Fin de la traque dans les Cévennes : comment les gendarmes ont poussé le fugitif à se rendre
REPORTAGE – La cavale de Valentin Marcone a pris fin ce vendredi 14 mai. Interpellé sans opposer de résistance après s’être rendu, il a été placé en garde à vue. Retour sur quatre jours d’une traque monumentale.
Léa LUCAS avec TF1 – Publié hier à 22h08, mis à jour hier à 22h20
Fin de la traque pour les gendarmes. Le fugitif Valentin Marcone s’est rendu sans opposer de résistance ce vendredi 14 mai au terme d’une chasse à l’homme de plus de trois jours dans les Cévennes. La cavale du suspect du double meurtre perpétré aux Plantiers avait débuté mardi matin, juste après les faits dont il est accusé.
Plus de 200 gendarmes se sont alors mis à ses trousses pour tenter de l’attraper dans le vaste massif des Cévennes. Mais comment s’y sont-ils pris pour mettre fin à cette course-poursuite d’une nature inédite ?
TOUTE L’INFO SURTRAQUE DANS LES CÉVENNES : LE FUGITIF S’EST RENDU
Alors que la population des Plantiers était cloîtrée par mesure de sécurité depuis mardi, sept hélicoptères se sont déployés au-dessus d’une zone quadrillée – à l’aide de drones – autour du village. Les forces aériennes de gendarmerie étaient à ce moment-là persuadées de retrouver le fugitif dans une grotte, un abri, voire l’une des maisons parsemées dans cette zone boisée.
« Tout se planifie avant »
Cette technique dans les airs est une « manœuvre complexe » mais indispensable pour resserrer l’étau autour du fugitif. L’intérêt, explique Guillaume, chef d’escadron, est de « se porter dans des zones inaccessibles ». Concrètement, « un hélicoptère procède à la dépose des personnels et un deuxième est en appui pour couvrir un champ un peu plus large afin de voir s’il y a des mouvements autour de la zone de dépose », poursuit-il au micro de TF1.
Car pendant plusieurs secondes, les gendarmes se retrouvent potentiellement à porter de tir. « C’est un travail complémentaire entre les deux machines. Le nombre à l’intérieur est variable en fonction du type de machines, de la distance à parcourir et de l’équipement qu’on possède. Cela peut aller de cinq à dix personnes, voire douze. Tout se planifie avant l’opération. »
L’autre intérêt de cette opération est « d’optimiser au maximum le temps, de ne pas perdre une minute, précise le militaire. « Lorsqu’on obtient un renseignement, on ne se permet pas de perdre la richesse de ce renseignement, on s’engage tout de suite. »
Et pour cela, les gendarmes ciblent la zone avant d’intervenir. « On ne travaille pas à l’aveugle. On identifie d’abord des points d’intérêt, des points de passages intéressants, cela fait l’objet d’un travail de renseignement que nous ne pouvons pas dévoiler, mais qui permet d’avoir un dispositif déjà bouclé avant de faire des coups de sonde à l’intérieur. »
Si l’endroit est escarpé « sauter avec un chien pisteur peut également s’avérer utile » afin d’identifier plus rapidement d’éventuelles zones de fuite, comme des sentiers, emprunté par l’homme recherché.
Mobilisés de jour comme de nuit
Rarement une opération du GIGN n’avait nécessité de mobiliser autant de moyens technologiques et humains. « Mais à situation exceptionnelle, moyens exceptionnels », lance Bruno Pomart, ancien instructeur au Raid. « Les gendarmes ont mis en œuvre tout ce qu’il fallait » pour venir à bout de cette cavale. « En quatre jours, les effectifs n’ont cessé d’évoluer : de 200 on est passé à 250 puis à 350. Les gendarmes ont été capables de tourner 24 heures sur 24 sur le site. »
Car même de retour à la base pendant la nuit, les gendarmes restaient sur le qui-vive. « On a également du travail pendant la nuit », affirmait encore ce vendredi après-midi le militaire Guillaume. « Mais on a les moyens techniques de le faire » grâce notamment à « la caméra thermique embarquée qui nous permet d’aller faire des vérifications sur un renseignement de nuit ».
EN VIDÉO
Traque dans les Cévennes : les derniers instants de cavale du fugitif
Une traque sans relâche qui, en ne laissant aucun répit au tireur présumé, a fini par payer, moins de quatre jours après le double assassinat. Pour rappel, le fugitif Valentin Marcone, salarié d’une scierie aux Plantiers, est accusé d’avoir abattu son patron ainsi qu’un autre employé ce mardi 11 mai peu après 8h.
Âgé de 29 ans, père de famille et licencié dans un club de tir, l’homme est retourné chez lui après la fusillade pour prendre des munitions avant de disparaître dans la nature. Il n’était pas connu pour des violences, mais avait un comportement inquiétant, de type paranoïaque, depuis quelque temps.