade reculée, où il ne se passe jamais rien de plus grave que des excès de vitesse ou des braconnages, la gendarmerie se retrouve face aux non-dits, aux silences troublants, aux regards torves et aux refus de coopérer évidents.
Pour corser le tout, un vieux sous-officier de gendarmerie est retrouvé mort, poignardé. Et je ne vous en dirai pas plus sur les faits eux-mêmes pour vous laisser le plaisir de découvrir.
Ce premier roman peut (au premier abord seulement) paraître linéaire. Les auteurs nous épargnent ces longs flashes-back qui servent trop souvent « d’effets de mise en scène » à nombre de leurs confrères écrivains. Cette conduite en droite ligne vient peut-être de leur cartésianisme d’enquêteurs chevronnés ; leurs deux carrières, sans le moindre accroc, sans le plus petit coup d’congne, les auraient plutôt entrainés à déjouer les parcours trop sinueux et les conduites en travers.
Le fait est que les auteurs parviennent à garder notre intérêt intact tout au long de ces pages : la tension est permanente.
Un détail qui change par rapport au genre polar habituel, les dernières pages sont une conclusion en forme d’espoir, avec des lignes très romantiques. J’aime. Vous aimerez aussi.
Jules Bénard
« Vignes sanglantes »
Gence/Legrand, Vérone éditions
En librairie